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L’acte solidaire des « Petites Curie » au chevet des « Poilus » de la guerre 14-18

Dans Rétro / Autres actu rétro

Louis-cyril Tharaux , mis à jour

L’humanisme, Marie Curie l’a toujours eu chevillé au cœur et au corps. Cette valeur forte, la scientifique française d’origine polonaise l'a mise à profit durant la Guerre 14-18, de façon pragmatique. Elle créa alors une flotte d’unités radiologiques mobiles, des véhicules que l’on nomma bientôt les « Petites Curie ».

L’acte solidaire des « Petites Curie » au chevet des « Poilus » de la guerre 14-18

« Je suis déterminée à mettre toutes mes forces au service de mon pays d’adoption, maintenant que je ne peux plus rien faire pour mon malheureux pays natal. » Cette phrase, Marie Curie la prononce dans les premiers mois de la Guerre 14-18. Elle était à cette époque une personnalité déjà estimée en France et à l’étranger.

Femme d’exception et scientifique hors-pair, elle s’était vu décerner deux Prix Nobel en l’espace de huit ans. Le Nobel de physique d’abord, en 1903, pour ses travaux sur la radioactivité menés avec son époux Pierre Curie et leur confrère Henri Becquerel. Puis le Nobel de Chimie, en 1911, obtenu seule en scène cette fois, pour sa découverte du radium et du polonium.

Unités mobiles de radiologie

Ces graals n’avaient pas eu raison de son humilité et de son sens aiguisé du devoir. Aussi, lorsque éclate la première Guerre mondiale, Marie Curie tient absolument à se rendre utile, utile pour les soldats envoyés sur le front entre Paris et la frontière belge. La franco-polonaise native de Varsovie entreprend alors un projet aussi technique que révolutionnaire, aussi ambitieux que solidaire. A l’automne 1914, la veuve de Pierre Curie* interrompt spontanément ses travaux de recherche à l’Institut du radium pour contribuer, à sa manière, à l’effort de guerre.

Avec le soutien de la Croix-Rouge et d’Antoine Béclère, Directeur du Service radiologique de Santé des Armées (et fondateur de la Société française de radiologie quelques années auparavant), Marie Curie se lance un nouveau défi : celui de créer des unités mobiles de radiologie, des véhicules utilitaires capables de se rendre au plus près des champs de batailles, au chevet des « poilus », afin de pouvoir identifier avec précision leurs fractures, et hélas surtout l’emplacement, dans leurs corps meurtris, des projectiles : balles de fusils ou de mitrailleuses, éclats de Schrapnel et autres obus…

Des fonds pour des véhicules

La double lauréate des Nobel de physique et de chimie imagina la mise en place d’unités radiologiques mobiles pour se rendre sur le front – Crédit DR
La double lauréate des Nobel de physique et de chimie imagina la mise en place d’unités radiologiques mobiles pour se rendre sur le front – Crédit DR

C’était la première fois en vingt ans, depuis la mise à jour en 1895 des Rayons X par le physicien allemand William Röntgen, que la radiologie rencontrait un intérêt aussi manifeste. Un intérêt d’autant plus vif que la pratique de la discipline n’avait jamais été, jusqu’alors, confrontée à une situation d’urgence d’une telle envergure.

Marie Curie se jeta dans ce projet avec passion et conviction, persuadée qu’il fallait « apporter la médecine vers les blessés, et non l’inverse », de sorte à secourir au mieux et au plus vite. Dès lors, elle consacra exclusivement son temps à la radiographie. Elle lança simultanément un appel à la générosité nationale et aux mécènes en particulier. Objectif : rassembler des fonds pour financer, réunir, puis transformer des véhicules, des châssis existants a minima, en services de radiologie ambulants.

18 « Petites Curie » en éclaireuses

Son appel fut entendu. Avec le concours de grandes fortunes et les compétences techniques de constructeurs automobiles, tels que Lorraine-Dietrich, Peugeot et Renault, mais aussi de l’ingénieur Georges Massiot, qui carrossa pour elle la première de ces « Petites Curie », la scientifique engagée parvint, dès 1915, à mobiliser quelque dix-huit voitures.

