Road-trip Volvo en Suède: trois modèles historiques à l'essai (reportage vidéo)
Vous voulez faire plaisir à un journaliste automobile? C'est facile, mettez à sa disposition une ancienne (voiture)! A l'occasion du grand road-trip Caradisiac en Suède, nos amis Alexandre Bataille, Manuel Cailliot et Pierre Desjardins ont eu le privilège de s'installer au volant de trois Volvo de légende, et nous racontent tour à tour ces moments riche en émotion.
Alexandre Bataille a pris le volant de la Volvo PV 544
Née en 1927, Volvo s’est bâti un important patrimoine. A l’occasion de notre roadtrip en Suède, Volvo nous a sorti spécialement de son musée quelques trésors de sa collection, dont cette magnifique PV544. Cette berline des années 50 tout en rondeurs et couleur noir corbeau me ramène instantanément au temps de la prohibition. L’espace d’un instant je me prends pour Al Capone ! La PV 544 est une version plus moderne de la PV 444, la berline d’avant-guerre de Volvo. Elle se distingue par ses grandes surfaces vitrées, ses galbes et ses chromes. D’ailleurs elle est l’une des dernières à arborer sur ses flancs une hirondelle en chrome, la petite touche personnelle du designer de l’époque.
L’intérieur sent bon le vieux cuir, l’huile et l’essence. Il est accueillant, lumineux et sobrement dessiné. Les sièges bi-ton rouge et gris donnent déjà des indications sur ces intérieurs zen à la scandinave qui ont fait le succès de la marque. De la sécurité aussi il est déjà question puisque dès 1959, la PV544 inaugure la ceinture de sécurité à trois points aux places avant.
Un tour de clé (similaire à celle d’un cadenas) et le 4 cylindres en ligne de 60 ch se réveille sans tousser. L’odeur de l’essence, le ralenti typique d’une ancienne et le regard jaloux de mes collègues me mettent dans l’ambiance. Le volant est aussi fin qu’un cerceau de gymnastique. C’est en réalité une direction dite de sécurité pour améliorer la protection des occupants.
Le levier de vitesses à la forme d’un javelot. Il est planté dans le plancher paraît immense. Et hop, en route ! la PV544 est facile à prendre en main, la boîte de vitesses est synchronisée ce qui déjà pour l’époque est une preuve de modernité. La suédoise s’élance sur la piste d’essai de Göteborg qui nous est privatisée. Après un premier tour de chauffe je prends confiance et réalise même une pointe 55 km/h ! Les trajectoires sont plutôt faciles à négocier du moment qu’on ne la chahute pas trop mais ce qui frappe davantage c’est son confort. On a presque l’impression d’être au volant d’une DS tant l’amortissement est souple. Cette expérience aura été le point d’orgue de notre journée dédiée au passé de la marque avec la visite du musée.
La Volvo PV 544 en chiffres:
Années de production : 1958 - 1965
Volume produit : 243 990
Caisse : berline 2 portes
Moteur : 4 cylindres en ligne, 60 ch à 4 500 min ou 85 ch à 3 500 min.
1961 : 1 778 cm³ ; 75 ch à 4 500 min ou 90 ch à 5 000 min, augmentés ultérieurement à 95 ch
Transmission : boîte manuelle à 3 ou 4 vitesses, levier au plancher
Freins : hydrauliques à tambour sur toutes les roues
Manuel Cailliot a conduit la Volvo Amazon
Il est toujours assez émouvant pour un journaliste auto de prendre le volant d'une ancienne. Surtout quand on est né dans les années 80, et que les seules voitures que l'on a conduites depuis sa majorité ne peuvent être qualifiées que de "modernes". Et donc, plus ou moins, en tout cas de plus en plus aseptisées.
Avec cette Amazon (un nom utilisé uniquement en Suède, car il était déposé dans d'autres pays où elle s'appela P121, 122S ou 130 pour la 2 portes), un modèle commercialisé à partir de 1957, on est loin d'être dans l'aseptisé ! Au contraire, c'était l'époque des autos sans filtres, sans assistances, mais pas rustres pour autant. Du moins pas celle-ci.
Les quelques tours du circuit d'essai Volvo de Göteborg m'ont permis de le constater. On s'installe déjà dans des sièges en simili-cuir hyper confortables pour le séant. Y compris à l'arrière, auquel on accède, dans cette version P130 coupé 2 portes, en basculant les sièges avant, et où on dispose d'un espace remarquable.
Le conducteur, lui, se retrouve face à un tableau de bord au charme délicieusement surané, avec des compteurs horizontaux, et une tripotée de tirette dont la fonction n'apparaît pas évidente au premier abord, tout étant écrit en suédois... L'une d'entre elle est le starter, qu'il est nécessaire de tirer pour démarrer à froid. Un geste aujourd'hui oublié. Le 4 cylindres 1.8 s'ébroue gentiment, et il suffit de quelques minutes avant qu'il soit suffisamment chaud pour couper le starter. C'est le moment de boucler la ceinture 3 points, une exclusivité en 1957, avant de passer la première vitesse d'une boîte 4 synchronisée.
Et force est de reconnaître que l'Amazon se conduit (presque) comme une moderne. L'embrayage est doux et progressif, on ne cale pas facilement, et les rapports passent sans accrocher, pour peu qu'on décompose bien le mouvement. Les débattements sont énormes par contre. Les 90 ch, s'ils ne sont pas des foudres de guerre, suffisent à mouvoir cette grâcieuse berline. Qui se révèle étonnamment confortable. En suspension du moins, pas au niveau auditif. Sans filtre on a dit, et surtout pas au niveau des décibels, qui sont bien présents, même à petite vitesse.
