2. Harley Davidson Sportster Iron 883 : la HD facile
La Iron c'est avant tout le syndrome du minimum. Rien de superflu, juste le nécessaire. À trop vouloir pousser l'électronique et l'apport d'informations, beaucoup de marques oublient finalement que la moto c'est une passion : juste celle de rouler. Harley-Davidson l'a bien compris au travers de cette 883.
Déjà par son look. Pas de fioriture, pas de chrome à outrance. On bazarde tout pour juste laisser l'essentiel… Juste qu'à la non-existence de la selle passager. Car oui, la Iron est une moto de solitaire et au cours de l'essai, nous allons très vite nous en rendre compte. Nous avons eu à notre disposition le coloris « Amber Wiskey » qui lui donne un côté un peu plus « gentil » que la version noir mat, ne lui enlevant tout de même pas son charme.
On pourra apprécier le ton noir mat du moteur et de l'ensemble compteur/guidon souligné par des touches de chromes sur les cylindres et la visserie, des divers caches en noir brillant, les sublimes jantes bi-tons et la ligne d'échappement qui tranche radicalement avec l'ensemble de la moto (pour le coup on aurait presque vu un ensemble noir mat, il suffit pour cela de jeter un œil dans l'énorme catalogue d'accessoires).
La moto dans son ensemble est un ravissement pour les yeux et ce ne sont pas les passants qui diront le contraire, la Iron a le don de se faire remarquer que ce soit de près ou de loin d'ailleurs. En tant que pilote, on pourra apprécier la qualité d'assemblage et de finition. L'intégration des équipements « moderne » est invisible. On peut noter que l'ensemble des feux de signalements sont placés directement dans les clignotants. Pas de grosse bavette toute moche, pas de gros feux carrés. Le phare quant à lui est tout ce qu'il y a de plus classique avec le discret logo HD implanté au milieu. Le gros changement pour 2014 s'est fait au niveau du système de freinage avec un disque avant de 300 mm, de nouveaux étriers et un nouveau maître-cylindre et l'ABS (également placé de façon discrète).
À bord, pareil que l'ensemble de la machine, tout se fait de manière simplement efficace. On pourra compter sur un compteur de vitesse électronique, deux trip partiels et un total, horloge, indicateur de niveau de réserve (avec décompte), voyant de pression d'huile, affichage des diagnostics du moteur, compte-tours/ indicateur de rapport en digital et témoin ABS. Ne comptez pas sur un espace sous la selle, il n'y en a pas. Pour les petites tailles, aucun problème, la gamme Sportster affiche des hauteurs de selle plus que corrects (735 mm pour la Iron).
Pour les non initiés, c'est sans doute la position de conduite à laquelle il faudra le plus s'habituer. Pas tout à fait roadster, pas tout à fait custom, c'est sa signature. Mais cela à rien à voir avec les modèles d'il y a 10 ans, la prise en main est bien plus facile, surtout pour les novices. Sur deux points en particulier : l'amélioration du freinage et la disparition de cet avant plongeant typique du custom. En revanche, les 255 kg en ordre de marche se feront sentir pour les manœuvres sur les pentes, les dévers et les sols caillouteux. Le reste du temps, la répartition des masses centrée vers le bas, facilite la mobilité de la moto.
Une fois à son bord, l'étroit réservoir de 12,5 litres donne une impression d'être sur une moto crevette. Impression qui disparaît assez rapidement une fois que l'on se voit au travers d'une vitrine. C'est aussi à travers le regard des passants que l'on ressent que l'on n'est pas sur une machine ordinaire. La légende Harley fait parfaitement son travail puisque que nombreux passants/motards viennent taper la discute ou vous regardent d'un regard approbateur du genre « Ouhh yeahh ! ». Et là où, je le reconnais, mon ego n'a pas été entièrement satisfait quant au bruit de la Iron. J'avoue que la sonorité typique du bicylindre étouffée par les diverses normes actuelles m'ont laissé sur ma faim. On prendra d'ailleurs plaisir à faire cogner le moteur dans les bas régimes juste pour se satisfaire de la sonorité qui s'en dégage.
