2. Essai GSXR 1300 Hayabusa 2013 : ABS et Brembo, les chainons manquants
Dans cette couleur jaune canari, comment vous dire, là de suite, à chaud... on a eu un peu de mal à trouver les mots justes.
Autant sur un GSXR 1000 K5, cette couleur alliée au noir lui allait comme un gant, autant là, on a plus l'impression d'être sur un véhicule de livraison expresse. Et pas forcément des plus discrets.
Ajoutez à cela que depuis 1999, le dessin de l'Hayabusa déchaîne toutes les passions et vous aurez tous les ingrédients pour passer totalement inaperçu....
Incroyable pour certains, détestée par d'autres, la silhouette de la GSXR 1300 est - reconnaissons-le - atypique.
Dans le plus pur style manga, l'avant et l'arrière jouent presque, de profil, à se confondre. La coque arrière de la Suzuki GSX-R 1300 Hayabusa 2008, qui ressemblerait presque à une mante religieuse ou une guèpe, rejoint dans son allure plongeante le nez du carénage. Unique.
Recevant un optique dont les GSXR 1000 de 2007 se sont inspirées, la plastique générale est sensiblement la même que son ainée de 1999, même style massif tout en courbe, la moto semble longue comme un jour sans fin. Seuls changements les plus évidents par rapport au modèle de 1999, le bloc phare a été revu, la bulle plus haute, les ouïes d'admission d'air redessinées, les échappements et flancs de carénage remodelés à la sauce des petites sœurs GSXR. Des touches stylistiques permettant de moderniser tout en subtilité la silhouette de la moto la plus rapide du monde lors de sa sortie.
Et qu'importe si on adhère ou pas au style général, notre essai révélera que « l'Hayab » impressionne encore considérablement. Ce coloris un peu "flashy" attirant forcément l'œil et la curiosité, emportera nombre de compliments admiratifs et de regards impressionnés par le gabarit de la bête.
Pour surveiller l'ensemble des paramètres de ce vaisseau amiral, il fallait un tableau de bord à la hauteur de la tâche. Quatre manomètres remplissent cet office. Surmontés par un Té de fourche des plus impressionnants, vous aurez de gauche à droite accès, au niveau d'essence, régime moteur, vitesse, et température d'eau.
Le tout encadre une fenêtre numérique qui fournit les indications relatives au rapport engagé, trips kilométriques totaux et partiels, ainsi que le mode de cartographie choisi.
Depuis 2008, la GSX-R bénéficie du S-DMS (Suzuki-Drive Mode Selector) apparu sur la GSX-R 1000 en 2007. Via deux commandes situées sur le commodo droit, vous aurez accès à trois modes de gestion de courbe moteur. Dans le monde libre et des 198 ch revendiqués par ce monstre, en mode A, le gros 1340 cm3 dévoile toute sa puissance et son incroyable souplesse. Vitesse de la lumière incluse. Le mode B quant à lui, joue sur la cartographie, et assagit la montée en puissance de la Suzuki GSX-R 1300 Hayabusa en limitant la valeur de couple. Enfin, en mode C, la courbe de réponse s'avère la plus restreinte et au final la plus bridée.
Nous n'avons pu – réglementation oblige – tester la réalité des trois modes puisque quelque soit le mode choisi sur le territoire français, seuls les 106 ch sont au rendez vous, la courbe de couple étant simplement affectée, rendant ce monument de puissance en mode C limite anémique.
La position de conduite est naturelle et basse. Avec ses 805 mm de hauteur de selle, et malgré l'embonpoint pris au fil des années, 5 kilos pris entre 1999 et 2008, l'Hayabusa reste facile à manœuvrer tant à l'arrêt qu'à basse vitesse. Compte tenu de son large gabarit, la moto donne l'impression de vous envelopper, avec une vraie protection au vent. Seuls des bruits aérodynamiques viendront perturber cette quiétude vers 110 km/h. Buste légèrement penché en avant, la position en mode "cruising" est bien plus confortable que ses petites sœurs qui vous infligent une position plus ramassée et plus en appui sur les poignets.
Avec de redoutables qualités dynamiques, l'Hayab est la digne représentante de la famille GSXR. Facilité, neutralité et efficacité sont les maîtres mots : la fourche inversée Kayaba de 43 mm accueille des disques de 310 mm mordus par les étriers Brembo série Or ; le cadre et le bras oscillant ont été quant à eux revus pour plus de rigidité par rapport au modèle de 1999.
