Les fabricants de matériels et l’Etat rivalisent d’imagination pour perfectionner les outils de traque contre les automobilistes. Un dernier équipement testé à Chambéry pourrait bien constituer l’arme fatale en matière de radars. Caradisiac vous livre des photos exclusives de la sale bête en plein exercice.
Un nouvel ennemi arrive
La problématique des forces de l’ordre est simple : comment faire plus (rentable), en mobilisant moins d’agents et de moyens. La première étape fut le radar laser : simple à mettre en œuvre, il permet de travailler à la fois en mesure et en interception. Ce joujou commercialisé par la Sagem, qui a repris les activités de la SFIM (Société Française d’Instruments de mesure), est en voie de généralisation rapide. Mais dernièrement, un nouvel ennemi redoutable a fait son apparition : le Line 300 à reconnaissance d’image. Importé des Etats-Unis, le matériel a été développé et paramétré en France par la société Soprecom sise à Grenoble.
Voici l’argumentaire du dispositif tel que rédigé par la société Soprecom : "opérationnel 24h/24 grâce à son illuminateur infrarouge (pas de flash, d’où sa discrétion), il permet le ciblage et l’identification du véhicule sans ambiguïté grâce à la présence du réticule laser sur les images numérisées. Doué d’une capacité de stockage illimitée en poste fixe (350 000 infractions en poste mobile), il permet un cycle de traitement des données manuel ou complètement automatique». Ce radar peut traiter des véhicules roulant jusqu’à 310 km/h dans une distance optimale allant de 175 à 350 mètres, en fonction de la focale utilisée. Sans ce système de traitement d’image, sa portée peut aller jusqu’à 1800 mètres !
Son prix pourrait limiter son utilisation
C’est le rêve incarné de tous les Ministres des Finances, à un détail près : la bête coûterait autour de 300 000 F H.T. On peut donc parier qu’il sera installé en priorité sur les endroits rentables, tels les boulevards périphériques. C’est d’ailleurs le cas à Chambéry, site expérimental. Il sera très probablement monté dans les boîtes que l’on a vu fleurir à Lyon et Paris sur les périphériques. Celles-ci n’abritent qu’occasionnellement leurs "pensionnaires". Mais le Line 300 fixe va leur donner une activité beaucoup plus intense : il n’est pas nécessaire de charger de pellicule photo ; il suffit de l’alimenter en courant continu ou alternatif, et le tour est joué. La transmission de données peut se faire par liaison filaire ou en télétransmission. Comprenez que les infractions constatées sont enregistrées par la machine et transmises directement dans les locaux des forces de l’ordre qui n’ont plus qu’à émettre les procès-verbaux. A noter : le Line 300 n’encombre pas sa mémoire des photos prises et transmises aux gendarmes et policiers. Un atout redoutable car il n’entraîne pas de manipulation destinée à vider sa mémoire. Bref, il est malheureusement efficace en permanence. Une vraie splendeur, on vous dit !
Le potentiel "commercial" est énorme au point que les responsables de la société Soprecom ont davantage de doutes sur le potentiel de l’administration que sur leur appareil : "Lors de notre test, on va s’attacher à voir les problèmes que cela pose et engendre avec l’édition des Procès-Verbaux. Car il faut pouvoir après traiter les PV."
Nos questions auprès de la Préfecture de Savoie ont embarrassé le service communication au point que notre questionnaire "a été transmis au cabinet du Préfet". Evidemment, inutile de vous préciser que les suites données ne furent pas positives, tout comme chez Soprecom d’ailleurs où l’on s’est contenté de nous renvoyer sur le site internet de la société.
Heureusement, cette superbe machine n’est pas encore homologuée par le Ministère de l’Intérieur. Sa généralisation reste donc encore soumise à ce long processus administratif. Mais ne doutons pas que tant du côté des Ministères que chez Soprecom, tout sera mis en œuvre pour obtenir le plus vite possible le fameux sésame permettant aux collectivités et à l’Etat d’acquérir ce système.
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