L’E85 : comment ça marche ?
L’intérêt du E85 par rapport au GPL ou au GNC, ou même au véhicule hybride, est qu’il peut être utilisé directement dans les véhicules à moteur à explosion : pas besoin de modifications lourdes comme l’ajout d’un moteur électrique ou d’un second système d’alimentation. L’E85 est cependant plus corrosif que l’essence : le réservoir, la pompe, les conduites et les raccords d’un côté et les soupapes et sièges de soupapes de l’autre doivent donc être revus en conséquence. Avec un réseau de distribution encore peu étendu, il est aussi indispensable qu’une voiture roulant à l’E85 soit flex-fuel, c’est à dire qu’elle puisse rouler avec 100% d’E85 ou 100% au sans-plomb, avec toutes les nuances de mélange possibles entre les deux, une lourde tâche confiée à la fée électronique qui analyse la qualité du carburant contenu dans le réservoir à chaque plein.
Pour les distributeurs de carburant, pas besoin non plus de se lancer dans de grands frais, les anciennes cuves qui contenaient du Super plombé pouvant tout à fait accueillir à la place de l’E85.
D’un point de vue technique, l’E85 possède un indice d’octane supérieur à celui de l’essence (104 contre 95/98), une qualité qui permet une pression de suralimentation supérieure et un calage de l’alimentation plus avancé sans risque de "cliquetis" dommageable ou de pré-détonation. En résumé, la puissance du moteur augmente de façon fiable. Mais un défaut non négligeable en découle : la consommation de carburant augmente de l’ordre de 25 à 30%.
L’E85 : combien ça coûte ?
Tout le monde sait que l’argent est le nerf de la guerre, et que si l’E85 n’est pas économiquement intéressant, son succès en France est plus que compromis. Nous savons déjà qu’il sera commercialisé au 1er Janvier 2007 au prix de 0.80€ le litre grâce à une directive de l’Union Européenne abaissant les taxes sur les biocarburants. C’est une belle différence sur le papier par rapport à l’essence mais qui dans la réalité est moindre, compte tenu du prix de vente légèrement supérieur de la voiture neuve et de la consommation en hausse. En Suède, les véhicules roulant à l’éthanol profitent de nombreux avantages financiers concédés par l’Etat mais en France, la situation reste floue : c’est en ce moment même soumis à vote au parlement, ce qui débouchera peut-être sur un crédit d’impôt pour le particulier.
L’E85 : déjà un succès en Suède
Même s’il paraît tout nouveau en France, l’E85 est déjà présent en Scandinavie, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Irlande, en Suisse, aux Pays-Bas et en Belgique. Mais le pays européen le plus avancé dans le domaine reste la Suède, grâce à la fusion des volontés de son gouvernement, de ses constructeurs automobiles, de ses distributeurs de carburant, et surtout de l’enthousiasme de son peuple.
On trouve ainsi aujourd’hui 300 pompes à E85 sur le territoire suédois, ce qui représente 10% du réseau national et qui devrait même passer à 25% d’ici 2008 sur volonté du gouvernement. Un tel réseau permet au E85 de représenter déjà 2.5% du carburant utilisé dans le transport routier
Le gouvernement suédois n’est pas en reste, puisqu’il offre de nombreux avantages aux propriétaires de véhicules flex-fuel : taxation favorable de l’E85, mesures fiscales intéressantes et gratuité des stationnements et des péages. Il oblige de plus les administrations à compter au moins 50% de véhicules non polluants dans leurs flottes automobiles.
Sensible à l’environnement, le peuple suédois suit le mouvement, puisque le marché des véhicules verts représentent 13% du parc automobile total. Saab est passé maître dans ce domaine avec sa Saab 9-5 2.0t Biopower. Avec 11 500 modèles vendus, ce véritable succès commercial y représente 30% des ventes totales de véhicules flex-fuel, le double des estimations du constructeur à son lancement en juillet 2005. Une domination qui sera peut-être confirmée ce mois-ci avec le lancement d’une version 2.3t, que Saab nous a invité à essayer en ayant fait le plein au préalable avec de l’E85.
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