2. Essai Aprilia 750 Shiver 2010: Eliot Fitness
Personne ne doute plus que la Shiver a toutes les armes pour provoquer ce frisson dont elle a fait son nom. Mais il manque comme un petit quelque chose pour qu'il passe vraiment auprès de la clientèle de Noale. Le constructeur l'a donc encanaillée pour qu'elle s'impose enfin comme une incontournable au sein d'une catégorie roadster saturée. Un peu de couleur vive, un tatouage Aprilia XXL à l'évocation racing, l'opus offre d'abord un premier effet visuel de bon aloi. Mais le reste est aussi à l'avenant.
Nouveau cadre, nouveau bras oscillant, nouvelle fourche revue et corrigée dans ses entrailles, nouvelles platines mais aussi une jante arrière ramenée à 5,5 pouces au lieu de 6, le message est celui de la réactivité, de la sportivité, de la discipline dans l'assaut de la limite. Ajouter à cela une selle plus basse de un centimètre et moins large de sept, le tout avec un guidon au positionnement différent et vous aurez tous les ingrédients de l'arsouille.
Le « Ride by Wire » de dernière génération ne souffre plus la contestation et ses trois modes de caractère moteur vont se révéler lors de cet essai particulièrement opportuns. Justement, passons aux travaux pratiques.
"I'm sing singing the Rain..."
Le début du périple s'est fait sous un ciel menaçant et un bitume sec. Des conditions qui n'ont duré que quinze minutes avant que les nuages se déchirent véritablement mais un quart d'heure quand même qui ont pu faire apprécier toute la vigueur de ce twin 750 décident de belle facture. Ses vocalises sont maintenant connues et résonnent comme un symbole identitaire tandis que sa disponibilité est quasiment sans faille. Tout autant pêchu, il devient franchement irritable lorsque vous lui indiquez le mode S comme sport. Mais c'est plutôt le R de Rain qui était d'actualité lors de cet essai.
Franchement, nous avons déjà eu la Dorsoduro et la Shiver GT à l'essai et je me suis toujours demandé une fois descendu de ces machines à quoi pouvait bien servir ce mode R. Dans les lacets des Adrets, mouillés, torturés, au bitume imparfait et aux plaques d'égouts en pleine trajectoire, j'ai trouvé ! A moins d'être un pilote émérite ou avoir un coeur énorme et le fusible cérébral grillé depuis trop longtemps, ce mode permet de rouler à un très bon rythme sans se faire de frayeurs rédhibitoires.
Couplé avec un ABS que l'on vénère dans ces conditions, il rend la moto docile, élastique dans ses reprises, tout en ne castrant rien. La précision est importante, ce R n'éteint pas le brêlon, il se met à sa disposition pour le mettre au diapason de la chaussée. Il vous laisse toute latitude pour trouver votre tempo. Rien à voir avec les dispositifs déclinés chez les caisseux. Qu'on se le dise, Aprilia a trouvé la recette de l'électronique ludique. Et l'effet est imparable, au fur et à mesure des bornes, l'appréhension se dissout dans les flaques et les coulées et jamais on a l'impression du subir la moto et les éléments. Si cette Shiver n'assèche pas la route, elle donne quitus pour rouler dans toutes les conditions tout en autorisant une belle part de sportivité par le gestion onctueuse, mais déterminée, de ses accélérations.
Fame !
Ajoutez à cela une position de conduite mieux adaptée à mon mètre soixante douze moins qui avait eu plus de mal à trouver l'osmose avec la version GT, plus haute, et vous aurez quasiment le tableau parfait. Bon, on pourrait ergoter sur cette béquille latérale qui a tendance à fricoter d'un peu trop près avec le sélecteur, ce qui demande un peu d'accoutumance lorsqu'on va la chercher pour poser l'engin, mais à 7 799 euros le bout sans ABS et 8 399 avec, Noale nous a remanié avec bonheur son roadster. Au passage, avec les 600 euros d'opération reprise qu'Aprilia a mis en place jusqu'à fin juin, la version ABS est actuellement au même tarif que la standard. S'en priver serait bien dommage.
Pour celles et ceux qui trouveraient l'opus encore un peu fade, ils pourront à loisir puiser dans le catalogue d'accessoires fait d'une goûteuse ligne Akrapovic, de rétroviseurs, de leviers de freins affinés de belle facture et de divers inserts en carbone qui donne un certain cachet. Mais côté matériaux nobles, c'est la Dorsoduro Factory qui donne la leçon.
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