Scène 2


Midch et Fanch sont emmitouflés dans des blousons à capuche, il y a une flaque d’eau, c’est l’hiver. Les portes arrières du fourgon sont grande ouvertes, l’aménagement de l’intérieur n’a pas avancé, ou si peu : un matelas une place, des draps et quelques couvertures 100% acrylique jonchent le sol. S’il était possible d’observer les couvertures de près, on y trouverait accrochés quelques cheveux trop longs et trop blonds pour être ceux de l’un ou de l’autre.


MIDCH. Pfouh ! T’as glandé ma cagne, tu devais pas attaquer l’isolation ?


FANCH. T’as rien remarqué ? J’ai travaillé comme une brute.


Il saute à l’intérieur du camion, se prend les pieds dans l’une des couvertures, tombe à quatre pattes, se relève et montre à Midch un simple boulon sur l’habitacle.


LE MÊME. Tu vois ce bouton ?


MIDCH. Oui.


FANCH. Si t’appuies dessus, tu sais ce qui se passe ?


MIDCH. Non.


FANCH. Si t’appuies dessus, c’est automatique, chhhhhhh tac, le toit s’ouvre et laisse apparaître un rotor : le rotor principal. Même principe à l’arrière, chhhhhh tac tac : et voici le rotor anti-couple, le RAC comme disent les pilotes d’hélico. Pri—mor—dial le RAC, c’est lui qu’empêche l’appareil de tourner sur lui-même. Et dans la cabine y’a un manche à la place du volant.


MIDCH. J’vois rien.


FANCH, saisissant un manche imaginaire. Grimpe Midchou, je t’emmène faire un tour.


LE MÊME, imitant le bruit de l’hélicoptère. vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvvuT vvuuuuu uu ! uu ! Uuuuuu !!!


MIDCH, soudain inquiet. Ne décolle pas sans moi !


Il s’empresse de monter à bord.


LE MÊME, l’air étonné. Ça sent l’amour dans ton appareil.


FANCH. Punaise ! Pourtant j’ai aéré toute la journée. Oulalala ! Si Rikke rentre là-dedans, elle va encore me faire la misère.


MIDCH, l’air embarrassé (mais pas trop, faut pas exagérer). Tu veux dire que l’odeur c’est pas toi et…


FANCH, coupant la parole à Midch. Pourquoi on ferait ça dans un camion ? On a une chambre tout confort juste-là derrière.


MIDCH. C’est qui Fanch ? La miss du POUPY’S, celle à la jupe écossaise ?


FANCH. Pas du tout, tu l’as jamais vue, elle est pas d’ici. On a une correspondance SMS. On est trop LOVE.