Loi Montagne : les flottes toutes chaussées pour l’hiver ?
La loi Montagne II va entrer en vigueur. Désormais, chaque année, à partir du 1er novembre et pour cinq mois, les automobilistes seront tenus d’équiper leurs véhicules de pneus hiver ou quatre saisons, pour avoir le droit de rouler. Comment se positionnent les flottes et comment s’adaptent les enseignes spécialisées dans l’entretien automobile ? Éléments de réponse.
Dans un premier temps, seuls 48 départements situés au cœur ou à proximité des massifs montagneux (Alpes, Massif central, Jura, Pyrénées, Vosges, mais aussi la Corse) sont concernés par cette nouvelle législation. Cependant, sur chacun de ces territoires, la loi Montagne prévoit que les automobilistes ne seront soumis à l’obligation d’un équipement pneumatique adapté que dans certaines communes, dont la désignation incombera aux préfets (voir la liste complète des zones concernées).
Des flottes plus ou moins informées, qui réfléchissent avant tout à la bonne stratégie
Pour une partie des flottes, peut-être précisément à cause de cette méthode de découpage, cette loi reste encore floue à appréhender. D’autant qu’à ce jour, elle n’annonce pas si et à quelle date les autres départements, eux aussi potentiellement touchés par des conditions de route difficiles en hiver, pourraient être soumis à leur tour.
"Je pense que beaucoup d’entreprises ne sont pas encore au fait de la loi Montagne", confirme Paulo Lima, l’un des Responsables régionaux de Point S, l’une des enseignes spécialisées dans la distribution et la monte de pneumatiques. Quant à celles qui se disent informées de la législation, "elles n’ont pas encore toutes décidé de leur stratégie", observe Philippe Ambon, Directeur du Cabinet Holson. À savoir : "est-ce qu’on met des pneus hiver ou est-ce qu’on met des pneus quatre saisons ? Et si oui, met-on des pneus quatre saisons à tout le monde ou uniquement dans les 48 départements où il y aurait peut-être besoin de le faire ?".
"De la prise de conscience à la modélisation des coûts et à la prise d’action, certaines flottes seront donc peut-être en retard", résume cet expert dans la gestion et la performance des flottes. "On risque de se retrouver confrontés mi-novembre à un réveil des clients, à une vague de demandes pour faire passer les pneus été en pneus hiver, à laquelle il faudra répondre présent", prévient Paulo Lima, qui assure dans le même temps que les centres Point S sont de toute façon déjà sur le pont depuis plusieurs semaines. La loi Montagne génère beaucoup d’interrogations et, plus que jamais, "il y a une vraie sensibilité pneumatique à avoir et un vrai conseil à donner aux utilisateurs", précise-t-il.
Les gestionnaires invités à venir en centre auto ou à solliciter les ateliers mobiles
Même anticipation de l’affluence due à la loi Montagne du côté d’Euromaster, autre référence sur le segment du pneu et de l’entretien automobile : "nos équipes ont été renforcées en vue de cette échéance", témoigne Alexandre Hennion, Directeur commercial de l’enseigne. "Par ailleurs, nous nous sommes concentrés depuis le printemps sur la préparation des stocks, pneumatiques toutes saisons et pneus hiver, de sorte à anticiper et à répondre au mieux à la demande client", se félicite-t-il.
Afin de fluidifier la demande et d’accompagner les gestionnaires de parcs sereinement dans le cadre de cette obligation hivernale, Euromaster, comme Point S, Feu Vert, Norauto et plusieurs autres leaders du secteur, joue la carte de la proximité, du service clé en main. "Nous incitons notamment nos clients professionnels à faire appel à nos unités mobiles. Celles-ci interviennent dans toute la France pour équiper sur site les véhicules en pneus hiver. C’est du gain de temps, de la rapidité", note Alexandre Hennion.
Un gain de temps qui peut s’avérer non négligeable pour les responsables de flottes à l’heure où d’autres réglementations, plus impactantes encore, liées entre autres à l’électrification des parcs (loi LOM) et aux zones à faibles émissions (loi Climat), ont rendu ces derniers mois leurs missions quotidiennes de plus en plus chronophages.
Les flottes déterminées malgré l’absence de sanctions cet hiver
La mise en application de la loi Montagne II, retardée déjà de près de cinq ans, pourrait apparaître d’autant plus nébuleuse que le ministère de l’Intérieur, chargé de la faire appliquer par l’intermédiaire des préfets, vient de déclarer que la non-conformité des pneumatiques ne serait assortie d’aucune amende.
Du bruit pour rien donc ? Pas vraiment en réalité. Si du côté de la Place Beauvau, en cette veille de campagne électorale présidentielle, on annonce certes vouloir faire preuve de pédagogie au cours du premier hiver, on insiste dans le même temps sur le fait que des sanctions de 135 euros seront bel et bien prévues dès novembre 2022 en cas de manquement.
En outre, la majorité des gestionnaires de flottes regardent généralement loin devant et considéreront, si ce n’est déjà le cas, toute l’importance de chausser dès à présent leurs véhicules de pneus hiver ou quatre saisons répondant aux exigences de la loi. Répondant parallèlement aux contrats d’assurance souscrits, et au-delà, à une qualité de pneus garantissant à leurs conducteurs, parfois quoi qu’il en coûte, une sécurité maximale sur route enneigée ou verglacée.
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