Pourquoi certaines régions ont moins de radars que d'autres ?

Le rapporteur du budget chargé de la sécurité routière a dressé un bilan finalement peu flatteur des radars automatiques en France en 2017. Vincent Delahaye, bien que prudent dans son analyse, n'a pu cacher son degré de scepticisme face à ces machines qui ont toujours été installées par le gouvernement pour améliorer la sécurité routière. Mais certaines questions se font aujourd'hui de plus en plus insistantes : pourquoi les radars surtout sur les autoroutes ? Pourquoi certains départements en ont moins que d'autres ?

L'interview commence très fort. Le journaliste demande au sénateur si l'implantation des radars est "pertinente" en France. La réponse : "ce n'est pas toujours le cas. Il apparaît que l'on trouve, par rapport au nombre de km, bien plus de radars sur les autoroutes qu'il en existe sur les routes départementales et communales, pourtant bien plus accidentogènes". Il enfonce évidemment une porte ouverte, mais il apporte tout de même des détails qui sont finalement peu surprenants : "je ne dis pas qu'elle (l'administration) cède à la facilité mais on sait que sur autoroute, le matériel ne sera pas vandalisé et qu'il est plus facile à installer. L'administration, elle, considère que l'on éduque les conducteurs sur autoroute. Avec des radars sur ces axes, on leur donne l'habitude de rouler moins vite ailleurs!"

Nous avons donc la confirmation d'un sénateur du choix d'emplacement des radars, même si Vincent Delahaye tempère la chose. Et si vous vous demandiez pourquoi vous avez des radars partout dans votre département et que vos voisins en ont moins, voilà un élément de réponse : "sans lien avec l'accidentalité, on constate en effet de fortes différences entre départements. Par exemple, la Seine-Saint-Denis arrive en toute dernière position en matière d'équipement. Alors que la moyenne en France est de 0,64, elle chute à 0,11 dans ce département. Pourtant, les accidents sur ce territoire ne sont pas moins importants qu'ailleurs. Je n'ai pas réussi à trouver une explication à ce sous-équipement. On ne peut qu'avancer une hypothèse comme la crainte du vandalisme. On mettrait moins de radars dans le 93 par peur de dégradations qui entraînent des réparations toujours coûteuses."

Incroyable ! La sécurité routière, oui, mais pas pour tous, donc. Si le radar automatique est si important que cela à la sécurité, cela revient à dire que la vie des habitants de Seine-Saint-Denis sur la route est un peu moins importante que celle des autres aux yeux de l'Etat, sous prétexte des dégradations... Evidemment, ce raccourci n'est pas vrai, mais c'est la leçon que nous pourrions malgré tout en tirer. Installer des radars, oui, mais surtout, qu'ils restent en place et qu'ils fonctionnent.