Alain Prost, très engagé dans le dossier du Grand Prix de France de F1 au moment du choix du site, confie son regret que le site de Flins ait été abandonné, malgré un projet solide et financé. Il estime que la volonté politique doit être forte pour faire revivre le Grand Prix de France.


Alain Prost, qui va participer cet hiver au Trophée Andros avec Dacia pour la deuxième année consécutive, reste très concerné par l’avenir du Grand Prix de France de Formule 1. Pour le quadruple Champion du Monde, ce projet doit rester en vie, malgré le retard déjà pris. « Il ne faut pas qu’il soit enterré », martèle-t-il dans l'émission Motors de RMC.

Alain Prost se désole de la tournure qu’ont pris les choses alors que tout était prêt. « Il y avait une opportunité fantastique, l’an dernier, à l’époque des régionales. Il y avait un premier projet à Disney (dossier d’abord plébiscité par Prost, ndlr), qui était peut-être un peu compliqué avec le recul. Mais Flins était un site exceptionnel avec un vrai projet, un vrai business plan, avec la Formule 1 que l’on accueillait seulement huit heures à l’année pour faire plaisir aux détracteurs. »

Pour l’ancien Champion du Monde, le projet de Flins rassemblait un grand nombre d’atouts, ce qui n’a malheureusement pas suffi. « Il y avait un vrai programme d’utilisation du circuit. Il y avait un avantage économique et social. Ce projet a été abandonné alors que tout était prêt, tout était financé. On aurait pu faire 100 000 (spectateurs) tous les ans autour de Paris. Tout le monde était enthousiaste, Bernie Ecclestone en premier. Mais le projet a été abandonné à cause des (élections) régionales, d’un problème écologique et surtout politique. »

Au delà de l’échec du projet de Flins, le pilote Dacia en Andros explique que la question économique est le grain de sable qui empêche le projet d’avancer, alors que le coût d'un Grand Prix européen est moins important que le coût d'un GP à Bahreïn, Singapour ou Abu Dhabi. « Veut-on un Grand Prix de France ? Aujourd’hui, on n’a plus de pilote français en F1, l’écurie Renault ne sera bientôt plus appelée Renault… C’est un peu compliqué mais tout ça n’est qu’un problème d’économie. Le prix du plateau de F1 demandé par Bernie Ecclestone est variable : une quinzaine de millions d’euros par ans, en Europe. A l’étranger, c’est entre 30 et 40, comme à Abu Dhabi. C’est donc une perte (de courir en Europe) pour Bernie Ecclestone, pour les écuries car ces sommes-là sont redistribuées aux équipes. »

Pour Alain Prost, la volonté politique doit s'accompagner d'une implication économique afin de relancer le projet. « Ce n’est qu’une équation économique : combien de spectateurs pouvez-vous accueillir ? Environ 50 à 60 000 payants. Le prix du plateau est de 15 millions, vous n’avez pas le droit à d’autres ressources. Les pertes sont donc d’environ huit millions d’euros. Qui est capable de mettre huit millions d’euros ? Soit ce sont les politiques, soit c’est le gouvernement en disant "c’est important pour la France d’avoir un Grand Prix de France", sinon ce n’est pas la peine d’en parler. Quand j’entends dire qu’il faut un promoteur, c’est une hérésie totale. Le promoteur, on l’avait avec le groupe Lagardère et moi-même. Mais il faut avant tout que l’économie soit viable, sinon ce n’est pas un promoteur qu’il faut trouver mais un mécène. »


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Prost: « Veut-on un Grand Prix de France ? »