Permis à 17 ans : et pourquoi pas à 16 ans ?
À partir du 1er janvier prochain, on pourra obtenir son permis de conduire à 17 ans. Et pourquoi pas plus tôt, comme dans la plupart des pays anglo-saxons ?
En juin, à l’annonce de la mesure, j’avais été tenté d’y consacrer un billet. Mais certaines réactions fortement hostiles m’avaient incité à laisser de côté le sujet, craignant que le gouvernement n’y renonce ou l’assortisse de conditions telles qu’elle ne concerne quasiment personne.
Ce qui m’avait alors étonné est que ce soit la Ligue contre la violence routière et la Prévention Routière qu’était venue l’opposition. La première rappelant que « les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les jeunes », la seconde considérant, par la bouche de sa déléguée générale que cela revient à « régler une problématique par un nouveau risque ».
Quelle problématique, pardon quel problème, évoque Anne Lavaud ?
Selon moi, c’est le fait qu’en France et en Europe, l’âge du permis B coïncide avec la majorité légale et le plus souvent avec la fin du lycée, l’entrée dans la vie active ou les études, moment de grand défoulement et de lâcher-prise parental. Que la grisante découverte de la conduite se déroule en même temps que l’entrée officielle dans l’âge adulte et ses inévitables – il faut que jeunesse se fasse – débordements est une aberration. Il fallait découpler ces deux événements.
C’est pourquoi je doute fort que le permis B à 17 ans déclenche un carnage sur la route et je présume même le contraire. D’ailleurs, pourquoi ne pas l’avoir avancé à 16 ans ?
Des débuts très encadrés
De l’autre côté de l’Atlantique, dans la plupart des États américains et canadiens comme en Australie, on conduit seul bien avant, entre 14 et 16 ans, et la mortalité des jeunes conducteurs n’y est pas plus élevée.
En revanche, les débuts de la conduite solo sont encadrés par différentes règles : pas de passager mineur et/ou pas de conduite nocturne, alcoolémie zéro, rayon d’action limité ou trajets restreints au travail ou aux études, toutes ces brides se desserrant au fil du temps.
Cet apprentissage progressif est depuis longtemps préconisé par tous les spécialistes de la formation à la conduite mais n’a débouché chez nous que sur le permis probatoire à 6 points, sans avoir jusqu’alors osé toucher au seuil des 18 ans.
Parce que, comme me l’avait expliqué un ponte de la Sécurité routière « politiquement, il ne serait pas simple d’expliquer que l’on élargit l’accès à l’automobile alors que l’on prône officiellement son remplacement par le vélo ou les transports en commun. » Il est d’ailleurs étonnant que ce ne soit pas du côté de l’écologie que le permis à 17 ans ait été le plus critiqué.
Carton rose et carte d’électeur, même combat
À propos de politique, il en va du permis comme du droit de vote. Pourquoi ne pas l’accorder deux ans plus tôt à ceux qui incarnent l’avenir, et sont les plus concernés par les grands choix et orientations politiques ? Parce qu’à 16 ans, ils ne seraient pas assez mûrs ? Que certains le soient beaucoup trop ne gêne pourtant personne : il ne serait pas pensable de rayer des listes électorales les vieillards victimes de Parkinson, d’Alzheimer ou autre démence sénile. Pas plus que l’on n’ose retirer le carton rose des conducteurs arrivé à un certain grand âge, pas même de le conditionner à une visite médicale régulière, véritable serpent de mer de la vie politique qui s’invite au débat à chaque fois qu’un papy fait des dégâts.
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