Les forêts interviennent dans la lutte contre le réchauffement climatique en stockant le dioxyde de carbone (ou "gaz carbonique", CO2), l’un des principaux gaz responsable (par son accumulation dans l’atmosphère, de l’effet de serre). Le mécanisme permettant la séquestration de carbone atmosphérique dans la biomasse arborée est celui de la photosynthèse, par lequel les surfaces des feuilles, sous l’action de l’énergie lumineuse, absorbent du gaz carbonique (CO2) et rejettent de l’oxygène (O2). Les processus de photosynthèse, de respiration, de transpiration, de décomposition entretiennent la circulation naturelle du carbone entre les écosystèmes et l’atmosphère.
Toutes les forêts sont des réservoirs à carbone. Lorsqu’une forêt est en croissance, le stock de carbone augmente dans la biomasse, on parle de "puits de carbone". Quand le stock diminue (incendies, coupes rases sans replantation, exploitation non durable), on parle de "source de carbone". Les activités humaines qui conduisent au changement d’usage du sol (déforestation), faisant de certaines aires forestières des "sources de carbone", représentent environ 20% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Le boisement permet, au contraire, d’augmenter la capacité de stockage des écosystèmes terrestres. Lorsque l’on boise un terrain agricole nu, la forêt absorbe du carbone pendant sa phase de croissance, puis se stabilise à maturité avec un stock de carbone à l’hectare plus élevé, bien entendu, qu’avant plantation. La gestion durable des forêts contribue aussi à préserver leur rôle de réservoirs, en prévenant et en limitant les perturbations naturelles et anthropiques, et en structurant des peuplements à meilleure capacité de stockage.
Zoom sur le projet de puits de carbone forestier en Amazonie
Le constructeur Peugeot finance intégralement le projet de puits de carbone forestier en Amazonie, à hauteur de 10 millions d’euros : il est exécuté par l’ONF (Office National des Forêts), un maître d’œuvre, par le biais de sa filiale ONF International. Il s’inscrit dans une dynamique expérimentale et de démonstration : c’est un projet "pilote" destiné à faire école.
Peugeot a voulu avoir une approche globale de la question de la maîtrise des gaz à effet de serre engendrés par les activités humaines et contribuer au mouvement généré par le Protocole de Kyoto marquant l’importance de lutter contre l’effet de serre anthropique additionnel, au-delà des innovations technologiques visant à diminuer les émissions de CO2 à la source sur le produit automobile.
Il y a dix ans, le projet démarre par l’acquisition d’un domaine de 10 000 ha au nord de l’Etat du Mato Grosso (dans la partie sud-est de l’Amazonie), à la Fazenda São Nicolau : il est positionné sur le "front pionnier agricole" qui doit faire face à la progression de l’agriculture au détriment de la forêt amazonienne.
Depuis, plus de deux millions d’arbres de 50 essences locales ont été plantés sur les 1 742 hectares dédiés et les premières plantations culminent aujourd’hui à près de 15 mètres : la jeune forêt est désormais définitivement installée. 53 000 t de CO2 ont été séquestrées sur ces 1 742 hectares de plantations, soit 5,1 tonnes de CO2 par ha et par an en moyenne. La séquestration varie de 2 à 12 t CO2/ha/an d’une parcelle à l’autre, selon le mode de plantation (espacement) et les essences plantées.
Le CO2 est absorbé par les surfaces foliaires et stocké dans les feuilles, les branches, le fût et les racines par le mécanisme de la photosynthèse. Les émissions dues à l’usage du combustible ont été évaluées quant à elles à 2 000 t CO2 depuis le début du projet. Le "bilan carbone" du projet est donc de 53 000 t CO2 – 2 000 t CO2 = 51 000 t CO2 séquestrées. Ce bilan ne tient pas compte du stockage dans le bois mort, la litière et le sol, dont on ne connaîtra les résultats qu’à l’issue des analyses de laboratoire 2008.
Sur les 50 essences locales plantées, en plus du teck, dans un but de restauration de la biodiversité, une dizaine d’essences ont donné des résultats très intéressants. La capacité de séquestration de CO2 varie d’une essence à l’autre. Elle est essentiellement liée au taux de survie des plants, à la croissance annuelle en diamètre et à certains paramètres (forme du fût, densité du bois) synthétisés dans les "équations allométriques". Les essences locales "préférées" du projet :
- celles qui croissent le plus vite, en hauteur et en diamètre : la figueira (Ficus maxima) et la paineira (Chorysia speciosa)
- la plus résistante, l’aroeira (Astronium sp.) : plus de 95% de taux de survie après 5 ans
- celles qui stockent le plus de CO2, à diamètre égal : les Ipê (Tabebuia sp.)
- et aussi la cajazeira, la caixeta (malgré les parasites), le freijo.
(Courbe de croissance en diamètre des principales essences en plantation)
Les missions du puits de carbone Peugeot, véritable laboratoire : étudier par la réalisation d’un prototype vivant, à grande échelle et à long terme (40 ans), la relation entre reforestation, captation du carbone atmosphérique et régulation des climats ; promouvoir la biodiversité ; constituer une référence en matière de méthodes de suivi carbone sur des projets de plantations forestières ; développer un pôle de recherche pluridisciplinaire sur le site de la fazenda Sao Nicolau ; impliquer la population locale par la poursuite et le développement des activités socio-éducatives ; faire du site un modèle d'aménagement durable en intégrant les grandes activités traditionnelles de la région (élevage et gestion forestière, reboisement et aménagement de la forêt naturelle).
Le développement durable est ainsi mis à l'honneur et prend tout son sens : une initiative très intéressante et utile à saluer !
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