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La Classe S de Mercedes préfère l'homme à la machine

Dans Futurs modèles / Technologie

André Lecondé

Notre ère technologique semble comme annoncer le coup de grâce donné à l’Homme par la machine dans la production industrielle. Plus particulièrement dans l’automobile, ce qui était seulement une esquisse avec le brouillon du taylorisme s’annonce comme une peinture parfaite avec l’installation d’une intelligence artificielle prête à supplanter le cerveau humain. Mais il y a encore des ombres au tableau qui freinent le sacre du Terminator. L’étoile Mercedes a mis en lumière les limites du robot. Comme une lueur d’espoir.

La Classe S de Mercedes préfère l'homme à la machine

C’est ainsi. L’automatisation n’est pas une fatalité. D’aucuns pourraient interpréter cette conjoncture dans une usine Mercedes comme un combat d’arrière-garde. Mais force est de constater comme un revirement étonnant. Alors que la technologie permet une individualisation de plus en plus poussée des modèles avec des options infinies proposées au catalogue, cette débauche de fonctions éloigne de plus en plus de la standardisation sur la chaine de production. Des variantes que les machines n’assimilent plus. Mais l’homme, lui, comprend et s’adapte.   

C’est ce que Mercedes a conclu au sujet de sa Classe S. Face à la demande, la firme a été sommée de revoir en partie ses processus d'automatisation. Et de mobiliser ses ouvriers. « Les robots ne sont pas en mesure de prendre en compte le degré d'individualisation de certains véhicules ou de gérer les multiples variantes que nous possédons dans notre catalogue » commente à l’agence Bloomberg Markus Schaefer, le directeur de la production de l'usine de Sindelfingen, située dans le land du Bade-Wurtemberg.

Un site qui est aussi la principale usine allemande de la marque. Les propos n’ont donc rien de symbolique et pourraient tout autant impacter les autres modèles qui y sont produits, du genre de la Classe E, des coupés CLS et CL, en plus des Classe S. D’ailleurs, pour produire la nouvelle Classe E le constructeur prévoit de remplacer deux robots par un ouvrier ou une petite machine, afin de réaliser l'opération permettant l'affichage tête haute de la voiture, qui projette consignes de vitesse et de navigation, sur le pare-brise.  

Les études ont été faites et voici le constat : "les robots ne peuvent pas traiter le degré d'individualisation et les nombreuses options que nous avons aujourd'hui. Avec la fabrication axée autour d'une équipe qualifiée de travailleurs, Mercedes peut changer une ligne de production dans un week-end au lieu des semaines autrefois nécessaires pour reprogrammer les robots et les modèles de changement de montage" explique le même Markus Schaefer.  

Les technologies proposées sur les modèles ont donc rappelé l’homme sur les chaines de production au détriment des machines. Une sorte d’ironie du sort. Mais attention, la partie n’est pas encore prête à s’inverser. L’ouvrier est ainsi versatile, a des droits sociaux et peut tomber malade. De ce point de vu là, les investisseurs préfèrent les machines. D’ailleurs, le constructeur Mercedes, dans son communiqué a été contraint de prendre en compte l’éventuel effet boursier du retour de l’homme : "nous économisons de l'argent et préservons notre avenir en employant plus de gens" peut-on lire.

En 2015, des études faites par un cabinet Deloitte jurait qu’en 140 ans la technologie avait créé plus d'emplois qu'elle n'en avait détruits. Certaines nouvelles professions sont en effet apparues. Certes, mais les machines préparent leur revanche avec une voiture connectée que les mêmes cabinets d’experts voient comme une arme de destruction massive d’emplois avec des effets collatéraux redoutables sur les fournisseurs ou encore les assureurs. La bataille gagnée chez Mercedes n’assure pas la victoire dans cette guerre entre l’homme et la machine.

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