Mortalité routière : toujours plus de radars en réponse au mauvais bilan 2015
Selon un bilan encore provisoire, 3 464 personnes ont été tuées sur les routes françaises l'an dernier. C'est 80 morts de plus qu'en 2014, déjà en hausse par rapport à 2013. En réponse à ces mauvais chiffres, le ministre de l'Intérieur a réaffirmé sa volonté de conserver « une stratégie radar forte », avec 500 dispositifs supplémentaires en trois ans. Surtout des « radars leurres » vont être installés dès le mois prochain pour « multiplier par quatre le nombre des zones protégées », annonce Bernard Cazeneuve.
Pour la deuxième année consécutive, la mortalité routière est en hausse, annonce le ministère de l’Intérieur ce mercredi. Selon un bilan encore provisoire, 3 464 personnes ont perdu la vie l’an passé, contre 3 384 en 2014 (+2,36%) et 3 268 en 2013 (+6%), avec pourtant moins d’accidents corporels. « Un nombre d’accidents en baisse mais avec un bilan mortel en hausse signifie que plusieurs de ces accidents ont été particulièrement violents et meurtriers », observe la Sécurité routière.
Bien sûr, la terrible collision entre un poids lourd et un autocar à Puisseguin, en Gironde, le 23 octobre dernier, qui a fait 43 morts, résonne encore dans toutes les têtes. Mais en creux, c’est bien aussi la vitesse qui est pointée du doigt par les autorités. « Une augmentation des vitesses pratiquées est venue s’ajouter à la hausse de la fréquentation sur les routes. Selon l’ONISR*, un quart des accidents mortels sur les 10 premiers mois de l’année 2015 ont pour cause principale la vitesse excessive ou inadaptée », peut-on lire dans le communiqué de la Sécurité routière.
La vitesse en ligne de mire
« Après dix années de diminution des vitesses moyennes enregistrées notamment grâce à l'implantation des radars, la tendance s'est inversée depuis 2013, avec des vitesses moyennes en hausse de 1 à 4 km/h », répète également le ministre de l’Intérieur ce matin dans Le Parisien. La solution ? Continuer notamment et surtout avec « une stratégie radar forte ». Le seul souci, c’est que ce contrôle automatisé ne présente plus les mêmes rendements – le nombre global de PV tend à se stabiliser ces dernières années, et les chiffres par appareil continuent de baisser.
Accroître le nombre de radars, c’est donc aussi un coût. La grande trouvaille du gouvernement, c’est alors « le déploiement dès le début février de zones de radars leurres ». Il s’agit de cabines, du moins de boites qui auront l’apparence de véritables radars fixes, mais sans machine à l’intérieur, afin « de multiplier par quatre le nombre des zones protégées », détaille Bernard Cazeneuve. Pour rappel, lors du dernier Conseil Interministériel de la Sécurité Routière (CISR), présidé par le Premier ministre Manuel Valls, début octobre, on parlait alors de mettre en place 10 000 voire 15 000 « radars leurres ».
Multiplication des zones de contrôle radar
Pour ce qui est des vrais radars, leur nombre progressera quand même un peu, pour passer de 4 200 à 4 700 dispositifs, tous types confondus, en trois ans. Sans compter que le gouvernement a aussi annoncé son intention d’expérimenter l'utilisation de drones pour contrôler la vitesse, et surtout de confier le fonctionnement des radars embarqués - dans des véhicules aujourd’hui conduits par des gendarmes ou des policiers - à des sociétés privées ! Avec toujours le même objectif : multiplier les contrôles de vitesse.
Parmi les autres enseignements de ce bilan provisoire, il est à noter que, contrairement aux évolutions enregistrées ces dernières années, cette nouvelle hausse de la mortalité concerne principalement les automobilistes (+8% de tués, avec 135 décès supplémentaires), tandis que les usagers « vulnérables » sont plutôt épargnés. La mortalité des motocyclistes reste stable (- 1%), celles des cyclomotoristes (-10%), des cyclistes (-5%) et des piétons (-7%) sont même « en nette diminution ». La Sécurité routière rappelle malgré tout que « ces usagers vulnérables représentent toujours 40% des personnes tuées et 70% des personnes grièvement blessées alors que leur proportion dans le trafic est très faible ». Comme quoi, de nouvelles mesures les concernant aussi pourraient avoir un certain impact…
* L'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), chargé d’établir les bilans routiers.
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