Fin du bonus écologique, coup dur pour le verdissement des flottes
La fin brutale du bonus écologique pose quelques interrogations sur la cohérence des politiques concernant le verdissement des parcs d’entreprises et interroge les acteurs de la filière automobile.
Jusqu’alors les sociétés qui achetaient ou louaient des voitures particulières électriques de moins de 47 000 € pouvaient bénéficier d’une prime gouvernementale de 3 000 €. Depuis hier, c’est zéro. Toute société, quelle que soit sa taille, ne peut plus bénéficier du bonus écologique. Seuls les utilitaires électriques achetés conservent une aide du gouvernement de 2 000 €. Il faut dire que 95 % du parc roulant VUL carbure encore au diesel et que l’incitation à passer au « vert » s’avère plus que nécessaire. Il n’empêche. La suppression du bonus écologique pour les entreprises sonne comme un mauvais signal, en contradiction avec les objectifs de verdissement des parcs souhaités par le gouvernement.
Obligation de verdir les parcs
La loi orientation et mobilité (LOM) oblige les entreprises ayant une flotte de plus de 100 véhicules à verdir leur parc. Elle leur impose des quotas (20 % en 2024 et 40 % en 2026) de véhicules à faibles émissions dans le renouvellement de leur flotte. Pour Marie Chéron, responsable des politiques véhicules au sein de l’ONG Transport & Environnement l’arrête du bonus à la société s’apparente à « un stop & go » regrettable. Et de pointer « une mesure non anticipée, discriminatoire pour les entreprises qui ont besoin d’une politique pluriannuelle et d’une programmation claire ». Cette décision apparaît d’autant plus incompréhensible qu’un récent projet de loi déposé par le député Damien Adam prévoit de « rehausser les ambitions de verdissement des flottes automobiles » avec l’accélération de la part de véhicules à très faibles émissions (50 g CO2/km) pour les parcs de plus de 100 véhicules. Avec, en vue, une amende qui peut atteindre un montant maximal de 1 % du chiffre d’affaires réalisé par l’entreprise responsable de ne pas atteindre ses obligations fixées lors du renouvellement annuel de son parc de véhicules. Ce qui fait dire à un gestionnaire de PME, qu’après « la suppression de la carotte, il reste le bâton ». Lors des rencontres Flotauto le 8 février dernier, Régis Masera, Directeur du consulting et de l’ARVAL Mobility Observatory, posait le problème du passage « de l’intention à l’effet de volume (…) et du décalage entre la vision politique des choses et le rythme qui doit rester acceptable » pour les entreprises au risque d’une « décorrélation » entre les objectifs et la réalité. Laurent Petit, chef du département marketing & business développement chez Alphabet « précise que la conduite du changement, c’est cher et coûteux. Il faut investir beaucoup d’argent et d’énergie notamment pour faire évoluer les mentalités ». Et de pointer fin janvier ô combien le bonus écologique « est une chance, une opportunité pour les entreprises ». Avec la suppression du bonus entreprise, l’électrification des parcs risque de fortement se faire via des véhicules hybrides rechargeables, dont le coût et l’utilisation se rapprochent des modèles thermiques.
L’électrification du marché global impacté
Mobilians (organisation patronale de défense des entreprises de services et distribution de l’automobile) ne cache pas son irritation. « Il est à regretter la suppression totale du bonus aux entreprises, alors que 45 % des véhicules sont à l’heure actuelle achetés par les entreprises, ce qui permet une accélération du marché du véhicule d’occasion électrique, encore aujourd’hui balbutiant ». Et de rappeler que « les loueurs courte et longue durée contribuent à 35 % des immatriculations des véhicules neufs en France et représentent les premiers fournisseurs de véhicules d’occasion, permettant d’alimenter les réseaux de distribution en véhicules récents, respectueux des dernières normes environnementales ». « Conforté dans sa stratégie » de ne pas avoir misé uniquement sur les VE, mais également sur l’hybride rechargeable (15 % des véhicules parc électrifié toutes marques confondues) Toyota avoue être « faiblement impacté ». Pas sûr que les distributeurs qui subissent de concert la fin du leasing électrique et la suppression du bonus écologique entreprise partagent le même ressenti.
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