Citroën CX 25 TRD Turbo 2 vs Alfa Romeo 164 TD : duel des diesels les plus rapides du marché, dès 3 000 €
Oui, les diesels ont leur place en collection ! Surtout quand il s’agit de celles qui furent les premières, en 1987, à flirter avec les 200 km/h, la CX TRD Turbo 2 d’un côté, l’Alfa 164 TD de l’autre. Vu leurs faibles consommations, elles sont pertinentes pour lutter contre le CO2… En fait, le gasoil, ça peut être sympa, même sur des youngtimers.
Les forces en présence
- Alfa Romeo 164 TD (1989-1992), berline 4 portes, 4 cylindres, 2,5 l turbo-diesel, 117 ch, 1 320 kg, à partir de 3 000 €
- Citroën CX 25 TRD Turbo 2 (1987-1989), berline 4 portes, 4 cylindres, 2,5 l turbo-diesel, 120 ch, 1 360 kg, à partir de 4 000 €
Dans les années 80, la technologie du turbo appliquée au diesel se répand en Europe. Citroën y est venu avec la CX en 1984, mais Alfa Romeo a devancé le double chevron : dès 1979, son Alfetta s’équipait d’un turbo-diesel, fabriqué par VM Motori. C’est ce dernier qui fournit son bloc à la 164 TD, un 2,5 l de 117 ch, alors qu’avec la même cylindrée, la CX atteint 120 ch à partir de 1987 en s’équipant d’un échangeur air-air. Jusqu’à la commercialisation en Europe de la Mercedes 300 Turbo-Diesel, à l’été 1988, c’est elle la plus rapide…
Présentation : deux grandes berlines de caractère
Au tout début des années 80, le groupe Fiat et Saab collaborant à l’étude d’une plate-forme destinée à leurs grandes berlines doivent, sous pression du gouvernement italien, partager leur travail avec Alfa Romeo. Pourquoi ? Pour que celui-ci se dote ainsi d’un vaisseau-amiral, présenté au salon de Francfort 1987 : la 164. Dessinée en collaboration avec Pininfarina, elle séduit par sa grande élégance, mais les puristes regrettent qu’il s’agisse d’une traction.
En tout cas, les suspensions, largement dues à Lancia, sont rigoureuses, surtout à l’arrière où est reprise l’épure presque multibras de la Gamma, évolution de celle de la Beta. À l’avant, le capot plongeant oblige les ingénieurs à incliner les jambes de force, ce qui nuit à la motricité, très critiquée sur les 164 les plus puissantes. Cela ne concerne pas la TD, annoncée en 1987 comme les autres versions, mais commercialisée en 1989.
Elle accueille un 2,5 l à 4 culasses séparées et doté d’un arbre à cames latéral entraîné par une cascade de pignons. Fourni par VM Motori, spécialiste des diesels marins, ce bloc produit 117 ch pour un couple de 258 Nm. Comme la 164 est aérodynamique (cx de 0.30), elle peut, selon Alfa, pointer à 200 km/h. C’est, sur le papier, le diesel le plus rapide d’Europe, la Mercedes 300 Turbo-Diesel de 143 ch n’y étant pas commercialisée.
Hélas, la 164 TD de par son arrivée tardive en concession, se fait damer le pion par la teutonne. L’italienne a en tout cas le mérite d’être frugale (5,3 l/100 km sur route) et bien moins chère : 152 500 F, soit 38 100 € actuels selon l’Insee. Les rétroviseurs et les 4 vitres électriques teintées ainsi que le volant réglable dans les deux plans sont de série, la clim, l’ABS et les sièges électriques restant en option. La 164 n’évoluera pas avant la fin 1992, où son diesel passe à 125 ch, la fin de carrière intervenant en 1996. Les versions au gasoil ont été produites à 45 602 unités, loin derrière les V6…
Présentée à l’été 1974, la Citroën CX a connu une gestation courte mais efficace. Ultramoderne, elle place sa coque sur un châssis-cadre accueillant le moteur transversal (une première pour le double chevron), la transmission et la suspension, bien sûr hydropneumatique. Nantie d’une carrosserie dessinée sous la férule de Robert Opron, aussi belle qu’aérodynamique (Cx de 0,37), elle est élue voiture de l’année 1975.
Un an après son lancement, la CX accueille un diesel, un 2,2 l de 66 ch qui devient un 2,5 l de 75 ch en janvier 1978. Capable de 156 km/h, c’est la berline au gasoil la plus rapide du monde. Déjà ! La Mercedes 300 SD lui ravira ce titre en mai suivant, mais ne sera pas vendue en Europe. En 1983, la CX se pare d’un turbo, portant la puissance de son bloc à 95 ch. Restylée en 1985, la Citroën agrémente son 2,5 l turbo-diesel d’un échangeur air-air en février 1987.
