LFI veut sauver l'industrie automobile française en s'inspirant des Etats-Unis
L’INFO DU JOUR – Le parti La France Insoumise vient de dévoiler ses propositions pour sauver l’industrie automobile française et européenne. Son programme ? Augmenter à 100% les taxes des voitures électriques chinoises comme aux Etats-Unis et même aller beaucoup plus loin en la matière.
La France Insoumise ne fait traditionnellement pas partie des bords politiques contribuant à la promotion de l’automobile. Mais justifiant d’une impossibilité de mettre en place des transports en commun partout sur le territoire français et soucieux de préserver les emplois d’un secteur d’activité pesant extrêmement lourd dans l’économie française et européenne, le parti vient de proposer ses « dix mesures pour sortir l’industrie automobile de la crise » au Parlement européen.
En préambule, déjà, le communiqué de La France Insoumise rappelle le salaire mirobolant de 36 millions d’euros de l’ancien directeur général de Stellantis Carlos Tavares en 2023 et les 4,2 milliards d’euros de dividendes versés aux actionnaires du groupe en 2024, évitant totalement de commenter la situation actuelle de Stellantis qui n’a probablement plus grand-chose à voir avec les jolis résultats financiers de 2023. La France Insoumise rappelle tous les postes supprimés dans l’industrie automobile française et les plans en cours, notamment chez les sous-traitants comme Valeo et le pneumaticien Michelin (tout en rappelant les bénéfices réalisés en même temps notamment par Michelin).
Le parti parle ensuite du problème de l’importation des voitures électriques fabriquées en Chine (y compris par des groupes comme Renault dans le cas de produits comme la Dacia Spring), faisait aussi le constat qu’une grande partie des éléments stratégiques des groupes motopropulseurs des voitures électriques du monde en entier (et d’Europe) doivent beaucoup à l’industrie chinoise qui subventionne par ailleurs énormément ses constructeurs locaux et ses fabricants de batteries.
Une lourde taxation des voitures chinoises…mais aussi de leur technologie
Comme aux Etats-Unis, La France Insoumise propose ainsi de taxer à 100% les voitures électriques chinoises importées en Europe. Mais ce n’est pas tout : elle veut également taxer toute la technologie de batteries et de groupes motopropulseurs originaire de Chine et intégrée aux voitures électriques des marques françaises et européennes (et même tous les composants des véhicules), en plus de prévoir des quotas maximums au sein de l’Union européenne pour ces importations et ajouter, en cas de dépassement, des taxes additionnelles.
En réduisant les objectifs d’électrification du parc automobile européen pour compenser l’impossibilité d’utiliser la technologie électrique actuellement fabriquée en Chine sans frais insurmontables ? Pas du tout puisque La France Insoumise veut au contraire dissuader les flottes d’entreprises de continuer à utiliser beaucoup de voitures thermiques, à coup de 10 000€ d’amende par véhicule en cas de non-respect de quotas d’achats de voitures électriques. Quotas d’achats de voitures électriques que La France Insoumise propose par ailleurs d’augmenter à 90% du parc d’entreprise en 2030 au lieu de 70% comme c’est prévu actuellement.
La France Insoumise prévoit bien des crédits d’impôts pour les constructeurs automobiles en cas d’investissement local pour la fabrication des voitures électriques et des composants électriques, mais aussi un « fonds de participation publique dans la sous-traitance automobile » pour aider les sous-traitants européens en grande difficulté actuellement. Mais pour relocaliser tout l’écosystème actuel des chaînes de valeur de la voiture électrique, dépendant largement des importations chinoises, il faudrait probablement des investissements colossaux surtout dans un contexte où les premières usines de batterie européennes peinent à démarrer faute de demande suffisante et d’une stratégie industrielle solide.
Notons que La France Insoumise prévoit tout de même d’augmenter les aides à l’achat de voitures électriques neuves et de les limiter aux modèles les plus légers aux batteries de taille raisonnable et à la construction la plus locale possible. Le projet du parti prévoit d’exclure toutes les voitures électriques de plus de 30 000€ pour « inciter les constructeurs à baisser leurs prix ».
Enfin, elle propose de « revenir au tarif réglementé de vente de l’électricité au coût de production national et non plus fixé au niveau européen (soit une stabilité et une division de près d’un facteur 2) pour l’ensemble des entreprises industrielles ». Ce qui semble justement délicat sur le papier dans le contexte européen actuel.
Malgré certaines idées de bon sens (celle de pousser à la production locale des voitures électriques et de leur technologie et favoriser les aides à l’achat sur les modèles bon marché et léger), les propositions de La France Insoumise paraissent donc très théoriques et difficiles à concrétiser en peu de temps. Rien que la taxation à 100% des voitures électriques chinoises et de leur technologie, dans un marché européen où certains de ses constructeurs s’opposent formellement à ce genre de mesure pour protéger leurs investissements en Chine, reste un point très sensible.
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