Gestion de flottes : « nous sommes à la préhistoire de l’IA »
Daniel Vassallucci, CEO d’Automotive Optimum, nous détaille le rôle et l’influence croissante de l’intelligence artificielle dans la prise de décision des gestionnaires de parcs.
Pourquoi les gestionnaires de parcs utilisent-ils de plus en plus l’IA dans leur car policy ?
" Notre métier, est comme pour un iceberg, il y a deux parties. Une émergée et une immergée. La partie émergée, c’est la partie applicative, les logiciels mis à la disposition de nos clients afin de piloter leur flotte et de prendre des bonnes décisions. La partie immergée, la grosse partie de notre activité, est notre hub de données. La collecte de data c'est très ancien. La nouveauté, tient dans la capacité d’en rendre l’utilisation naturelle, intuitive. On est dans la simplification de l'utilisation produit. C’est l'histoire de l'iPhone. "
Pouvez-vous nous donner des exemples d’applications concrètes ?
" Prenons l’exemple d’une flotte de 40 véhicules. Nous collectons toutes les données d’utilisation des véhicules sur 2 ou 3 ans (positions, déplacements, factures, contrats de location, contrats d'assurance etc.) Tout cela est agrégé. Le jour où le gestionnaire souhaite renouveler 10 de ses utilitaires, il lui suffit juste d’interroger « l’application » pour obtenir le meilleur choix de véhicule et pourquoi. Cela lui donne des éléments pour prendre la décision de manière éclairée. "
Quel rôle joue l’IA dans l’électrification des flottes ?
" Les données d'usage concernant l'électrification sont fondamentales. Nous analysons les « comportements » d'un véhicule (amplitudes de déplacements, temps et lieux d'arrêt…) Nous agrégeons les données sur 12 mois de la vie du véhicule. Nous prenons en considération toutes les phases pour aider le gestionnaire à organiser le séquencement du passage à l'électrique Nous pouvons lui proposer le top 3 des véhicules les plus éligibles de notre catalogue (marque, modèle, version). L’IA intervient aussi sur la pertinence des implantations et des types de bornes de recharge."
L’IA influence-t-elle les comportements décisionnels au sein des entreprises ?
" Globalement, notre métier arrive sur un moment de bascule. Nous passons de la notion de véhicule à celle de la mobilité. L'autopartage est actuellement un réel questionnement. Il y a deux philosophies en la matière. La première, que l'on voit en généralement sur les sièges d'entreprise, avec les pools de véhicules et un système de réservation pour les collaborateurs. Une seconde approche, consiste à mutualiser les véhicules. Ici, les algorithmes aident à déterminer si la quantité de véhicules et le roulage moyen est en adéquation avec une utilisation vertueuse du parc. Sur un Conseil général, la mutualisation de véhicules, a permis en quatre ans de passer de 1200 à 810 véhicules, sans cela ne pénalise les utilisateurs. Cela permet de minimiser les coûts d’entretien et d'atteindre leur objectif de réduction d'émissions. Si les administrations ont été pionnières, un nombre croissant de flottes privées y ont recours. "
Quid de la prédictivité dans la collecte de données ?
" De plus en plus, les données collectées, grâce à des partenariats avec les constructeurs, permettent de remonter des infos prégnantes sur l'état du moteur et l'ensemble des éléments qui vont vous permettre de « prédire » les pannes. Les passages en atelier des véhicules, le détail des types d’interventions réalisées… Tout cela permet d’anticiper. Mais nous faisons aussi de la rétro analyse pour fournir, a posteriori, de la data aux constructeurs sur leurs modèles de véhicules. "
Dans quel but ?
" Les constructeurs pourront proposer une maintenance comprise à 100 % dans le prix du véhicule ou dans le montant de la location. Un forfait qui couvre la totalité de ce qui peut se passer sur le véhicule. L'objectif de cette prédictibilité est de mesurer, d’anticiper le risque au maximum pour derrière pouvoir proposer des prises en charge full service. Le constructeur ne vend plus une voiture, mais un service de mobilité. "
Quels sont vos partenaires technologiques ?
" Pour l’IA, nous travaillons avec Open AI (hub de données). Nous avons également été obligés de migrer vers du cloud d'Amazon du cloud Microsoft… Il n’y a pas d’acteur européen et français suffisamment développé sur le sujet. En revanche, on fait des tests assez poussés avec Mistral Informatique, un acteur français prometteur. "
Où en est-on de la relation en l’IA et la gestion de parcs ?
" Nous avons vraiment l'impression d'être à la préhistoire. C’est le TGV, ça va vite, ça va aller encore plus vite et il va être de plus en plus compliqué de prendre dans le train en marche. Restons modestes pour l'instant sur ce qu'on peut délivrer même si je pense que c’est déjà pas mal dans les cycles de décisions, on sait qu'on va aller beaucoup plus loin grâce à l’évolution technologique. "
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