Nous sommes dans une station-service Total. Pour descendre de la voiture et sortir son fauteuil roulant, cela lui prend environ 5 minutes. Franck, n’ayant pas suffisamment de force dans les mains, n’arrive pas à dévisser le bouchon du réservoir : il doit toujours demander de l’aide à quelqu’un pour enlever le bouchon et mettre de l’essence. D’après Franck, des automobilistes valides n’osent pas toujours l’aider car ils ont peur de la réaction des handicapés en général : il est vrai que certains handicapés réagissent mal face à leur aide car ils n’acceptent pas leur handicap. Mais ce n’est pas le cas de beaucoup d’handicapés et Franck, lui, accepte leur aide : tout le monde a besoin d’être aidé qu’on soit handicapé ou non. Il ne faut pas que les automobilistes valides hésitent à tendre la main. Franck est très psychologue avec les gens : même s’ils veulent l’aider alors qu’il n’a pas besoin de leur assistance pour certaines choses, il les laisse faire pour ne pas les vexer.

Une journée dans la voiture  d'un handicapé

Il me mentionne qu’il existe des stations-services dans lesquelles un employé est présent pour l’aider à mettre de l’essence mais bien sûr, comme il y a un service proposé, cela revient plus cher. Par exemple, c’est la station BP (1 place de la Porte Maillot 75116 Paris) qui propose ce service. Et lorsque je me mets à sa hauteur, je m’aperçois qu’il est impossible de voir le compteur sur la machine et savoir combien de litres ont été mis et combien ça va coûter. C’est le comble !

Lorsque les automobilistes vont à une station-service, ils en profitent pour regarder les niveaux et gonfler les pneus (gestes de contrôle essentiels avant de prendre la route). Cela paraît évident et facile mais pour une personne handicapée, c’est tout simplement impossible de faire ces gestes de sécurité. Franck est obligé de solliciter à nouveau l’aide de quelqu’un pour déverrouiller, ouvrir le capot puis mettre la tige de blocage. Et il ne peut pas vérifier le liquide de refroidissement et le liquide de frein car ils sont inaccessibles pour lui : de sa hauteur, il est impossible de voir les niveaux. Concernant l’air de gonflage, il est surélevé et les boutons de gonflage sont inatteignables pour lui.

Une journée dans la voiture  d'un handicapé

Au moment de passer à la caisse : autre obstacle ! Elle est bordée par un trottoir et n’a pas de rampe d’accès pour handicapés. Il faut encore l’aider à le franchir pour qu’il aille payer l’essence. Une fois cette tâche accomplie, nous voyons que le comptoir est trop haut pour Franck.

Sur le chemin du retour, Franck me dit que sa seule déception est de ne pas pouvoir changer de voiture tous les quatre ans car c’est trop compliqué (comme il nous l’a dit précédemment) et qu’il rêverait de posséder une petite citadine diesel et munie d’une boite automatique : il faut savoir que la majorité des constructeurs pour le marché français ne propose pas de petites voitures pas trop chères diesel avec boite automatique car d’après Franck, la plupart des automobilistes français n’aime pas les boites automatiques, ne permettant pas une conduite sportive alors que cela est totalement faux. Il est obligé de prendre une voiture essence pour avoir la boite automatique. Son souhait actuel : avoir une petite citadine telle la Smart, une mini, une décapotable telle la Peugeot 206 CC. Son souhait pour l’avenir : la démocratisation du régulateur de vitesse, qui permet de garder une vitesse constante sur l’autoroute, ce qui pourrait être très utile à Franck pour ne pas se fatiguer sur un long trajet. Un contrôle des niveaux sur le tableau de bord présent dans toutes les voitures, indispensable pour lui. L’élaboration d’un nouveau système : qu’il n’y ait plus de siège conducteur pour les voitures destinées aux handicapés et qu’à la place on puisse mettre directement son fauteuil roulant. Et cela serait bien que les constructeurs s’entendent pour que les équipements pour handicapés s’adaptent sur toutes les automobiles.

Fin du reportage. Retour à l'APF. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter à Franck une belle vie d’automobiliste et bonne continuation pour son combat en faveur de l’accessibilité des personnes handicapées !


L’APF : association des paralysés de France

Une journée dans la voiture  d'un handicapé

Créée en 1933 pour aider la personne en situation d’handicap à s’insérer dans la société, l’APF compte aujourd’hui 300 structures réparties sur toute la France.

L’APF accueille

L’association conçoit et met en œuvre les réponses qui vont permettre aux jeunes enfants et adolescents de développer au maximum leur potentiel et leurs capacités. Ces réponses adaptées passent par des aides individuelles et ponctuelles (services auxiliaires d’intégration scolaire, centres d’action médico-sociale précoce, services d’éducation et de soins spécialisés à domicile, instituts d’éducation motrice). L’APF travaille aussi à favoriser l’insertion professionnelle soit en milieu ordinaire, soit en milieu adapté. Les 21 Centres d’aide par le travail et les 24 ateliers protégés que gère l’association accueillent aujourd’hui plus de 2400 personnes.

L’APF accompagne

Handicapé ou valide, chacun a le choix de vivre chez soi, travailler, se distraire et participer à la vie socio-culturelle. Attentive, l’association n’a de cesse de développer des services à domicile, de poursuivre l’adaptation des structures au projet individuel de l’usager, tout en aménageant des réponses nouvelles.

L’APF défend

Vivre comme les autres et avec les autres. Telle est l’une des principales demandes exprimées par les personnes en situation de handicap. C’est donc la ligne politique de leur revendication. Recensant les besoins et les difficultés de chacun, l’association développe dans chaque département les moyens d’action appropriés. Ainsi, elle encourage les responsables administratifs et politiques des régions à prendre position et à agir en conséquence, notamment en matière d’accessibilité.

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