Sondage - Les conducteurs les plus âgés doivent-ils passer une visite médicale ?

La question revient régulièrement dans l'actualité, malheureusement souvent à la suite d'un drame de la route. Cette fois, pas d'accident, mais le débat est relancé avec la proposition de loi de la députée Virginie Duby-Muller (Les Républicains).

La proposition de la députée

Dans le texte enregistré à l'Assemblée Nationale, il est indiqué que chaque conducteur d'au moins 70 ans avec le permis A ou B "doit fournir un certificat médical délivré par un médecin agréé auprès de la préfecture du département et attestant de sa capacité totale ou partielle à conduire. Il peut prononcer l’interdiction totale ou partielle de conduire dans les conditions définies par décret pris en conseil d’État". Le certificat médical serait à renouveler tous les cinq ans.

Que disent les statistiques de la sécurité routière ?

Elles ne sont pas bonnes pour les conducteurs les plus âgés. En 2013, 688 personnes de 65 ans et plus ont perdu la vie sur les routes françaises, un score en forte baisse par rapport à 2012 (745). Mais depuis, c'est une hausse constante, avec 771 décès en 2014, 831 en 2015 et 886 en 2016 ! Soit une progression de 19 % en 3 ans. Dans le même temps, la mortalité totale a augmenté de 6,4 %, passant de 3268 à 3477 tués.

L'année dernière, les plus de 65 ans ont représenté un quart de la mortalité routière. Or, ils correspondent à environ 16 % des conducteurs. Dans cette catégorie de la population, il y a eu en 2015 71 tués par million d'habitants. La moyenne nationale est de 53. Mais une donnée nuance le tout : il y a avant tout une surmortalité des plus âgés chez les piétons et cyclistes. En 2016, 52 % des marcheurs et 41 % des cyclistes tués avaient plus de 65 ans. Et sur ce point, rien ne changera avec un contrôle médical, qui ne va tout de même pas empêcher les gens de faire du vélo ou se promener.

Faire face au vieillissement de la population

Il est évident qu'avec l'âge, l'état de santé peut influencer la conduite de manière négative. La vue et l'audition peuvent baisser, des rhumatismes peuvent gêner les mouvements, les réflexes sont moins bons. Une statistique est très parlante : sur l'autoroute, près d'un contresens mortel sur deux est causé par un conducteur de plus de 70 ans. La crainte est d'ailleurs de voir la mortalité renforcée avec le vieillissement de la population. Selon l'Insee, en 2050, un Français sur trois aurait plus de 65 ans, contre un sur cinq en 2005 !

Comme le rappelle la députée dans sa proposition, le permis "gage la capacité du conducteur à circuler sans mettre en danger sa vie ni celle d’autrui". Il relève du bon sens pour chaque personne de se remettre en cause si elle sent qu'elle peut être dangereuse au volant. Mais on le sait bien, la voiture, c'est le meilleur symbole de l'autonomie. Renoncer à conduire, c'est s'isoler, surtout à la campagne. Pas simple alors d'autoanalyser ses capacités de manière objective, d'où l'idée d'un contrôle médical. D'ailleurs, l'objectif ne serait pas d'avoir des avis tout blancs ou tout noirs. Les médecins pourraient prononcer des interdictions partielles, par exemple pour la conduite de nuit ou sur autoroute.