Bientôt plus de bornes que de voitures électriques?
Après un démarrage poussif, le déploiement de bornes électriques accélère rapidement, tant en ville que sur autoroute. Il va maintenant falloir que les constructeurs s'attellent à développer davantage de modèles électriques acessibles.
Paradoxe : les grandes villes constituent un terrain de jeu idéal pour la mobilité électrique, et c’est pourtant là qu’elle est la plus difficile à faire prospérer du fait du manque de densité de bornes de recharge.
Combien de fois entend-on des citadins dire que s’ils disposaient de moyens de charge digne de ce nom, ils passeraient sans hésiter à la mobilité dite « zéro émission » ?
Mais les choses sont en train de changer rapidement, ainsi que l’illustre la grande annonce du week-end : l’ouverture du plus grand parking pour voitures électriques de France, doté de 505 bornes de recharge, situé en plein cœur de Paris.
Le parking Madeleine-Tronchet, géré par la Saemes (société anonyme d’économie mixte d’exploitation du stationnement de la Ville de Paris), propose ainsi des bornes en 7 et 22 kW (semi-rapide, donc) réparties sur les six niveaux du parking souterrain. L’avantage de ce positionnement, très central, est qu’il est très facile de venir « faire le plein » pendant quelques heures.
De plus, les tarifs restent raisonnables (pour Paris, s’entend) à 40 centimes par kWh , somme à laquelle il faut toutefois ajouter 50 centimes pour l’accès au servic et, bien sûr, le droit de stationnement au parking (13,2 € pour 3 heures, par exemple).
Reste que ce déploiement est une bonne nouvelle pour les électromobilistes parisiens, qui d’ici la fin de l’année pourront profiter de près de 600 autres bornes dans deux autres parkings de la Saemes (parking Jean Bouin dans le XVIème arrondissement et Bergson-Saint-Augustin dans le VIIIème), portant le nombre total de bornes à 1 100.
Ces bornes s’ajoutent notamment à celles du réseau Belib’, qui compte déjà 2 200 dispositifs en voirie, et l’objectif est d’atteindre les 8400 points de charge dans la capitale à l’horizon 2024.
Les choses avancent donc assez rapidement depuis le début de l’année sur le front de la recharge. On dénombre actuellement près de 58 000 points d’alimentation ouverts au public, chiffre qui traduit une hausse de 54% en un an.
« Alors que le ratio « nombre de véhicules par point de recharge » s’était fortement dégradé en 2020 – nous étions à 10,32 véhicules 100 % électriques par point de recharge, une réelle amélioration se fait sentir depuis fin 2021 », se félicite l’Avere-France, association de promotion de la mobilité électrique. « A date, le ratio est de 9,68 véhicules 100% électriques par point de recharge. Cela confirme que la vitesse de déploiements de points de recharge semble enfin devancer les immatriculations. »
Environ 800 000 voitures hybrides rechargeables et 100% électriques circulent actuellement dans l’Hexagone, et les voitures rechargeables représentent 20% des ventes de voitures neuves depuis le début de l’année, contre 14% un an plus tôt.
La demande croît, malgré la pénurie de composants et les coûts encore élevés des modèles électrifiés, qui les réservent encore à une faible proportion de la population.
Les autres bonnes nouvelles, en termes de recharge, nous viennent des copropriétés. Selon une évaluation de la FNAIM, 50 à 60% des parkings collectifs seront équipés en points de charge dans les 5-6 ans. Des formations destinées aux syndics et bailleurs sociaux vont être organisées dans les mois qui viennent.
Les choses bougent aussi rapidement du côté des supermarchés. Citons notamment Carrefour, qui proposera 5 000 points de charge sur ses parkings d’ici 2025, avec des puissances s’échelonnant de 22 à 300 kW. Casino, de son côté, déploiera une trentaine de Superchargeurs Tesla sur ses parkings entre la fin 2022 et 2023. Lesdits Superchargeurs seront accessibles aux propriétaires des autres marques.
Les sociétés d’autoroutes sont elles aussi bien engagées dans le déploiement de bornes rapides indispensables à la mobilité longue distance.
La Sanef, qui gère 1 800 km d’autoroutes, proposera d’ici la fin de l’année quelques 500 points de charge rapide répartis sur 72 aires. Vinci Autoroutes, qui dispose déjà de 348 points de charge sur 99 aires, aura équipé tout son réseau d’ici 2023.
L’écosystème de la mobilité électrique se met donc en place progressivement. Avec le déploiement de bornes électriques qui s’intensifie, les lacunes de l’infrastructure de recharge ne seront bientôt plus une excuse pour continuer de rouler en thermique.
Dans ces conditions, on ne peut qu’enjoindre les constructeurs à développer des modèles électriques accessibles, dans l’esprit de la Dacia Spring. Au lieu de cela, ils ne cessent de nous faire miroiter des modèles haut de gamme tous plus sophistiqués les uns que les autres.
La semaine dernière, le Directeur financier du groupe Volkswagen déclarait ainsi au Financial Times que l'entreprise allait désormais plus s'intéresser à ses marges qu'à la croissance de ses ventes dans le cadre de l'électrification.
En d'autres termes, priorité au haut de gamme pour l'un des plus grands groupes automobiles mondiaux ! Or, seul le développement de modèles peu onéreux permettra de mener à bien cette révolution de la mobilité dite "propre" qui nous concerne tous aujourd'hui.
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