2. Alfa Romeo 4C - Sur la route : confort et impressions de conduite en ville, sur routes et autoroutes
Dans un premier temps, vous serez ravi d'apprendre qu'une valise cabine au format standard, soit 55 x 35 x 25 cm selon Air France, tient parfaitement, grâce à la garniture creusée du hayon, dans le compartiment prévu à cet effet situé derrière le moteur et que ce dernier, malgré sa proximité et la météo caniculaire et grâce à une isolation efficace, a le bon goût de ne pas chauffer vos petites affaires à plus de 38 degrés tant que, évidemment, vous restez en mouvement. Mais ce n'est pas la seule des bonnes surprises que réserve cette 4C.
En effet, notre première étape nous emmène de Paris à Turin d'une traite via les et, croyez-le ou non, c'est un endroit où, contre toute attente, elle peut se montrer tout ce qu'il y a de plus confortable. En tout cas plus que prévu. Cela demande cependant la réunion de plusieurs ingrédients, une fois franchi le large ponton en fibre de carbone apparente : goudron parfait comme, disons-le, une grande partie du réseau autoroutier francophone, mode de conduite sur « All Weather » pour des changements de rapport souples ainsi qu'un moteur presque aphone, climatisation sur la seconde position et enfin régulateur de vitesse à 130 km/h. Les kilomètres défilent ainsi à bon rythme sans être véritablement une épreuve, les plus grandes réserves portant sur la visibilité environnante désastreuse en dehors des 180° vers l'avant, sur la nécessité quasiment obligatoire de s'extirper par la fenêtre au péage et sur l'absence totale de support pour les coudes. Ce dernier détail peut paraître anecdotique mais, s'il y a bien une partie du corps qui est mise à rude épreuve à bord d'une 4C, ce sont les bras car, non seulement sa direction est dépourvue d'assistance mais elle semble aussi manquer d'un point milieu clair, ce qui fait que garder un cap même en ligne droite est un travail à plein temps. Et sans accoudoir, on ajoute donc de façon constante le poids des membres supérieurs à des mains et des poignets déjà fortement sollicités. Cerise sur le gâteau : la couture du volant qui attaque la petite peau fine entre pouce et index.
Poids léger et faible surface frontale font aussi que la consommation à vitesse stabilisée est ridiculement faible par rapport au potentiel de la bête. À Beaune, l'ordinateur de bord affiche 7,9 l/100 km de moyenne. Et alors que l'on approche de la frontière italienne, elle descend même à 7,7 et ce, malgré les nombreux tunnels incitant à ralentir à leur entrée avant de mettre pied dedans jusqu'à la limitation juste pour entendre hurler la mécanique. Une fois à Turin pour la nuit, on ne peut pas dire que j'étais frais comme un gardon, n'exagérons rien, mais j'étais loin de la sardine à l'œil vitreux de fin de marché sur la Canebière que je m'imaginais rapidement devenir encore le matin même.
Le lendemain, la mythique piste d'essai sur le toit du Lingotto nous est réservée pour effectuer quelques accélérations sous haute surveillance dans sa ligne droite mais, avant d'y parvenir, il faut emprunter une large rampe en colimaçon à l'acoustique absolument parfaite. À l'aller et au retour. Je pense que le bruit rauque du 1 750 cm3 à travers la ligne Akrapovic résonne encore de cette double couche sonore qui lui a été appliquée, même si elle a dû en voir passer, des merveilles.
Pour rejoindre ensuite Mirafiori et son musée Fiat, il faut traverser une bonne partie de Turin et c'est là que le vernis de cette 4C s'écaille un peu, de façon figurée, fort heureusement. Avec une si mauvaise visibilité périphérique et une conduite locale pour le moins agressive, on a déjà l'impression d'être un béluga myope perdu au milieu d'un banc d'orques mais ajoutez des rues parsemées de bosses, de bouches d'égout saillantes, de saignées et de ralentisseurs nécessitant de scanner la route en permanence et cela devient un véritable enfer. Car ce splendide coupé possède sans aucun doute l'angle d'attaque le plus faible de l'histoire de l'automobile, nécessitant d'aborder la moindre inclinaison en biais à 45° pour ne pas y laisser quelques grammes de Rosso Competizione sur le bitume. Et chacune de ces imperfections entraîne de plus irrémédiablement des coups dans la direction provoquant systématiquement un changement de cap de quelques degrés. Épuisant.
Echappement Akrapovic et tunnels, la combinaison dont on ne se lasse jamais.
Mais l'histoire d'amour reprend les jours suivants. Le trajet Milan, Bergame puis Florence par les routes secondaires, loin des autoroutes et des agglomérations, permet enfin à la 4C d'exprimer ses talents en mode Dynamic. Certes, la direction est toujours loin d'être ce que l'on fait de mieux avec cette hypersensibilité inutile nécessitant d'empoigner le volant jusqu'à ce que les phalanges blanchissent et le train avant cède extrêmement vite à l'appel du sous-virage, même pour une voiture à moteur central, mais, l'habitude venant, on finit par faire corps avec la machine. Une machine exigeante, qui nécessite une attention de tous les instants et une grande humilité surtout sur routes ouvertes mais qui délivre aussi des sensations extraordinaires, les 240 chevaux passant au sol dans leur totalité et téléportant le petit coupé d'une courbe à l'autre dans une accélération seulement entrecoupée de passages de rapport rentrés de façon pour le moins agressive.
Le physique est donc amplement satisfait mais le mental aussi : Alfa Romeo, ciel bleu, routes dégagées dans l'arrière-pays italien, envolées lyriques de la mécanique, toutes les pièces du puzzle se mettent en place pour former des souvenirs indiscutablement mémorables. Tout comme la remontée par l'A12 via Gênes, une autoroute qui, c'est certain, a été dessinée par des mélomanes mécaniques tant les tunnels se succèdent encore et encore. Freinage à l'entrée, dégringolade de rapports puis pédale de droite écrasée jusqu'à ce que l'instrumentation clignote pour supplier de passer la vitesse suivante, cette méthode est répétée encore et encore, sans jamais la moindre lassitude.
La fête se termine après San Remo et, après une pause bien méritée dans le magnifique petit village de Pigna. Il est alors temps de franchir à nouveau la frontière et d'entamer notre retour vers Paris de façon plus paisible. Arrivés à Beaune, la consommation moyenne s'établit alors à 6,2 l/100 km, faisant de la 4C l'une des voitures les plus sobres parmi les participantes de ce road trip. Et c'est avec un pincement au cœur qu'arrive le lendemain, de retour à Paris, le moment fatidique de rendre les clés de ce bolide si imparfait mais si passionnant.
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