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Route de nuit - Bela Barenyi, l’inventeur de la sécurité passive

Grand théoricien des zones à déformation programmée, Béla Barényi a énormément fait pour la sécurité passive des voitures en œuvrant chez Mercedes.

Route de nuit - Bela Barenyi, l’inventeur de la sécurité passive

L’automobile moderne est le fruit de plus d’un siècle et demi d’inventions, allant du moteur à quatre temps à la conduite autonome en passant par le frein à disque. Impossible de toutes les lister ! Mais il est une notion qui revêt une importance capitale depuis plus de vingt ans : la sécurité passive. Celle-ci compte plusieurs pionniers, parmi lesquels il en est un qui se détache : Béla Barényi.

Né près à Hiertenberg, de Vienne, dans l’empire austro-hongrois en mars 1907, il s’est très vite intéressé à l’automobile (d’autant que ses riches parents possédaient une luxueuse Austro-Daimler), comme à l’heure actuelle, les jeunes se passionnent pour les jeux vidéos.

Croquis exécuté par Barényi vers 1925, préfigurant avec une acuité étonnante la VW Coccinelle.
Croquis exécuté par Barényi vers 1925, préfigurant avec une acuité étonnante la VW Coccinelle.

Dès l’âge de 17 ans, il entame une formation d’ingénieur, pressentant que l’automobile avait encore d’immenses perspectives d’évolution. Très avance sur son temps et bouillonnant d’idées, il dessine aux alentours de 1924-1925 un prototype à la silhouette très arrondie, aux antipodes des caisses carrées qui sévissaient à cette époque. Implantant le moteur à l’arrière, ce projet annonce plus dix ans en avance ce que sera la VW Coccinelle, développée par Ferdinand Porsche. Barényi s’en verra d’ailleurs officiellement attribuer la paternité intellectuelle, après un procès de plusieurs années !

En attendant, il est diplômé en 1926 et travaille chez plusieurs constructeurs germaniques, dont Steyr et Adler, mais la crise de 1929 frappe durement sa carrière. Licencié, il erre de jobs en jobs et finit par trouver un emploi à Berlin, à la Getefo, et se voit envoyé dans la branche française de la compagnie, la Soprotec, à Paris, où il rencontre celle qui deviendra sa femme, Maria Kilian. Fort d’un esprit fécond, il produit brevet sur brevet. En 1937, il développe une idée qui aura une importance historique, tant il sauvera des vies : celui des zones à déformation programmée.

En clair, il imagine une structure, où la cellule centrale est rigide, pour protéger les passagers, tandis que l’avant et l’arrière de la voiture, souples, agissent comme des coussins pour amortir les chocs. Simple et brillant ! Malgré son tempérament fort et son franc-parler, il se fait embaucher en 1939, après un énième licenciement, chez Mercedes-Benz.

Il en rencontre en tête à tête le grand patron, Wilhelm Haspel, et lui explique en quoi ses autos sont mal conçues…  Néanmoins, Haspel voit en lui une ressource exceptionnelle et lui dit que ses idées ont 15 à 20 ans d’avance.

Il lui confie carrément la création d’un département des projets avancés où il pourra mener ses travaux, à Sindelfingen, et toutes ses trouvailles seront directement confiées au service des brevets.

S’il est raffiné et élégant, Barényi ne pense qu’à travailler, même chez lui, et son caractère aussi jusqu’au-boutiste qu’obsessionnel le pousse souvent à effectuer ses recherches seuls, dans son laboratoire.

La guerre ralentit les efforts de Barényi, mais dès 1951, le brevet des zones à déformation programmée est déposé par Mercedes, et la première auto à en bénéficier sera la W111, surnommée Heckflosse, en 1959.

La Mercedes W111 « Heckflosse » est la première auto au monde à se doter de zones à déformation programmée, en 1959.
La Mercedes W111 « Heckflosse » est la première auto au monde à se doter de zones à déformation programmée, en 1959.

A cette époque, on ne parle guère de sécurité, car on considère que cela relève d’une vision négative des choses et fait perdre des ventes. Néanmoins, Barényi continue ses nombreuses recherches, qui déboucheront sur des inventions aussi capitales que la colonne de direction à absorption d’énergie, en 1963, ou encore le hard-top de sécurité, ce qui donnera le fameux toit « pagode » de la Mercedes SL.

Vue en coupe de la W111, montrant le principe de la cellule de survie alliée aux zones à déformation programmée.
Vue en coupe de la W111, montrant le principe de la cellule de survie alliée aux zones à déformation programmée.

En 1966, avec l’ingénieur Hans Scherenberg, directeur du développement chez Mercedes, il établit que la protection offerte par une voiture, se divise en deux : la sécurité passive, dans laquelle il est spécialisé, et la sécurité active, la propension d’une auto à éviter un accident, ce qui mènera par exemple un ingénieur de Daimler à avoir l’idée de l’ESP plus de vingt ans après.

La colonne de direction à absorption d’énergie, brevetée par Mercedes en 1963, suite au travaux de Béla Barényi.
La colonne de direction à absorption d’énergie, brevetée par Mercedes en 1963, suite au travaux de Béla Barényi.

Barényi prend sa retraite le 31 décembre 1972, après avoir officiellement déposé 1 244 brevets (plus de 2500 officieusement). En 1994, il est reçu à Detroit à l’Automotive Hall of Fame, et accède au cercle restreint des plus grands inventeurs. Il décèdera en le 30 mai 1997 à Böblingen, en Allemagne. Avec Niels Bohlin, l’inventeur de la ceinture trois points chez Volvo, Barényi est peut-être l’ingénieur qui a le plus contribué à sauver des vies dans le cadre des accidents de la route.

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