Tesla et Elon Musk, seraient-ils devenus indésirables ?
La chaîne de pharmacies allemande Rossmann ne veut plus acquérir de véhicules Tesla pour équiper sa flotte en raison du soutien d’Elon Musk à Donald Trump. Un nouveau revers pour le constructeur automobile américain déjà en proie à de précédentes défections.
La nouvelle est tombée, laconique et cinglante. " À partir de maintenant, Rossmann n’achètera plus de véhicules Tesla pour sa flotte." Pour le groupe de pharmacies allemand, les positions d'Elon Musk suscitent l’indignation. Raoul Rossmann, porte-parole de la direction, épingle la contradiction entre " la mission de Tesla de contribuer à la protection de l’environnement par la production de voitures électriques et le soutien d’Elon Musk à Donald Trump ".
Climatosceptique revendiqué, le candidat républicain à la présidentielle américaine qualifiait en 2015 le réchauffement climatique de " canular ", avant de nuancer ses propos en 2018. " Je crois que ce n'est pas un canular, il y a probablement une différence mais je ne sais pas si c'est à cause de l'homme ", déclarait-il sur CBS. Peu enclin à admettre le bien fondé de la transition énergétique, cet été encore, le candidat républicain stigmatisait, la voiture électrique comme " la nouvelle arnaque verte " qui coûte des " milliards de dollars " dépensés " de façon inutile ".
Une question d'image
Selon Bloomberg, Rossmann possède " une flotte de 800 véhicules, dont 34 modèlesTesla, et en achète 180 nouvelles chaque année ". L’idée de ne pas renouveler ses commandes auprès du constructeur américain s’explique par le souci du géant pharmaceutique à se conformer à sa politique RSE. Rossmann veut rester en accord avec son image d'entreprise socialement engagée. L'impact, va ici au-delà du nombre symbolique d'automobiles en cause. La trentaine d'unités perdue pèse peu dans les comptes de Tesla. En termes d'image, cela revêt une tout autre ampleur. Avec à la clé un possible effet boule de neige. Le cas Rossmann n’est pas isolé. D'autres entreprises renoncent aux modèles de la marque.
Des déboires en cascade
Les sociétés de location courte durée comme Sixt et Hertz ne veulent plus de Tesla en parc. En 2021, le loueur américain avait passé commande de 100 000 Model 3, afin d’apparaître comme un pionnier dans la location de voitures électrifiées. Brève idylle. Hertz se débarrasser désormais de ses Tesla, jusqu’à vouloir totalement les retirer de sa flotte d’ici fin 2025. À cause de la guerre tarifaire menée par Elon Musk ces dernières années, les Model 3 ont perdu 50 % de leur valeur en occasion. Résultat : Hertz enregistre une dévalorisation mensuelle de 600 dollars par voiture. Le loueur évoque également " des coûts de réparation plus élevés que prévus ."
En février dernier, l'éditeur allemand de logiciels SAP, décidait lui aussi de " ne plus s'approvisionner en voitures de société auprès de Tesla, en raison de livraisons non ponctuelles et de fluctuations de prix. " Dans le quotidien Handelsblatt, le responsable de la flotte de véhicules de SAP, Steffen Krautwasser, souligne que " les prix catalogue de Tesla fluctuent davantage que ceux des autres fabricants, ce qui rend la planification plus difficile et présente un risque plus élevé pour l'entreprise." Pour un acheteur de flotte, il n'y a" rien de pire " que de perdre continuellement la valeur de ses actifs, explique dans Fleet news, Richard Knubben, directeur général de Leaseurope un groupe de crédit-bail présent dans 31 pays.
En Norvège, les moniteurs d’autos-écoles ne veulent plus que leurs élèves apprennent à conduire sur des Tesla. En cause, l’absence de commande au volant. Le directeur de l’école de conduite Harstad Traffic School interrogé par Motor, le 13 décembre dernier, affirme que le manque de clignotant au volant peut provoquer des comportements dangereux et compliquer certaines manœuvres, en particulier dans des ronds-points en raison d’une perte d’orientation.
Une envie de reconquête
Pour naviguer face aux vents contraires, et affronter une concurrence asiatique aussi innovante que féroce, Tesla a décidé de renforcer sa politique tarifaire et de proposer un geste commercial à l’égard des parcs d’entreprises. Le constructeur américain s’efforce également de renforcer la qualité de ses services en direction des parcs d’entreprises et travaille à resserrer les liens avec les sociétés de crédit-bail européennes. Il n'empêche. Il fleure comme une fin de Tesla mania chez les gestionnaires de flottes.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération