Route de nuit : que sont nos vieilles stations-service devenues ?
On en comptait 47 000 en 1975, elles ne sont guère plus de 11 000 aujourd'hui. Le nombre de stations-service a dégringolé en France et peu à peu, ces marqueurs du bord de nos routes ont été abandonnées. Mais la nature a horreur du vide et quelques-unes d’antres ont été reconverties, en boulangeries, maisons de particuliers et même en centres culturels.
En France, il y a 50 ans, les stations-service étaient quatre fois plus nombreuses qu'aujourd'hui. Elles sont en voie de disparition, et les principales victimes sont les pompes indépendantes. En ville, les législations successives ont eu leur peau. Comme la dernière loi en date, qui remonte à 2017 et oblige ces stations à se situer, au minimum, à 13 m d'un immeuble d'habitation. C'en sera donc bientôt fini des rares pompes encore ouvertes à même le trottoir parisien. Une raréfaction toute aussi flagrante à la campagne. Dans les zones rurales, le voisinage n'est pas en cause, mais c'est la grande distribution qui, depuis les années quatre-vingt, a eu raison des pompistes indépendants. Quelques-uns d'entre eux ont été repris par des pétroliers (Shell et Total, notamment), mais beaucoup d'autres ont mis la clé sous la porte.
Alors que faire de ces friches de bord de nationales ou de départementales ? Les reconvertir en commerce est tentant, et plusieurs professionnels s'y sont risqués, transformant les anciennes stations en véritables boulangeries drive-in, puisque les emplacements s'y prêtent. D'autres types de commerces (épiceries, pressing, agences immobilières) tentent eux aussi l'aventure. Seulement cette reconversion se heurte souvent à un obstacle de taille, ou plutôt à un budget de taille. Car pour transformer une station-service, il faut d'abord la dépolluer. Des décennies de distribution d'essence laissent des traces profondes dans le sol. Coût de l'opération : 150 000 euros. De quoi faire hésiter un artisan ou un petit commerçant. Le groupe Total a bien voulu régler l'opération dans quelques cas, et certaines collectivités en ont fait de même d’autres. Résultat : ici et là d'anciennes pompes à essence reprennent vie, même si beaucoup d'entre elles restent abandonnées, faute de trouver preneurs, et faute de trouver auprès de l'État, le budget nécessaire à la dépollution, même si ce dernier s'est engagé dans ce se sens en 2014.
En Allemagne, les länder (régions) prenant facilement en charge la dépollution, nombre de particuliers rachètent des stations pour en faire leur maison. Mais si en France on n'a pas toujours 150 000 euros, ni subsides de l'État, on a des idées et des camions de déménagement. Plusieurs stations, signées de l'architecte Jean Pouvé et construites dans les années 50 et 60 ont ainsi été démontées, et remontées sur des terrains viabilisés et non pollués.
Parfois, heureusement, les municipalités trouvent les sommes nécessaires à la dépollution, et certaines d'entre elles rachètent purement et simplement les stations abandonnées pour les louer à des commerçants, ou pour les gérer elles-mêmes et les ouvrir au public. C'est ainsi qu'est née La Station à Magny-Cours. Lieu culturel, salle d'expo et cinéma, elle permet désormais, comme l'indique le programme, de faire le "plein de culture". D'autres stations ont été rachetées par des municipalités de petits villages isolés. elles ont été réhabilitées et sont redevenues des stations-service, tout simplement. Les habitants se plaignant d'une trop grande distance qui les séparaient de la première pompe, leur maire a rouvert le lieu, désormais géré par le service public et mis en gérance.
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