La voiture électrique, pour sauver des vies, mais pas la planète
Avec des diesels devenus "non grata" et des essence qui sont loin d'avoir les vertues que l'on peut leur prêter, l'électrique est la solution, censée être idéale, mise en avant par les gouvernements européens qui poussent les constructeurs à s'y investir. Sauf que ces engins sauveront quelques vies, au mieux, mais certainement pas la Terre, qui a besoin d'autre chose que de voitures à batteries.
Loin de moi l'envie de minimiser l'impact de la pollution atmosphérique des grandes villes, zones portuaires et industrielles sur la santé publique, mais les pouvoirs publics ont pris un virage dangereux ces derniers mois. Après avoir longtemps misé sur le diesel, ils jettent désormais leur dévolu sur l'électrique pour un futur silencieux et surtout "propre". Mais avant cet avenir radieux et plein d'air frais, le marché automobile européen se rue sur le sans-plomb.
Depuis ce fameux mois de septembre 2015 et la sortie du scandale Volkswagen, le diesel, qui présentait pourtant de beaux avantages en dehors des villes, est passé de chouchou du public au Jacques Mesrine de la mécanique. Tout le monde se jette en concession sur les moteurs essence, les constructeurs abandonnent progressivement le diesel sur les gammes citadines et compactes, et, pire encore, il est de plus en plus fréquent de voir des SUV ou des grandes berlines de monsieur tout le monde avec un brûleur de sans-plomb sous le capot.
Le résultat ? Les émissions moyennes de CO2 repartent à la hausse, et les poumons des habitants des grandes villes ne sont pas plus propres. Non, vraiment pas : faut-il en effet rappeler que tous les véhicules essence actuels sont dotés d'injections directes haute pression, favorisant la création de quantité de particules microscopiques très nocives ? Le mythe du moteur essence propre comme un sou neuf en prend un coup.
Voici un exemple parlant : une Lamborghini Aventador à moteur essence V12, qui rejette ses 370 g/km de CO2, aura droit à une vignette Crit'Air 1 dans Paris puisqu'elle répond à la norme Euro 6. Le plus merveilleux est que cet engin dispose d'une injection directe qui lui fait émettre des quantités inavouables de particules fines. Mais, ce n'est pas un diesel ! Les Parisiens ou encore les Lyonnais sont sauvés. N'est-ce pas merveilleux ?
Heureusement, les constructeurs automobiles, parfois bien en difficulté depuis le dieselgate pour suivre la nouvelle tendance du marché, ont trouvé une parade le temps du passage à la nouvelle norme environnementale : le filtre à particules sur les motorisations essence. Une béquille qui permettra de limiter les émissions de particules fines sur les essence, aussi malsains, aujourd'hui, qu'un bon vieux TDI ou HDi.
Ne soyons toutefois pas naïfs, ce nouvel atout de dépollution des moteurs essence n'est qu'un pansement sur une jambe de bois. Le thermique pollue, point barre, il ne faut pas nier l'évidence. Les gouvernements, qui interdisent à tour de bras les accès aux grandes villes, mettent en place des circulations différenciées, nous prédisent déjà l'avènement de l'électrique pour nous éviter de courir à la catastrophe. Serions-nous ainsi sauvés ?
Sauver des vies, ou (tenter de) sauver la planète, il faut choisir
La mobilité électrique représente ce qu'il y a de plus démagogique en politique. C'est d'ailleurs de la sphère politique que vient l'avènement de la voiture au lithium. C'est la Commission européenne qui a indirectement, par les nouvelles normes, forcé les constructeurs à s'y mettre. Carlos Tavares, patron de PSA, le dit d'ailleurs lui-même : cette marche forcée est risquée, et il arrivera un jour où l'on tombera certainement de haut vis-à-vis des supposés bénéfices immenses de la mobilité électrique.
En fait, l'électrique a un seul avantage : celui de réduire la pollution de manière locale. Idéal, donc, pour les habitants des grandes villes. La voiture branchée a en effet le mérite (non négligeable) de ne pas émettre de polluants à l'usage. Elle évite la destruction des voies respiratoires chez les citadins. Et c'est probablement là que doit rester ce genre de véhicule aujourd'hui : dans les zones urbaines denses, associé à d'autres moyens (transports en commun, vélo...). Encore faut-il, évidemment, que le réseau de bornes de recharge suive.
Au final, les gouvernements ont détourné une problématique par une autre. Auparavant, dans l'inconscient collectif, les cancers des poumons liés aux particules fines des automobiles n'existaient pas, ou n'étaient en tout cas pas forcément connus au travers d'études. Ce genre de pathologie était l'apanage du fumeur. Il fallait surtout réduire les rejets de CO2 et les consommations avec le moteur diesel.
Aujourd'hui, la voiture électrique est ainsi censée apporter la réponse à tous nos maux, aux asthmatiques et aux victimes de la piètre qualité de l'air dans les mégalopoles. Ce serait, malheureusement, bien vite oublier que la pollution de l'air est mulficatorielle (chauffage, industrie, élevage intensif), et pas uniquement liée à la voiture en ville.
D’autant plus que si l'on prend du recul, le bilan de l'impact environnemental d'une voiture électrique de sa création à son usage est souvent jugé désastreux. De nombreuses études ont pointé du doigt l'extraction catastrophique du cobalt en Afrique, ou du lithium en Amérique du Sud et en Chine. Et aujourd'hui, si des programmes pilotes existent chez les constructeurs pour donner une seconde vie aux batteries, nous sommes encore très loin d'un recyclage optimal de ces composants hautement néfastes pour l'environnement. Et tant que le lithium extrait sera nettement moins cher que le lithium recyclé, le bilan de la voiture électrique ne risquera pas de s'améliorer.
La voiture rechargeable permettra probablement d'éviter bien des cancers des voies respiratoires et des cas d'asthme, mais dans le même temps, elle n'arrêtera pas la dégradation du climat à l'échelle mondiale. Le dirigeant allemand du parti FDP a d'ailleurs pris position sur ce sujet : il vaut mieux investir les milliards pour les forêts, les océans et les procédés de décarbonisation de l'air, essentiels à l'écosystème et à notre survie, qu'à la promotion des éoliennes et de la mobilité électrique. Il est urgent d'agir, nous disent les scientifiques, alors commençons par l'essentiel : mère nature.
Au final, quelques dizaines de milliers de personnes seront, peut-être, sauvées des griffes de la chimiothérapie et des rayons par l'électrique, mais combien de milliards au bord de la catastrophe dans le futur sur les cinq continents ? Rendez-vous dans quelques siècles. Ou moins...
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