Transports scolaires: des "nudges" pour boucler sa ceinture !
4 millions de jeunes utilisent l’autocar, mais à peine 10% y bouclent leur ceinture de sécurité. Pour améliorer ce résultat, la Fondation Maif a mené une expérimentation innovante et efficace.
Entre 2010 et 2017, le nombre d’usagers blessés ou tués dans un accident impliquant un autocar a augmenté de 2,6% par an. Dans la même période, le nombre d’automobilistes tués baissait de 2,5%.
Il convient donc d’agir pour sécuriser davantage encore les déplacements en autocar. Bien que la législation y impose depuis le 1er janvier 2015 le port obligatoire de la ceinture de sécurité, la non-observation de la règle est quasi-impossible à vérifier. Ce problème s’avère particulièrement préoccupant dans le cadre du transport scolaire, où le taux d’usage de la ceinture chute de façon drastique à partir de l’âge de 10 ans. Or, ce moyen de transport est utilisé quotidiennement par 4 millions de jeunes.
Cela a conduit la Fondation Maif à s’intéresser à la question à travers une enquête terrain inédite, basée sur la technique du « nudge » (ou « coup de pouce »). Quèsaco ? Le nudge consiste en une intervention extérieure qui modifie les mécanismes du choix. Une incitation, en quelque sorte.
Mais revenons à nos autocars. Alors que la quasi-totalité des enfants de moins de dix ans voyage attaché, il apparaît que le taux de « bouclage de ceinture » est inférieur à 29% chez les 10-14 ans, et à 5% pour les 15-19 ans. Et la Fondation Maif d’expliquer que « la pression sociale des plus grands, qui considèrent le port de la ceinture comme ringard ou contraignant, joue fortement sur le comportement des plus petits. »
L’étude a duré deux semaines, et a été réalisée dans six cars scolaires (une semaine sans nudges, et une semaine avec), pour un total de 5 732 observations. La première semaine, il a été constaté que seuls 10% des élèves utilisaient la ceinture de sécurité. La seconde, les ceintures ont été mises en valeur de différentes façons, le but étant de les rendre visibles, voire de faire en sorte que les enfants soient obligées de les toucher pour ne pas être gêné au moment de s'asseoir. Et là, miracle ! Le taux de port de la ceinture de sécurité a été multiplié par 2,4, pour atteindre donc 24%. Pas la panacée, certes, mais ces résultats encourageants ont été obtenus à peu de frais. Autres bonnes nouvelles, les nudges se montrent aussi efficaces sur les filles que sur les garçons, et avec constance dans le temps.
« Nous constatons malheureusement que dans de nombreux domaines, les approches traditionnelles basées sur l’information et la sensibilisation s’épuisent, et montrent des limites », commente Marc Rigolot, Directeur Général de la Fondation Maif. «Face à des décisions parfois irrationnelles, nous recherchons des solutions innovantes pour modifier la façon de faire de la prévention, et les nudges représentent une belle opportunité comme les résultats de ce projet le démontrent. »
Intéressante approche que celle de ces nudges, au-delà des seuls autocars. On pense à la vitesse, par exemple. Car à en juger par les statistiques de sécurité routière, le « nudge » du radar automatique installé au bord des routes a aujourd’hui atteint ses limites…
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