Route de nuit - Conduite à gauche, en voiture avec François Mitterrand
On célébrait cette semaine les quarante ans de l’accession de François Mitterrand à l’Elysée, et c’est l’occasion de se pencher sur Conduite à gauche, un ouvrage écrit par Pierre Tourlier, qui fut son chauffeur de 1974 à 1995.
Pas de grandes considérations géopolitiques à attendre ici, mais des dizaines d’anecdotes qui dressent le très intéressant portrait d’un homme qui surfait entre les obligations élyséennes, les courtisans, sa vie privée agitée et bien sûr les contraintes que faisaient peser sur lui une longue maladie.
Au fil des pages, on voit émerger la véritable proximité, voire la connivence qui finit par s’établir de fait entre le Président socialiste et son chauffeur, ancien de l’OAS, qui va avoir à connaître nombre de petits et grands secrets, à commencer par celui de l’existence de Mazarine.
On apprend au passage que François Mitterrand ne s’intéresse nullement aux véhicules qui le transportent : « l’aspect de la voiture, sa couleur et celle des sièges, sa marque, toutes ces considérations le laissent parfaitement indifférent », précise Tourlier.
Et celui-ci d’évoquer la CX, héritage de Giscard à l’Elysée, qui servait pour de petits trajets alors que les deux R30 officielles étaient réservées aux longs déplacements. Un jour de 1982, juste après avoir joué au golf, Mitterrand prend place à bord de la Citroën alors que la suspension est en position basse.
Il en résulte un probable faux mouvement, ce qui provoque de vives douleurs au dos du Président, et va alimenter la machine à rumeurs concernant sa santé dans tout Paris. En réalité une simple lombalgie, qu’un rebouteux venu expressément des Landes soignera en une séance…
Chauffeur sans permis
Le Président adorait rouler fenêtre ouvertes, ce qui suscitait une vive inquiétude. Dialogue avec son chauffeur :
- Vous vous rendez compte, on a dépensé plus d’un million de francs pour s’équiper en véhicules blindés, et vous ouvrez les fenêtres.
- Mais moi je n'ai rien demandé...
Et Pierre Tourlier de préciser que, pour limiter les risques, il empruntait les couloirs de bus et « les feux rouges n’existaient pas. »
Autre scène cocasse, un jour où le convoi présidentiel croise celui du Premier ministre Edouard Balladur en plein Paris : « Notre service de sécurité a estimé que les véhicules du Premier ministre devaient lui céder la priorité. Ce qui fut fait, au grand dam des services de police chargés de la sécurité du Premier ministre. A ce moment-là, les insultes et les noms d’oiseaux ont fusé entre les deux cortèges, donnant à cette scène un caractère proprement surréaliste. »
Bref, on s’amuse beaucoup à la lecture de cet ouvrage, au terme duquel on apprend que Pierre Tourlier, chauffeur de François Mitterrand pendant plus de vingt ans, n’avait jamais passé le permis de conduire…
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