Cet accessoire, refroidissant l’air entrant dans le moteur, permet d’en augmenter la puissance, qui, grâce aussi à un turbo soufflant plus fort, grimpe à 120 ch (pour 258 Nm). Annoncée à 195 km/h, la CX 25 RD/TRD Turbo 2 récupère son titre de berline diesel la plus rapide du monde ! Pas mal pour une auto déjà âgée de plus de 12 ans… La consommation routière s’avère étonnamment réduite, à 4,9 l/100 km selon le constructeur.
La RD Turbo 2 d’entrée de gamme (la direction assistée et les vitres avant électriques sont de série), est facturée 133 100 F (34 800 € actuels selon l’Insee), alors que nantie en sus d’une fermeture centralisée, de rétros électriques, d’un siège conducteur réglable en hauteur, de jantes en alliage voire d’une instrumentation plus complète, la TRD Turbo 2 atteint 149 600 F (39 100 actuels selon l’Insee). L’ABS et la clim restent en supplément. La CX turbo-diesel 120 ch ne restera au catalogue que deux ans, la XM prenant la relève en mai 1989. Environ 77 500 CX RD/TRD Turbo 2 ont été produites, en berline. Joli score !
Fiabilité/entretien : des moteurs costauds !
N’en déplaise à certains détracteurs, ces deux autos se révèlent très endurantes si elles ont été bien entretenues. Elles sont nombreuses à avoir dépassé les 400 000 km avec la mécanique d’origine ! Plus simple techniquement que la Citroën, l’Alfa Romeo bénéficie d’un entretien plus aisé, surtout du côté de la suspension. Notons tout de même que son moteur, s’il est utilisé trop sportivement, voit ses culasses se fendre aux alentours de 180 000 km.
Les triangles de suspension avant, fatigués par le poids de la mécanique, sont à changer plus régulièrement, alors que des pépins électriques peuvent se manifester de façon plus agaçante qu’autre chose. En revanche, la 164 s’avère bien protégée contre la corrosion, mais vu son âge, on surveillera ses soubassements. Reste la finition, très moyenne (les poignées de maintien articulées se mettent par exemple à pendouiller). Mais dans l’ensemble, la 164 ne réserve pas de mauvaise surprise.
La CX apparaît tout aussi robuste mécaniquement que la 164, mais la culasse peut se fendre, là encore, sur les autos trop sollicitées. Par ailleurs, son arbre à cames latéral est entraîné par une courroie, à changer tard heureusement (plus de 150 000 km). Cela dit, la Citroën s’équipe d’une suspension hydropneumatique, qui nécessite une maintenance certes simple mais assez contraignante (purge régulière du circuit hydraulique par exemple). Et quand le système commence à fuir, la remise en état peut se révéler complexe, donc onéreuse.
Les trains roulants comportent de nombreux silentblocs, qui vieillissent forcément, alors que l’articulation des bras arrière finit par prendre du jeu. Rien d’irrémédiable cela dit, quoique refaire tout ça coûte un joli billet. Mais, le vrai souci de la CX, c’est la corrosion : si elle ne niche entre la caisse et le châssis-cadre, ou si ce dernier est pourri, le plus simple sera parfois de laisser l’auto à la casse !
Dans l’habitacle, la finition n’est que pacotille : trappes centrales du tableau de bord presque systématiquement cassées, ciel de toit qui s’effondre… Les pépins électriques sont fréquents. Attention aux autos équipées des Michelin TRX montés en option : ces pneus sont rares et très chers !
Avantage : Alfa Romeo. Plus simple à entretenir et mieux protégée contre la corrosion, la 164 prend le pas sur la CX.
Vie à bord : rationalité ou originalité ?
Tout comme les Fiat Croma et Lancia Thema dont elle dérive, l’Alfa 164 réserve à ses passagers une excellente habitabilité, même si la garde au toit arrière demeure un peu juste. La sellerie, bien étudiée, offre un confort enviable alors que de petites attentions rendent la vie plus agréable aux occupants arrière, comme les spots de lecture arrière ou les stores.
La finition, si elle demeure moyenne, vaut mieux que sa réputation, et des équipements optionnels (sièges électriques, clim, toit ouvrant, cuir), peuvent rendre l’auto luxueuse. Un ensemble rationnel et plaisant, mais une pointe d’originalité n’aurait pas été de trop.
L’originalité, la CX n’en manque pas. À commencer par sa planche de bord dotée de la fameuse lunule et des satellites de commande. Ceux-ci demandent de l’habitude, mais l’instrumentation analogique est facile lire. Une question cependant : qui a eu l’idée tordue de loger l’autoradio entre les sièges ?
Cela dit, face à celui de l’Alfa, l’habitacle semble étriqué, et s’il n’est pas doté de la clim, il se transforme en véritable serre l’été. Heureusement, dans la version TRD, les passagers arrière peuvent se protéger avec des stores et des pare-soleil. Ils disposent aussi de prises jack pour brancher des casques audio ! Tout le monde s’assoit dans des sièges très souples en velours, et peut contempler la finition très légère…
Avantage : Alfa Romeo. Nettement plus spacieuse que la CX et mieux finie, la 164 remporte ici une nouvelle victoire.
