Le top 5 vidéo du musée Schlumpf, le plus beau du monde
Profitez de l’été pour découvrir à Mulhouse cette formidable collection réunie par les frères Schlumpf, totalisant plus de 400 voitures. En attendant, voici son histoire édifiante.
L’histoire a fait grand bruit dans les années 70. Les frères Hans et Fritz Schlumpf, qui ont fait fortune dans l’industrie de la filature, se voient dépossédés de la fabuleuse collection qu’ils ont constituée et prennent la fuite en Suisse. Grands passionnés d’automobile, en particulier des Bugatti, ils commencent à la fin des années 50 à racheter frénétiquement des autos prestigieuses mais alors considérées comme des tacots, donc pas très chères.
Fritz, le plus actif des deux, met en place un réseau de rabatteurs et installe même une ligne de chemin de fer pour que ses trouvailles arrivent directement dans le local de l’usine prévu pour les accueillir ! De surcroît, il accède au registre des propriétaires de Bugatti détenu par le spécialiste de la marque Hugh Conway, et écrit à tous pour racheter leur auto.
Il en récupère beaucoup par ce biais. Ayant par ailleurs noué des contacts avec la famille Bugatti, il parvient en 1963 à s’offrir la Royale du patron, Ettore, avec 17 autres de ses Bugatti personnelles.
Puis, après d’âpres négociations, il met la main sur la collection de John W. Shakespeare (une trentaine de Bugatti, dont la Royale Park Ward), un passionné de l’Illinois. Il en coûte à Fritz 80 000 $ (environ 750 000 € actuels), transport compris. Une belle affaire, conclue le 30 mars 1964 ! Boulimique, il achète par wagons entiers des autos classiques de toutes sortes, sauf des américaines, qu’il n’aime pas.
Toutefois, les syndicats s’inquiètent de la santé financière de l’entreprise, car si les anciennes à l’époque, ne valent pas grand-chose, le volume ahurissant des emplettes des Schlumpf a un coût colossal. Fritz, autoritaire, balaie les contestations d’un revers de manche méprisant. Conséquence, au début des années 70, une crise éclate alors avec les syndicats, justement inquiets pour les emplois.
Malheureusement, la crise économique suivant la Guerre du Kippour met en péril l’activité économique des Schlumpf, ce qui débouche sur une faillite en 1976. Cela a lieu au moment où ils s’apprêtaient à rendre publique leur collection, réunie dans un bâtiment industriel dont l’accès serait payant.
Mais, en 1977, avant l’ouverture, quelques-uns des 3 000 ouvriers privés de leur emploi, lancent une opération commando, et saisissent les autos rassemblées. S’estimant lésés, ils refusent de les restituer sans retrouver leur travail, cependant que les Schlumpf, poursuivis et par leurs employés (physiquement) et par l’Etat Français pour fraude fiscale, fuient en Suisse. Ce qui devait s’appeler le Musée Schlumpf devient temporairement le Musée des travailleurs.
Une bataille juridique commence, qui aboutit le 18 avril 1978 au classement par le Conseil d'état de 426 des voitures en tant que monuments historiques. Elles ne peuvent donc être dispersées ! Le 8 avril 1981, l’Association du Musée national de l’automobile rachète pour 44 millions d’euros la collection, qui est finalement ouverte au public le 10 juillet 1982.
Fait bien moins connu, Fritz avait parallèlement constitué une réserve de plusieurs dizaines d’autos à Malmerspach, où se situait la demeure familiale. Elles seront revendues à la fin des années 2000, une trentaine tombant dans l’escarcelle de Peter Mullin, qui les expose dans son musée de Californie en rendant hommage aux frères Schlumpf.
Ceux-ci, un temps effacés de l’Histoire, se voient réhabilités en 1989 : la collection inouïe qu’ils ont constituée porte enfin leur nom. Certes, on est tout à fait fondé à critiquer leur gestion. Mais, grâce à eux, des centaines d’autos ont été préservées alors que, comme elles n’intéressaient personnes au moment de leur rachat, elles auraient très majoritairement fini à la casse. Sachons aussi gré au grévistes d’avoir eu l’intelligence de ne pas les disperser.
Plus de 450 voitures, de toutes origines, mais très majoritairement européennes, sont à découvrir à Mulhouse. Un conseil : prévoyez toute une journée pour visiter le musée (ainsi que de bonnes chaussures). Surtout que, outre l'exposition dédiée aux voitures apparaissant dans les films de Louis de Funès, des activités sont proposées, sur la piste aménagée à côté de l’impressionnant bâtiment, où l’on peut conduire une supercar, telle que la Bugatti Veyron.
Cela dit, le mieux sera de passer une nuit à Mulhouse pour, après la Musée National de l'Automobile - Collection Schlumpf, visiter la Cité du Train, mémorable elle aussi.
Photos (8)
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération