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Guerre de 14 : les Renault des taxis de la Marne n'avaient pas le monopole du front

Dans Rétro / Autres actu rétro

Michel Holtz

Lorsque l'on évoque l'automobile et son utilisation durant la première guerre mondiale, dont l'issue a été commémorée hier, on pense souvent aux taxis de la Marne signés Renault. Mais non seulement tous les taxis légendaires n'étaient pas issus des usines du losange, mais de plus, d'autres marques ont participé à l'effort de guerre sous d'autres formes.

Guerre de 14 : les Renault des taxis de la Marne n'avaient pas le monopole du front

La grande histoire et sa légende ne retiennent qu'eux : les taxis qui ont transporté les troupes françaises vers le front de la Marne, à 200 km de Paris, et leur auraient permis de faire reculer l'ennemi. Évidemment, l'importance des fameux taxis de la compagnie G7 alors naissante, armés de voitures Renault, marque elle aussi naissante, n'est pas aussi déterminante que cela. Ils n'ont transporté que 6 000 hommes vers le champ de bataille, sur les quelque 100 000 hommes qui ont livré le combat. Mais ils sont restés gravés dans l'histoire en général, et dans l'histoire de l'automobile en particulier.

Des Renault AG1 lors d'une reconstitution des taxis de la Marne.
Des Renault AG1 lors d'une reconstitution des taxis de la Marne.

Les AG1, le modèle vendu par Louis Renault à la compagnie G7, représentaient certes 85 % du gigantesque convoi, mais à leur côté, se trouvaient des Peugeot, des de Dion Bouton, des Brasier et des Unic. Seul impératif fixé aux voitures par le gouverneur militaire de Paris, le général Gallieni : être capable de transporter 5 personnes en plus du chauffeur. Et toutes ces marques en étaient parfaitement capables. Mais l'histoire oublie les minorités et ne retiendra que les Renault AG1.

De la même manière que les historiens ont tendance à minimiser l'importance des autres marques dans cet épisode, ils ont tendance à négliger l'importance de l'automobile en général au cours de cette première guerre mondiale, ne retenant que la folle course de taxis vers la Marne (une course payante d'ailleurs, qui a obligé le gouvernement de l'époque, à verser à la G7 l'équivalent de 220 000 euros actuels). Mais au-delà de cette péripétie, le conflit est marqué par l'irruption de l'automobile. Mais pas pour transporter les troupes, hormis l'exception marnaise. Car si cette première guerre "moderne", voit évoluer les déplacements qui auparavant n''étaient réalisés qu'avec les pieds et des chevaux, l'automobile y reste un luxe.

Une Panhard 160. Un modèle qui servait au transport des officiers.
Une Panhard 160. Un modèle qui servait au transport des officiers.

C'est qu'en 14, la voiture, ou le camion, n'est pas destinée au fantassin, qui se contentera du train. Les poids lourds, et surtout les tracteurs, comme ceux de la marque Latil, sont chargés de déplacer les pièces d'artillerie. Pour monter dans une auto, il faut être officier. Les gradés ont droit aux fleurons de l'époque, comme la Panhard 160 de 1913, ou la Dietrich 16 ch de 1905.

En 14, pour rouler en voiture, il faut être un canon, un officier ou un blessé

Les malheureux poilus blessés quant à eux, n'auront pas accès à des limousines, mais à des autos à pétrole néanmoins, transformées en ambulances. Comme ces Ford T converties par la Field Company. Cette association de riches donateurs US a offert à la France quelques dizaines de modèles T qui ont sillonné le front durant le conflit pour rapatrier, et soigner, les blessés à l'hôpital américain de Neuilly qui avait, pour un temps délaissé ses riches patients, pour recueillir des poilus de toutes origines.

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