Le circuit qui virevolte pas mal met en lumière une direction un peu floue mais informative. Non assistée, elle est assez légère lorsque l'on roule, mais devient camionnesque lors des manoeuvres, mes bras s'en souviennent encore ! Et mes mollets, eux, de se rappeler que le freinage d'époque est non assisté, et qu'il faut appuyer aussi fort sur la pédale que le freinage, enfin que dis-je, le ralentissement offert par les 4 tambours, est léger.
En sortant de l'auto après cette agréable expérience, je m'attarde sur le style moderne pour l'époque de ce coupé. Feux ronds, ailes et capot galbés, chromes un peu partout (pare-chocs, phares, entourages de vitres), ce n'est pas vilain du tout, et très inspiré des modèles américains de l'époque, mais aussi de la... Peugeot 403 ! Cette Amazon porte un nom au diapason de son esthétique : joli !
Et si jamsis je ne me verrai faire à son volant les 3 000 m de notre road-trip suédois, une plus longue balade routière à son volant ne m'aurait pas déplu.
La Volvo Amazon en chiffres:
Variantes : P131 / P132 (SPORT) / P123 GT
Années de production : 1961-1970
Volume produit : 359 917
Caisse : berline 2 portes
Moteur : 4 cylindres en ligne à soupapes en tête ; 1 778 cm³, 75 ch à 4 500 tr/mn ou 90 ch à 5 000 tr/mn, 95 ch en 1964 et 115 ch en 1966 - 1968 : 1 986 cm³, 90 ch à 4 800 tr/mn, 118 ch à 5 800 tr/min
Transmission : boîte manuelle à 3 ou 4 vitesses avec surmultipliée et levier de changement de vitesse au plancher - boîte automatique 3 vitesses avec levier sélecteur sur la colonne de direction
Freins : hydrauliques à tambour sur toutes les roues ; version S avec des freins à disque à l'avant. En 1964, freins à disque sur toutes les roues
Dimensions : longueur totale 4,45 m, empattement 2,6 m
Pierre Desjardins a conduit la Volvo P 1800
S'asseoir au volant d'une Volvo P1800 n'est pas une expérience anodine. Certes, c'est probablement l'une des plus belles voitures de l'Histoire de la marque sorties des usines de Gothenburg, fruit d'une collaboration inattendue entre Pelle Petterson, dessinateur suédois à succès de… bateaux, et Pietro Frua, travaillant alors pour, excusez du peu, le carrossier italien Ghia. Mais c'est surtout la voiture de fonction du Saint, série britannique mythique produite de 1962 à 1969 dans laquelle le personnage principal, Simon Templar, est incarné par le charismatique Roger Moore, quelques années avant qu'il n'acquière son statut définitif de star mondial en enfilant le costume du plus célèbre agent secret du monde, James Bond, en 1972.
C'est donc à bord d'une voiture suédoise influencée par le style italien et rendue par une série anglaise que ce journaliste français, moi-même, vient de prendre place fébrilement pour quelques tours du circuit de test de Volvo. Cette P1800S de 1968, amoureusement restaurée et entretenue par la marque, héberge sous son long capot un 4 cylindres en ligne B18 de 1 778 cm3 alimenté par deux carburateurs SU double corps et envoyant 115 chevaux aux roues arrière. Pas le temps de s'extasier plus longtemps, la voiture-travelling s'étant déjà élancée sur la piste.
Une fois la ceinture 3 points (eh oui, déjà) attachée, je réveille la mécanique d'un quart de tour de la clé. Embrayage enfoncé, passage de la première permettant en un geste de constater une précision et un verrouillage qui n'a rien à envier à une moderne, on relâche la pédale de gauche en nourrissant celle de droite et nous voilà parti. Le volant géant rappelle les origines nautiques du style du modèle tout comme la précision de la direction et le roulis mais le moteur se montre par contre d'une vivacité étonnante une fois dans les tours, avec toujours cette boîte de vitesses qui est un régal à manipuler. Une fois arrivé à quelques centimètres du pare-chocs arrière du XC90 embarquant photographe et cameramen, il est cependant temps de mettre à contribution une dernière pédale. Celle du milieu. Et qui ne semble connecter à strictement rien sur 95 % de sa course, ce qui laisse juste le temps à quelques gouttes de sueur d'apparaître sur mon front.
Une fois que je me suis familiarisé avec l'engin, la tension cède peu à peu la place aux plaisirs, l'odeur du cuir cinquantenaire se mélange avec les vapeurs d'essence et d'huile chaude et le moteur ronronne à travers ses carbus. On aurait même juré avoir entendu les premières notes du générique du Saint au moment d'emprunter la voie des stands.
La Volvo P 1800 en chiffres:
Années de production : 1961 - 1972
Volume produit : 39 414
Caisse : coupé 2 places
Moteur : 4 cylindres en ligne à soupapes en tête ; 1 778 cm³ ; 84,14 x 80 mm ; 100 ch à 5 500 tr/min augmentés en 1968 à 108 ch à 5 800 tr/mn. Une version à carburateur de 2,0 l est apparue en 1968, suivie, en 1969, par une version à injection de 120 ch.
Transmission : boîte manuelle à 4 vitesses ou boîte manuelle à 4 vitesses ou encore boîte manuelle à 3 vitesses, toutes avec levier de changement de vitesse au plancher
Freins : hydrauliques, à disque à l'avant et à tambour à l'arrière ; les modèles ultérieurs étaient dotés de freins à disque sur toutes les roues
Dimensions : longueur totale 4,40 m, empattement 2,45 m
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