La prise en main est presque une formalité. Le travail d'amélioration de la machine sur cette gamme est plus qu'appréciable. Les novices voulant attaquer directement sur ce genre de moto trouveront rapidement leur plaisir. On peut le dire, c'est une Harley qui accessible au plus grand nombre. Et pour le confirmer rien de tel qu'un trip de 1000 km en deux jours pour s'en assurer. Et là, à part faire une commande dans le catalogue, ne comptez rien ranger ou rien accrocher sur la moto. Même un simple sac à dos avec une araignée n'aura pas sa place sous peine de flinguer la peinture.
Les conditions ont été pour le moins idéales car, il n'y a pas eu une goutte de pluie de tout le trip. Il me sera donc difficile d'évoquer la tenue sous la pluie battante. Première constatation, la Iron se révèle déjà en ville. Là où l'on s'attend à trimer comme un rat mort dans la circulation dense de Paris et ses axes encombrés. La moto s'avère être une très bonne alliée pour les déplacements intra-muros. N'étant pas très large, elle se faufile assez rapidement sans broncher. Certes, elle n'a pas un rayon de braquage de folie donc il faudra s'armer de patience par moments, là où des roadsters se faufileront à l'aise. Dans les plus pour la ville on peut ajouter les leviers plutôt doux et qui ne laisse pas de crampes aux doigts au bout de 10 minutes et la chauffe moteur qui est plus que tolérable dans les bouchons. Très peu de la concurrence peu s'aligner à ce titre. Il faudra tout de même se méfier du freinage, car même s'il est bien meilleur qu'avant, il faudra tout de même anticiper sous peine de déclencher l'ABS (ouf !).
Sur les portions rapides, rien de bien notable en particulier. On se cale en 5 et on se laisse porter. La Harley fait son chemin sans badiner. La protection est suffisante jusqu'aux limites légales. Au-delà, il faudra passer en mode « couché sur le réservoir » pour éviter le tiraillement sur les bras. Le 883 n'est pas un foudre de guerre c'est évident, mais ce n'est pas son but. Il ne sera pas rare de baisser des rapports pour effectuer des dépassements… Ou au choix, taper la poignée dans le coin et attendre que ça monte. À aucun moment on peut sentir la partie cycle faiblir ou encore avoir des mouvements parasites, même à haute vitesse. Seul les vibrations moteur qui remontent dans le guidon peuvent laisser une impression de flou dans le train avant. Les premiers 200 km tombent comme une formalité autant du côté de la fatigue,(ni mal aux bras/mains/dos/nuque/fesses, oui ça ne parait pas comme ça) tant que sur la consommation. Je tombe en réserve sur les 180 km et il me reste encore 50 bornes faciles de réserve. Idéal pour les petits budgets qui veulent tailler la route.
Et là où la Iron révèle tout son caractère, c'est évidemment sur les petites routes. Comme toute Harley-Davidson, c'est autant un bonheur de faire de la ligne droite que de taper du virage. Sous le regard médusé des vaches, les kilomètres s'enchaînent avec toujours autant de plaisir. Le moteur ne rechigne pas à la relance, et ce, sur n'importe quel rapport. On prend rapidement plaisir à cruiser, le temps s'arrête et la notion de performance et de vitesse est presque un lointain souvenir.
Et pourtant sous cette apparence tranquille, se cache un petit démon. Si on prend la peine de bien chercher les plages de couple qui relance le mieux, on peut prendre un vrai plaisir à taquiner du virage. La partie cycle vous mettra à défaut à aucun moment, aucun « pompage » ou l'impression d'être dans un bateau ne joue. Il faudra pour cela bien s'assurer du réglage des suspensions, car là est tout le secret sur ce type de machine. Nous ne sommes pas dans l'univers aseptisé des Japonais. L'avant reste précis et il est rare de devoir corriger sa trajectoire. Et ceux qui auraient peur d'un avant trop plongeant, rien est comparable aux HD d'il y a ne serait-ce que 10 ans. C'est présent en basse vitesse mais loin d'être handicapant même dans les épingles. En revanche pas de secret sur le freinage, il faudra apprendre à anticiper l'arrivée dans les courbes, car oui les 255 kg + le pilote, il faut les arrêter. Au pire l'ABS prendra le relais, mais il se déclenche assez tardivement.
Le plus remarquable reste, la capacité de la Iron à avaler les kilomètres sans broncher et sans mettre à mal son pilote. Certes, elle sera difficilement adaptable pour les gros gabarits chez qui on conseillerait de taper dans d'autres gammes de la marque où à défaut la 48 (1 200 cm3).
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