2. Essai Ducati Monster 797 2017 : Un multiple de Monster

Forcément, avec un essais sur le sec de 20 kilomètres tout au plus, dont 15 en agglomération... nos observations sont à confirmer. Pour autant, cette Monster 797 signe bel et bien un retour aux sources. Quiconque a aimé les moteurs d'avant 2008 et la 821, ou encore celui de la Scrambler, sera séduit. Le Desmodue est vivant, et il le fait savoir. Plus souple que par le passé, certes, il conserve ses bons coups de piston et ce côté mécanique qui vous « secoue » autant qu'il vous séduit. Il vous raconte quelque chose. S'il faut insister un peu sur le démarreur, se demander s'il va vraiment bien partir, l'entendre craquer de sa mélodie rauque est déjà un plaisir. Les premiers tours de roue confirment la légèreté de la moto (182 kg annoncés à sec). Ils mettent en avant une extrême vivacité du train directeur, ainsi qu'une grande stabilité de la moto en ligne. Une moto demandant finalement un certain contrôle. Presque paradoxal pour une moto « accessible ». Le moteur l'est, oui, la partie cycle demandera un temps d'adaptation et offrira une grande marge de progression.

Le premier demi tour fera aussi ressortir autre chose : 28° d'angle de braquage, c'est peu. Très peu. Trop peu. Le prix à payer pour disposer d'un joli guidon plat. Les amateurs de remonte file vont devoir bien choisir leur ligne !! En ville, justement, la Monster 797 est très agréable. De par son maniement intuitif et sa légèreté, le punch moteur ressort. Un plus, même si la souplesse manque à l'appel de certains régimes. Les trois derniers rapports de boîte y sont presque à proscrire, surtout bas dans les tours. La protestation est là, mais le moteur repart quand même. Relative souplesse donc. Sur route, on atteint vite le régime maximal, la boîte craque toujours un peu et verrouille correctement. On s'amuse de découvrir un visage bien plus enjoué.

L'amortissement apparaît ferme et les pneumatiques sportives confortables. La carcasse des Pirelli Diablo Rosso 2 compense partiellement un amortissement prompt à dire qu'il est « sportif ». Profitant d'un excellent grip et du peu de temps qu'il nous reste avant la tombée de la nuit, nous n'hésitons pas à attaquer avec modération. D'une part, les repose pieds racing peuvent venir frotter même si la garde au sol est plus que sympathique. D'autre part, parce que la Monster 797 tolère plusieurs styles de pilotage. Déhancher ? Pourquoi pas, si l'on accepte d'avoir le pied droit sur l'échappement lors des virages à gauche et... le pot très près du bitume lors des virages à droite. Attention aux compressions, et aux excès de confiance.

La stabilité est au rendez vous, même si l'avant reste « fébrilement léger ». Que se passe-t-il si l'on décide de dominer la moto et de verrouiller la direction ? En optant pour un style plus académique, moins mobile en selle, il faudra parfois casser les coudes et « s'enrouler » autour du guidon large. En avançant le buste, on sentira la moto plonger en deux temps dans son virage, engageant de manière plus sensible. L'avant guide l'arrière, et ça se ressent ! En rythme tranquille, rien à redire, la nouveauté Ducati trace sa route sans ambages et sans impressionner. Le freinage est on ne peut plus rassurant, et l'ABS se déclenche tard. Il et laisse longuement le contrôle, y compris à l'arrière. Un très bon point. A noter la curiosité concernant la garde/l'écartement du levier de frein avant. Pourtant réglable, elle est déjà très importante dans sa position la plus rapprochée, pour rendre le levier inaccessible dans la position la plus écartée. Étrange...

Comme nous nous en doutions, sur route, le moteur n'en finit pas de surprendre et de séduire. Ayant apprécié celui de la Scrambler, le ressenti est ici totalement différent dans une parti cycle bien plus joueuse. Le roulage sous la pluie ne fera que confirmer son bon caractère. Le couple est immédiatement présent et la montée dans les tours très linéaire. Un palier à 3000 tr/min stresse légèrement la roue arrière, mais la puissance raisonnable et le bon grip permettent de contenir cet élan. Idem un peu plus haut, vers les 7 000 tr/min lorsque le moteur se réveille gaillardement dans un râle d'échappement. Il est cependant rapidement coupé dans son élan par une rupture précoce. Et dans la vie, une rupture au réveil, c'est toujours frustrant ! Rouler en 3 ou 4 est une formalité pour évoluer aux alentours de 50 km/h, mais ne comptez pas trop user la deuxième moitié de la boîte en ville : le sous régime guette, malgré une bonne souplesse.

Pour autant, ce choix mécanique nous est apparu des plus pertinent, surtout au vu des ambitions de la Monster 797. Présentée comme la porte d'accès au monde Ducati, cette moto voulue « accessible » financièrement (-gloups-), physiquement et au niveau conduite (re-gloups-), se destine au plus grand nombre. Les débutants en A2 pourront commander une version neuve bridée en sortie d'usine, mais très difficilement débridable par la suite. Le coût prohibitif de l'opération devrait dissuader d'effectuer l'opération. A moins que Ducati ne trouve d'ici là une solution commerciale.