Le lièvre et la tortue

Pendant les "monstrueuses" Porsche 917 assurent une cadence infernale pendant les deux premiers tiers de l'épreuve, les deux GT 40 de Ickx-Oliver et de Hobbs-Hailwood effectuent une course d'une savante régularité. Ickx, parti en dernière position après avoir traversé la piste à un pas de sénateur pour protester contre la formule de départ type "Le Mans", se retrouve ainsi en deuxième position à trois heures de l'arrivée. Une seconde course commence. La 908 de Herrmann-Larrousse unique rescapée de l'imposante armada Porsche est en point de mire et par le simple jeu des ravitaillements, elle perd son maigre avantage. Pendant près de trois heures, les deux voitures vont se livrer à un véritable final de Grand Prix, en se doublant et redoublant parfois plusieurs fois dans le même tour. Enfin, après une ultime passe d'armes d'une incroyable intensité dramatique, Ickx franchit victorieusement la ligne d'arrivée avec 120 mètres d'avance sur Herrmann. Une seconde victoire consécutive au Mans en forme d'apothéose pour le tandem Wyer-GT40.

Si cette dernière tire sa révérence sur la piste qui la vit débuter, Wyer sans doute stimulé par ce succès repart au combat quelques semaines plus tard avec une nouvelle Mirage. La M3 Ford Cosworth, un spider allégé et au châssis sérieusement repensé, va jouer les troubles fêtes en fin de saison. A Zeltweg, seule une colonne de direction mal usinée, empêchait Ickx-pole position et record du tour- de s'imposer face aux Porsche 917. Quelques semaines plus tard, la Mirage enlevait sa première et unique victoire aux 500 km d'Imola. Une épreuve hors-championnat qui serait l'ultime sortie de cette Mirage arrivée bien tard. Le temps n'était déjà plus regrets. Un chapitre de l'histoire de l'équipe Gulf-Wyer se refermait tout simplement. Un autre tout aussi glorieux n'allait pas tarder à s'ouvrir avec la fabuleuse aventure des Porsche 917.

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