Ces alléchantes BMW d'Afrique du Sud
En Afrique du Sud, BMW a produit des modèles parfois étranges et souvent alléchants car destinés à la course. On aurait bien aimé en voir certains, comme la 333i, en Europe !
On va tout de suite mettre les choses au point. Le régime d’apartheid mis en place en Afrique du Sud était une monstruosité qu’il n’est nullement question de défendre d’une quelconque manière ici. Nous allons juste parler de voitures, en l’occurrence de BMW. Le constructeur bavarois a implanté dans ce pays une filiale en 1975, après avoir commencé à y assembler des autos dès 1968, d’abord la 1800 SA.
Contrairement à ce que sa dénomination indique, elle n’a rien à voir avec la 1800 TI/SA, berline de sport que nous connaissions en Europe. En réalité, il s’agit d’une version rebadgée de la 1700 de Glas, marque rachetée par Bmw qui y installe un moteur 1,8 l de son cru. Le suffixe SA signifie
« Sudafrika ». On lui adjoint la 2000 SA plus puissante, mais ces deux modèles n’ont absolument pas un look de BMW, leur ligne ayant été dessinée par Frua dans un style très italien. Elle rappelle nettement, en réduction, celle de la Maserati Quattroporte !
L’air de famille devient plus évident en 1972 quand les deux ex-Glas sont restylées : elles reçoivent alors un museau rappelant furieusement celui de la berline E3. Cela leur donne un drôle d’air, car le reste de la ligne ne change guère. Renommées respectivement 1804 et 2004, elles n’ont toujours rien de bien extraordinaire, hormis leur bizarrerie, et elles sont retirées dès 1974 pour laisser la place à la nouvelle Série 5 E12. Là, on entre dans une autre dimension car la berline chic, assemblée en CKD à Rosslyn, près de Pretoria, bénéficie d’une version sportive bien avant sa jumelle allemande.
Développée par M Division et allégée, elle est baptisée 530 MLE pour Motorsport Limited Edition et reçoit une version affûtée du 6-en-ligne 3,0 l (200 ch) équipant la 3.0 L. A l’époque, en RFA, la version la plus puissante de la série 5, la 528i, s’en tient à 2,8 l et 177 ch, sans rien avoir de sportif. La 535i, en 1980, surpassera – bien tard – la 530 MLE avec ses 218 ch. Cette dernière, se destinant à la compétition, n’a été produite que durant deux ans, en 1976 (100 unités) et 1977 (117 unités). Un pur collector !
En 1979 est commercialisée en Europe la grande 745i, dotée d’un étonnant 3,2 l turbo de 252 ch. En 1984, une Série 7 pareillement nommée est révélée en Afrique du Sud. Sauf qu’elle n’a pas du tout le même moteur : en effet, en changeant de continent, la 745i récupère le bloc M88/3 de la M635 CSi, évolution du fabuleux 3,5 l 24 soupapes M88 de la M1, offrant ici 290 ch. Mieux, on peut commander cette 745i SA en une boîte mécanique ! Une berline de luxe dotée d’un moteur issu de la compétition, voilà qui rappelle la Maserati Quattroporte, là encore.
Quelques années plus tard, en 1985, pour retrouver de la compétitivité en Group One, championnat très apprécié en Afrique du Sud, la filiale locale de BMW s’allie à Alpina pour réaliser un modèle spécifique de plus : la 333i. Avant la M3, en 1985, la Série 3 E30 se dote d’une variante spéciale compétition, dotée, elle, d’un bon gros 6-en-ligne 3,2 l, le M30B32 de 197 ch, déjà utilisé dans la 732i. Même si elle sera trop lourde en course pour être compétitive, la 333i poursuivra sa carrière jusqu’en 1987, produite à 204 unités seulement. Une sorte de M3 E30 à 6 cylindres : on en a rêvé, BMW Sudafrika l'a fait. Deux fois !
Car à la 333i succède la 325 iS en 1990, qui n'a rien à voir avec celle que nous avons eue en France. La nôtre était une 325i dotée des bonnes options (boîte courte, autobloquant). En Afrique du Sud, la 325 iS se destine, comme la 333i, à la course. Et comme elle, elle a été conçue avec Alpina qui lui fournit son bloc C2 de 2,7 l de 197 ch. Elle profite aussi d'une carrosserie allégée, dotée d'un capot, d'ailes et de portières en aluminium, d'une boîte 5 Getrag à 1ere inversée, d'un autobloquant, sans oublier la suspension préparée avec des éléments de M3.
Officiellement dotée du suffixe Evo 1, la 325 iS bénéficiera en 1991 d'une dérivée Evo 2, aux trains roulants optimisés et au moteur boosté (204 ch) par un collecteur d'échappement de 535i. Le tout pour enfin battre (parfois) la star locale du Groupe N : l'Opel Kadett GSI 16V "Superboss". Ces Série 3 quitteront la scène en 1992, produites en tout à 508 exemplaires. Ces modèles ont énormément fait pour l'image de BMW en Afrique du Sud, et très certainement inspiré l'Allemagne pour la M3 E36.
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