Dans le cas du vol temporaire, "c'est à dire lorsque le petit délinquant vole une voiture âgée pour simple usage personnel, puis l'abandonne par la suite, les voitures sont très vites retrouvées". Mais ce qui pose problème à la DNRAPB, ce sont les vols sur commande, exécutés par des professionnels. "Plusieurs pays, notamment en Europe de l'Est, sont friands des voitures de luxe et de coupés sport". Dans ce cas précis, il existe une dizaine de techniques différentes pour le vol.
Du simple car jacking à la neutralisation informatique des systèmes de sécurité. Certains poussent le vice, en commandant par exemple une Mercedes rouge avec les sièges en cuir blanc et une motorisation diesel. C'est un peu comme au restaurant… Un choix à la carte". Pour les véhicules plus vétustes, les filières sont orientées à destination du Maghreb et de l'Afrique noire.
Un business annuel évalué à 2 milliards d'euros
Mais dans cette entreprise parallèle, l'étape la plus délicate consiste à la légalisation du véhicule. Dans des cas extrêmes, le véhicule volé se retrouve en vente chez un concessionnaire, muni d'un bon de sortie d'usine et d'un numéro de moteur modifié. Ceci témoigne des moyens, du pouvoir et des réseaux dont disposent la mafia. Pour qu'un véhicule se retrouve ainsi légalisé, la mafia "fait appel à des faussaires, obtient des papiers vierges en préfecture ou se sert de cartes grises déjà existantes et vole le véhicule correspondant (marque et modèle). "C'est ce que l'on appelle chez nous la doublette. C'est à dire que deux véhicules en Europe roulent sous le même numéro. C'est une chose assez courante". Les papiers et les immatriculations falsifiés sont envoyés au préalable vers le pays de destination du véhicule, afin de valider la transaction avant le transport. Les commandes peuvent varier. Mais lorsqu'on joue dans le segment de luxe, la qualité l'emporte sur la quantité. Les réseaux parviennent à livrer les produits dans le lieu choisi par le client. "C'est plus qu'un simple business. C'est une entreprise parallèle qui emploie des centaines de personnes", commente le Brigadier major. Une enquête parue dans le quotidien espagnol El Mundo, indique que le business du vol de voiture rapporterait chaque année environ 2 milliards d'euros.
Parcours et destinations
Une fois le véhicule volé, plusieurs hypothèses se présentent. Si le véhicule est "recyclé" -qu'il est destiné à la revente- il quitte le territoire, le plus souvent par container. En Europe, les ports de Rotterdam, Anvers et Marseille sont les plus usités. Et les destinations les plus probables sont l'Europe de l'Est, l'Italie et le Moyen Orient. Mais certains malfrats utilisent également la voie terrestre et notamment les poids lourds, le plus souvent à destination de l'Italie. En parallèle, le véhicule peut-être démonté et livré en pièces, car ce marché connaît actuellement un essor conséquent. Dans ce cas, les destinations sont l'Afrique noire et le Maghreb.
La règle des trois tiers
Si l'on en croît les statistiques de la DNRAPB, environ 60 % des véhicules volés sont retrouvés. Bonnes nouvelles pour les propriétaires. Mais que deviennent les 40 % restants? La DNRAPB évoque la règle des trois tiers. Un tiers des véhicules reste en France, un second part à l'étranger et le troisième est constitué d'escroquerie à l'assurance. Dans ce cas précis, seul la compagnie d'assurance peut en informer la police. Mais ces derniers doivent prouver la culpabilité de leur "client" en chargeant l'un de ses agents de trouver des preuves. "Prenons un exemple concret, explique M. Anglade. Si l'assuré souhaite escroquer l'assurance. Il revend sa voiture à la moitié de son prix. Pour cela il va descendre à Marseille. Pour prouver l'escroquerie, l'expert devra apporter la preuve que l'escroc présumé est descendu en voiture et est remonté en train. C'est pour cela que bons nombres d'affaires sont en suspens."
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