André Citroën sera-t-il le premier industriel à entrer au Panthéon ?
Après avoir trôné pendant plus de 10 ans sur la Tour Eiffel, le nom d’André Citroën va-t-il bientôt trôner pour l’éternité au Panthéon et devenir le premier industriel à y reposer.
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L’idée a germé lors de la panthéonisation en 2021 de Joséphine Baker. Henri-Jacques Citroën, rêve d’y voir son grand-père aux côtés de l’artiste. La chanteuse éprise d’automobile, avait servi d’égérie pour des publicités Citroën et avait même poussé la chansonnette lors d’une cérémonie de la marque aux chevrons.
En août 2023 Henri-Jacques Citroën remet à l’Elysée le dossier et formule au Président de la République l’entrée d’André Citroën au Panthéon. « Ces choses-là prennent du temps. Mais j’ai la conviction que cette panthéonisation serait un message fort, optimiste et inspirant, à transmettre à notre Nation. » assure-t-il. Un comité de soutien composé d'une soixantaine de personnalités soutien la démarche. L’idée fait sens. André Citroën symbolise la réussite française, l’audace, l’humanisme et l’innovation.

Constructeur féministe
Petit par sa taille, grand par sa personnalité. Du haut de son mètre soixante-quatre André Citroën voit très vite haut. Très haut, trop haut. En quelques années et traits de génie il révolutionne l’industrie automobile, mais en transforme également la vision. À ses yeux, la voiture n’est pas un objet motorisé, mais un service rendu aux automobilistes, sans distinction de sexe ou de classe social.
Citroën devient la première marque automobile à parler aux femmes. Dès les années 30, le constructeur le proclame haut et fort sur ses publicités : « La femme moderne ne circule qu’en Citroën ». La Rosalie, sera présentée comme « La voiture préférée de la Parisienne ». Les formes mêmes des voitures empruntent à l’esthétique féminine avec des formes douces et arrondies. De toute façon LA voiture, c’est féminin.
Industriel innovant
Innovateur, il saura chiper et adapter avec génie les inventions d’autrui. La production dans les usines du quai de Javel emprunte beaucoup aux techniques de rationalisation utilisées dans les usines américaines. Il applique avec rigueur l’optimisation du travail héritée du taylorisme fordisme. Et y ajoutera sa « french touch ». La massification ne doit pas se faire aux dépens de l’innovation.
En 1924, il lance sa première automobile tout acier, la B10 grâce à un brevet américain permettant de réaliser des carrosseries en panneaux de tôle d’acier embouties et soudées. Pour le moteur flottant (1932) l’industriel achète une licence Chrysler. Mai 1934 marque l’apogée de Citroën avec la sortie de la Traction avant. Les roues avant motrices et directrices deviennent la norme.
Le sens du service
Au-delà du produit, l’homme démocratise le service automobile. Il propose la révision gratuite, la garantie d’un an et les échanges standards, le crédit à la consommation. Il étend un réseau de concessionnaires. Les clients Citroën peuvent trouver partout maintenance et assistance. De quoi fidéliser la clientèle. La marque devient le premier constructeur français et le deuxième mondial (1929). Jusqu'à ce que les créanciers ne décident de couper le robinet à finance et que la marque ne soit vendue à Michelin, puis à Peugeot. Le nom Citroën s'est érigé sur la Tour Eiffel pendant 10 ans (1925-1934). Et bientôt pour l’éternité au Panthéon ?
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