La sécurité de l’emploi chez Volkswagen, c’est terminé
L'accord qui prévoyait zéro licenciements secs dans le groupe jusqu'en 2029 vient d'être rompu, car VW va mal et pourrait bien fermer des sites sur le sol allemand. Quelles sont les raisons de cette mauvaise santé ?
L'usine Volkswagen de Wolfsburg. Crédit photo PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP
C'est la fin d’une époque qui avait débuté en 1994. Cette année-là, Volkswagen signait un accord avec les syndicats qui prévoyait qu’entre cette période et 2029, l’entreprise, qui emploie 120 000 personnes en Allemagne ne procéderait à aucun licenciement sec.
Mais le bel accord a été rompu après 30 ans d’harmonie sociale par Thomas Shäfer, le directeur de la marque qui, ce lundi 2 septembre l’a fait savoir au comité central d’entreprise, ajoutant que « la situation est extrêmement tendue et ne peut être surmontée par de simples mesures de réduction des coûts ».
"Il va falloir agir de manière décisive"
Ce qui laisse évidemment penser que des licenciements secs vont être prononcés. D’autant que de son côté, Oliver Blume, le patron du groupe, en a rajouté une couche, en expliquant qu’ "il va falloir agir maintenant de manière décisive ».
Comment le deuxième constructeur mondial derrière Toyota en est-il arrivé là ? Comment le groupe qui dispose de fleurons, comme Porsche, parmi les plus rentables de la planète auto, parvient-il à de telles extrémités ?
Danielle Cavallo, la présidente du comité d’entreprise de Volkswagen livre une première explication sur l’Intranet du groupe. Pour elle, c’est le fait « de nombreuses mauvaises décisions » et qui remontent, peut-être au dieselgate qui, en 2015 a entraîné VW vers un scandale planétaire et a fait perdre à l’entreprise plus de 30 milliards. D’ailleurs, le procès du PDG d’alors, Martin Winterkorn, commence justement cette semaine devant le tribunal de Brunswick ou l’ex patron risque 10 ans de prison.
Suite au scandale du logiciel farceur, le patron qui a succédé à Winterkorn, Herbert Diess, a estimé que pour sauver le navire, il fallait mettre le cap sur l’électrique, seulement l’électrique. Un calcul qui, en cette fin de décennie 2010 n’était pas forcément mauvais : l’Europe, comme la Chine, poussent vers l’électrification automobile, même si, sur le vieux continent on met en avant des raisons écologiques pour justifier cette bascule, alors qu’elles sont plus économiques (sans le dire) dans l’Empire du milieu.
Sauf que la direction des projets électriques de VW a quelque peu raté la mise sur orbite de sa fusée EV. Quand l’ID3 apparaît en 2019, elle souffre d’emblée de problèmes de fiabilité liée à ses logiciels. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le Covid survient et il ne lui faudra pas moins de trois ans pour être à peu près en forme. Mais le marché ne l’a pas attendu, et d’autres s’en sont emparé.
La valse des PDG
Cette crise du soft a, en partie, entraîné le départ d’Herbert Diess, remplacé en 2022 par Oliver Blume. Ce retard à l’allumage, le peu de succès de la gamme ID en général, le tassement des ventes de l’électrique ces derniers mois, la valse des PDG et le fait d’avoir délaissé l’hybride pendant des années sont autant de facteurs qui ont plombé les comptes de la maison VW. Avec, en conséquence, une rupture historique du pacte social.
Accuser les voitures chinoises d’avoir fait de la concurrence déloyale aux électriques VW en Europe serait trop facile, car malgré leur incursion rapide, leur présence est, pour le moment, trop faible pour nuire. En revanche, le groupe a perdu de nombreuses parts de marché sur le sol chinois lui-même, comme les autres constructeurs allemands, ce qui a également pesé dans le réveil douloureux constaté à Wolfsburg en cette rentrée
Des sites obsolètes
Comment va se traduire cette situation ? Volkswagen considère qu'au moins une grande usine d'assemblage et un site de fabrication de composants sont « obsolètes » en Allemagne, selon le courrier de la direction. Ce qui, en d’autres termes, signifie qu’un site au moins sera fermé. Si l’on ne sait pas encore lequel est concerné, on sait en revanche que des investissements vont être supprimés.
Évidemment, tous les regards se tournent vers Zwickau en Saxe, ou sont assemblés les ID3, ID4 et ID 5, mais aussi la Cupra Born et certaines Audi électriques. Elle emploie près de 10 000 personnes et si l’usine ne ferme pas, elle va forcément réduire sa voilure. La direction a annoncé que le nouveau SUV compact électrique prévu sur les chaînes saxonnes en 2026 ne verra pas le jour. Une annonce, et une mauvaise nouvelle, qui ne devrait pas être la dernière de l’année. De leur côté, les marchés financiers, plus adeptes de résultats en amélioration que de paix sociale, ont applaudi les décisions d'hier. Le cours du groupe était en hausse de 2% dans la soirée de lundi.
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