En bref

3 roues

2 passagers

V-Twin 2,0l 115 ch

40 850€

Oui, si l’on est sérieux 2 minutes, proposer un engin comme le 3Wheeler au prix d’une Audi S3 engendrera chez l’automobiliste rationnel un gros vissage d’index sur la tempe. Et lire de la part du journaliste que la Morgan offre bien plus que l’Audi peut également engendrer des commentaires malsains et quelques lettres de délation à Audi France. Bref, si vous êtes entrain de chercher du papier à lettre dans votre secrétaire tout en vous tapant la tempe avec votre index, cet essai n’est pas pour vous, je vous recommande donc de passer votre chemin pour aller directement sur le comparatif Kia Rio/Peugeot 208.




Chez Morgan, le modèle économique est simple puisque hormis la gamme moderne très récente, il consiste principalement en la perpétuation ad vitam aeternam des engins imaginés voilà plusieurs décennies. La Plus 8 repose sur une silhouette de roadster qui existe depuis les années 50 et si vous trouviez ça gonflé, sachez que le 3Wheeler à l’essai aujourd’hui a pris la route pour la toute première fois en … 1911. Morgan peut se targuer d’être un constructeur écolo, il recycle comme aucun autre ne sait le faire.


Comme son nom l’indique, le Three Wheeler est un engin typiquement britannique puisqu’il ne dispose que de 3 roues, une spécificité soutenue fiscalement autrefois par le Royaume Uni qui a justement engendré quelques engins assez étranges dont certains avaient poussé le vice à placer l’unique roue à l’avant (je vous recommande l’essai du Reliant Robin par Top Gear). Ici, par chance la roue célibataire est derrière vous et la voie avant plutôt large vous rassure sur sa capacité à ne pas verser sur le toit … qu’elle ne possède pas. Le 3W est un tricycle et ne répond donc pas aux mêmes normes que la faune automobile de laquelle il se distingue avec un humour typiquement british.


Essai vidéo - Morgan ThreeWheeler : Harley Shake
Essai vidéo - Morgan ThreeWheeler : Harley Shake


Le look singulier n’a rien de novateur, ce n’est ni plus ni moins que celui des tricycles que Morgan produisait il y a 100 ans … Cent ans, oui, c’est bien ça, à ceci près que le moteur est désormais un V-Twin (bicylindre en V) S&S de 2.0l de cylindrée (ça fait de grosses gamelles !) qui pétarade comme les motos américaines bien connues. Pour la petite histoire, S&S est le préparateur historique des moteurs Harley Davidson et qui commercialise ses propres blocs conçus sur la base des moteurs du constructeur. L’habitacle – la baignoire, l’obus ? – accepte deux personnes au gabarit non dilaté (ni en largeur ni en hauteur), le capot arrière se relève et cache un petit espace de rangement de part et d’autre de la roue, de quoi ranger son baise-en-ville et ses chaussures à bout pointu peu compatibles avec la pratique du 3W. L’habitacle verse dans le spartiate, pas de chauffage, de radio ou de GPS, pour trouver son chemin, il suffit finalement de demander aux premiers passants ou aux automobilistes que vous croisez, ils vous répondent tous avec bonne humeur. Pour s’installer à bord, les gabarits des 70’s (moins de 1.75m et 75 kg) peuvent tenter l’aventure volant en place en posant les 2 pieds sur le plancher et en se laissant ensuite glisser dans le fourreau, les autres ne remercieront jamais assez Morgan d’avoir prévu une petite astuce pour pouvoir déclipser le volant alors que les règles d’homologation l’interdisent pourtant. Par contre, ils devront combattre les éléments qu’ils prendront en pleine poire puisqu’au-delà d’1,75m, vous dépassez allègrement le petit saute-vent et vivez en pleine communion avec l’environnement. Agréable lorsqu’il s’agit des senteurs de la flore printanière, un peu moins quand il s’agit de celles des diesel puants pré-90’s et franchement douloureux lorsqu’on fait connaissance physique avec l’insecte virevoltant (pire encore avec celle du gravillon de haute montagne que la DDE répand en quantité au sortir de l’hiver pour faire croire qu’ils entretiennent les routes). Voilà des rencontres potentiellement létales si vous n’avez pas pris la précaution de vous chausser le ciboulot d’un heaume fort et/ou de lunettes en béton. N’étant pas équipé comme il se doit, j’ai opté pour un masque de ski ridicule sur le plan du style mais parfait pour continuer à regarder devant soi lorsqu’on dépasse les 90 km/h. Le masque de plongée fonctionne aussi mais j’ai un minimum d’honneur et aussi une famille.

Essai vidéo - Morgan ThreeWheeler : Harley Shake

Le châssis est gentiment tubulaire, le moteur placé en porte à faux avant refuse d’être couvert (le capot moteur s’arrête derrière lui et ne recouvre qu’un carter d’huile) et il envoie via un arbre de transmission ses 115 ch (l’homologation tricycle parle de 82 ch …) vers l’unique roue arrière (de voiture) chaussée en 165/65-16. Derrière les sièges, la rotation de l’arbre de transmission est transférée via un renvoi d’angle à une courroie qui, le long d’un bras oscillant aux origines motocyclistes, transmet la puissance et les 140 Nm de couple à la roue puis à la route. La boîte 5 rapports manuelle provient d’une Mazda MX5 et le pédalier qu’il faut faire régler à ses mensurations ne tolèrera pas les Santiags et autres Doc Martens. Par contre, il est superbement dimensionné pour effectuer le talon pointe de façon quasi naturelle, ce qui dans l’exercice de la conduite d’un 3Wheeler peut s’avérer salvateur.