Sur la route : Etonnante CX !
Grâce à son volant ajustable dans les deux plans et son siège réglable en hauteur, l’Alfa Romeo offre une bonne position de conduite. Au démarrage, son moteur envoie quelques vibrations dans l’habitacle, mais ensuite, il étonne par son insonorisation bien travaillée.
Surtout, il pousse drôlement fort, le bougre, sans jamais donner l’impression de forcer. Étonnamment réactif et plutôt vif, il contribue, avec la boîte maniable et bien étagée, à l’agrément de conduite de cette italienne. La direction, précise et consistante, aussi ! Sur cette version, la motricité ne pose aucun problème, pas plus que la tenue de route, excellente. Oui, même ancienne, une berline diesel peut réserver bien des plaisirs !
Cela dit, lourde du nez et très forte en couple, la 164 n’aime pas du tout être maltraitée sur petite route très sinueuse. Heureusement, elle freine bien et sa suspension préserve un confort appréciable. En somme, une auto performante et homogène, mais manquant de caractère.
Même si son volant reste fixe, la CX procure, elle aussi, une bonne position de conduite, son siège étant réglable en hauteur. Mais les commandes de chauffage et l’autoradio très mal placés se révèlent agaçants. Comme dans l’Alfa, le moteur vibre au démarrage, puis a tendance à se faire oublier. Et il procure des performances tout aussi appréciables ! Sur ce point, les deux autos sont impossibles à départager.
La boîte de la CX semble plus lente que celle de l’Alfa, l’exact contraire de la direction ! Très rapide et au rappel très marqué (la fameuse Diravi), elle demande de l’habitude, tout comme la pédale de frein, hyper-réactive. Mais une fois qu’on s’y est fait, l’auto régale par sa précision de conduite, supérieure à celle de l’italienne.
Il faut dire qu’avec son train avant bien mieux guidé (bras superposés), la CX profite d’un comportement routier plus rigoureux, alors que sa suspension filtre mieux les inégalités. Mais elle engendre des mouvements de caisse parfois bizarres, et réagit mal aux dos d’âne, choses qu’ignore la 164. La Citroën produit aussi plus de bruits aérodynamiques et ne freine pas plus court que l’Alfa. Mais elle ne manque pas de caractère au moins…
Avantage : Citroën. Si les deux autos affichent des performances égales, la CX se distingue par son comportement routier à la fois plus précis et rigoureux, ainsi que sa suspension plus filtrante.
Budget : l’italienne moins exigeante.
Moins chère à l’achat de 1 000 € que la CX au bas mot, l’Alfa Romeo 164 TD se dégotte dès 3 000 € en très bon état. Le kilométrage sera élevé, mais c’est la rançon de sa définition même : elle est faite pour ça. Elle apparaît également moins chère à entretenir que la Citroën, grâce à sa conception plus simple et moderne, et d’après les essais d’époque, elle se contente de 5,8 l/100 km en conduite tranquille.
Seulement, la CX consomme encore moins, 5,5 l/100 km en usage paisible, là encore selon les mesures journalistiques de son temps. Un exemplaire en bon état se déniche pour 4 000 €, mais le prix peut grimper jusqu’à 6 000 € dans le cas d’une auto ne présentant pas de défaut notable. C’est davantage que pour l’Alfa, mais la Citroën a assurément un avenir plus sûr en collection, et sa cote peut grimper.
Quant à rouler actuellement avec ces vieux diesels, vu les restrictions que les grandes villes doivent appliquer : il suffit de les passer en carte grise collection pour être libre d’aller presque où on veut.
Verdict : L’Alfa l’emporte aux points, mais…
Quand on fait le total des points, l’Alfa Romeo remporte la bataille. Plus facile à entretenir que la CX, mieux protégée contre la corrosion et offrant davantage d’espace à ses passagers, elle est favorisée par sa conception plus moderne (mais aussi plus banale). Et fait jeu égal avec la Citroën tant par ses performances que sa consommation.
Cela dit, sans toutefois démériter, elle s’incline sur la route car la française se montre à la fois plus rigoureuse dynamiquement et confortable. La suspension hydropneumatique alliée à des trains roulants extrêmement bien conçus fait encore des miracles ! Globalement, la CX se distingue par son caractère très particulier qui lui vaut la victoire… côté cœur.
Enfin, ces deux modèles montrent que rouler dans une diesel âgée n’a rien d’un pensum, bien au contraire ! Elles marchent fort en consommant peu et méritent amplement d’être préservées.
Au final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Alfa Romeo |
Vie à bord | Alfa Romeo |
Sur la route | Citroën |
Budget | Alfa Romeo |
VERDICT | ALFA ROMEO |
> Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Citroën CX.
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