Grèves, paniques et raréfaction : faut-il s'habituer au carburant hors de prix ?
Toutes les conditions sont réunies pour que le prix du carburant atteigne à nouveau des sommets sans espoir d'amélioration rapide.
Plus les jours passent et plus les files s'allongent devant les stations-service. Suite aux mouvements de grève commencés il y a près de deux semaines au sein des filières pétrolières du pays, la panique gagne les automobilistes français qui s'amassent autour des points de distribution de carburant encore ouverts, quitte à patienter parfois plusieurs heures pour remplir leur réservoir. Alors que les syndicats et les directions de TotalEnergies et d'Exxon Mobil poursuivent leur bras de fer, les prix se remettent à monter dans des proportions vertigineuses chez les pompistes disposant de réserves de sans plomb et de diesel. Hier, le SP95 se négociait désormais à près de 1,6€ du litre et le diesel à plus de 1,8€. La remise gouvernementale de 30 centimes par litre de carburant est pourtant toujours appliquée !
Ces hausses des prix provoquées par les pénuries au sein des stations-service, qui se sont aggravées au cours des derniers jours malgré les communications rassurantes de la part des membres du gouvernement, s'inverseront très probablement une fois les grèves terminées. Mais ce problème en cache d'autres : on se rappelle tout d'abord que dès le 1er novembre prochain, la remise gouvernementale passera de 30 à seulement 10 centimes par litre de carburant alors que celle de TotalEnergies baissera de 20 à 10 centimes. Même si les prix reviennent à des niveaux plus abordables d'ici là, il faut malheureusement s'attendre mécaniquement à une nouvelle hausse suite à cet ajustement des taxes sur les carburants.
Le prix du baril monte aussi
Et ce n'est pas tout : suite à la décision de l'Opep+ de réduire de deux millions de barils sa production quotidienne de pétrole à partir du 1er novembre prochain, le prix du baril de Brent semble déjà remonter. Alors qu'il était tombé jusqu'à 86 dollars à la fin du mois dernier, il se situe désormais à plus de 93 dollars. Si la demande mondiale en pétrole venait à augmenter dans les semaines à venir, on devrait vite retrouver un baril largement au-dessus des 100 dollars. Les prix du carburant suivront naturellement cette hausse du cours du baril de Brent, même lorsque les stations-service du pays auront enfin retrouvé un niveau d'approvisionnement normal et que les pompistes cesseront de profiter des pénuries. Or, il n'y aura en théorie plus aucune remise gouvernementale sur le carburant en 2023. Bref, les conditions pour battre de nouveaux records de prix à la pompe pour la fin de l'année semblent malheureusement réunies. Et ne vous précipitez pas pour faire des réserves avant le 1er novembre prochain : c'est déjà interdit en Ile-de-France ou dans les hauts-de-France et ça sera le cas ces prochaines heures dans l'ensemble du pays par arrêtés préfectoraux.
Seul espoir d'obtenir un peu de sursis, la possibilité d'un prolongement de la remise de TotalEnergies : ce matin, Clément Beaune a déclaré que le gouvernement allait demander au pétrolier de garder sa remise à 20 centimes par litre après le 1er novembre au motif que de nombreux automobilistes français ne peuvent pas en profiter actuellement à cause des pénuries. Si le gouvernement décidait d'en faire de même avec sa propre remise, les pleins pourraient faire un peu moins mal au portefeuille en cette fin d'année.
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