Il s’agissait d’une flotte bigarrée, avec néanmoins des constantes d'un modèle à l'autre. La plupart de ces camionnettes légères mesuraient 4 mètres de long. Elles pesaient 2 à 3 tonnes et étaient posées sur de grandes roues à rayons. Elles bénéficiaient d’une cabine sans portières, coiffée généralement d’un toit et d’une ébauche de pare-brise. Derrière le volant, situé à droite le plus souvent, se tenait une banquette à trois places.

Comme décrit sur ce schéma, le bataillon des premières « Petites Curie » était constitué de véhicules spécialement aménagés - Crédit DR
Comme décrit sur ce schéma, le bataillon des premières « Petites Curie » était constitué de véhicules spécialement aménagés - Crédit DR

A l’arrière de la cabine, la caisse était méticuleusement organisée. Elle comprenait un espace de soin, avec en son centre une table d’examen rudimentaire. Par nature, elle disposait aussi d’un appareil de radiographie et d’une mini chambre noire embarquée, apte à développer les clichés sur place puis à les exploiter du point de vue médical. A bord, se trouvaient également certains accessoires pour tenter de se protéger des Rayons X : tabliers, gants et lunettes, entre autres. Notez que le fonctionnement de l’instrument de radiologie était permis grâce à la dynamo de 110 volts couplée au moteur 4 cylindres monobloc. 

Formation des soignants

Parallèlement à l’installation progressive de ces unités mobiles, dont la vitesse de croisière n’avoisinait guère plus de 30 km/h, Marie Curie avait fait livrer dans les hôpitaux environ 200 postes fixes de radiologie.

En outre, celle qui venait d’être nommée Directrice de la Croix-Rouge  s’était attelée à la formation du personnel idoine pour assister les médecins. A l’Institut du Radium, durant plusieurs mois, elle avait ainsi formé en personne une centaine de soignantes aux bases de la radiologie, aux prémices d’un métier de nos jours indissociable de la spécialité, celui de manipulateur en électroradiologie médicale.

Jusqu’à la fin de la guerre, Marie Curie fit des allers-retours nombreux entre la capitale et les tranchées. Elle se rendit sur le front et dans les campagnes alentours à maintes reprises. Elle alla au chevet des patients à Verdun, dans la Marne et dans la Somme notamment, y compris au volant de sa propre unité mobile, dès le début 1916, une fois qu’elle eut son permis en poche. Sa fille aînée, Irène, encore adolescente (elle obtiendra à son tour le Prix Nobel de chimie, en 1935), l’accompagna ensuite fréquemment dans ses missions solidaires.

Irène Curie, sur cette photo prise en 1916, à bord d’un de ces véhicules d’assistance imaginés par sa mère – Crédit Musée Curie
Irène Curie, sur cette photo prise en 1916, à bord d’un de ces véhicules d’assistance imaginés par sa mère – Crédit Musée Curie

1 million de soldats examinés

Durant cette période sombre de l’histoire, Marie Curie et ses bataillons de véhicules d’assistance incarnèrent comme un second souffle de vie : un soutien technique de poids pour les hôpitaux de campagne, sans oublier une posture de soins bienveillante pour toutes ces « gueules cassées ».

Les historiens estiment que le concept de « Petites Curie » (Ndlr : l’Armée française en mobilisera une centaine dans la lignée des 18 pionnières) a permis d’examiner 1 million de soldats durant le conflit, facilitant dès lors activement le travail de la médecine de guerre.

Après l’armistice, Marie Curie se lança dans un nouveau combat. En infatigable chercheuse, celle qui avait été par ailleurs la première femme en France à enseigner à l’université (à la Sorbonne), souhaitait à présent allier les vertus de la radiologie à celles de la radiothérapie. « Après les rayons qui dévoilent, les rayons qui soignent », dira-t-elle.

* Pierre Curie est décédé en 1906

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