L'équilibre du châssis, autant que la puissance, a construit la réputation de l'Hayabusa. Dotée d'une excellente répartition des masses et malgré ses 252 kilos en ordre de marche, elle n'est jamais délicate à inscrire sur la trajectoire contrairement à un ZX12R dont le poids réparti bien plus haut, demande plus d'anticipation et d'engagement. Parfaitement neutre, la moto se commande d'une pression au guidon et d'un appui sur le repose-pied. Son réservoir, et le dessin de la selle permettent de bien tenir la moto sur les freinages tout en facilitant la mobilité autour du réservoir.
Attention toutefois, du fait d'un réglages de suspension jugé trop mou sur le modèle essayé, l'arrière s'est montré peu rigoureux sur certaines phases, avec des effets de pompages sur des changements d'angle voire des courbes rapides en pleine charge.
Même placée au millimètre, l'Hayabusa reste toutefois une moto imposante et lourde. En mode rapide, elle demande un vrai bagage technique et de la poigne pour être maintenue à la corde, le couple étant omni présent, il conviendra d'être au début circonspect à la ré-accélération sur l'angle, et ce, même en version 100ch.
Alors certes, vous parler d'un moteur auquel la législation française a enlevé près de 92 ch pour arriver aux 106 ch imposés, c'est comme vous parler d'une pizza sans tomates ni fromage.
Ça manque cruellement de goût.
Avec ses 1341 cm3, ce moteur est dans le monde libre, un hymne à la puissance ; il affiche sans complexe 198 chevaux (soit 2 ch de moins que la ZZR 1440) et plus de 15,5 mkg. A sa sortie, en 1999, la première Suzuki GSX-R 1300 Hayabusa développait 174 chevaux et cubait 1 299 cm3.
Mais même dans cette version 106 ch, on sent bien que ce 1340 cm3 et ses 13,1 mkg ne veut qu'une chose cracher des watts pour vous satelliser. Plein de rondeur, et de couple, il annonce la cavalerie vers les 3500 tours en donnant ses premières vocalises. En dessous de ce régime, et même sur le dernier rapport, il vous transportera dans un silence et une onctuosité des plus agréables.
C'est donc au final, une autre moto que l'on découvre.
La législation française a tué le Mister Hyde pour ne nous laisser que le Docteur Jekyll et au bout une excellente GT-Sport.
Grâce à un bridage intelligemment effectué, ce moteur conserve une certaine vigueur en dessous des 7500 trs/min pour s'effondrer au-delà – bridage oblige – mais surtout une souplesse d'utilisation qui lui donne de vraies et incontestables qualités routières. Dépassée par les hypersports de dernière génération, l'Hayab conserve même face au ZZR 1400, de vraies qualités dynamiques qui font d'elles une alternative dans le créneau limité des hyper-sportivo-GT. Qui plus est, la consommation moyenne de 6.9 l/100 constatée lors de cet essai, soit une autonomie avant réserve de 225 kms est excellente pour la catégorie.
A l'inverse, certains aspects pratiques propres à une vraie GT sont inexistants. Au mieux disposerez vous d'un petit espace de rangement sous la selle pour y ranger un pantalon pluie ou une seconde paire de gants car n'est pas GT qui veut non plus....
Si l'évolution 2013 a été opérée à moindre coût puisque la plus grosse des GSX-R s'équipe de mâchoires de renom comme l'ensemble de sa famille GSXR (les 1000 en 2012, les 600 et 750 en 2011), il n'en demeure pas moins qu'elle était nécessaire. Le freinage est désormais à la hauteur des attentes des Brembo série Or. Là où les tokico souffraient en mode arsouille, les Brembo monoblocs qui équipent désormais l'Hayab, sont devenus bien plus endurants à l'échauffement, offrant à la fois un excellent feeling à la prise de frein, jamais brutal, parfaitement dosable et endurant. Du Brembo quoi !
De plus, l'ABS mis en place par Suzuki est excellent. Peu intrusif, il vous faudra appuyer comme un sourd pour avoir les retours de pompage caractéristiques. Un vrai plus.
Vrai regret au regard du couple de camion de l'engin, que Suzuki continue à chausser l'Hayab de BT015 sortis eux aussi en 2007. Dépassés selon nous par des montes bien plus performantes, ils nous rappellent avec une montée en température parfois un peu lente, le couple de camion du 1340 en nous distillant des glissades de l'arrière désagréables et une mauvaise tenue sur route mouillée.
On retiendra donc dans cette version muselée, de vraies aptitudes au long cours : La sellerie proposée est très confortables. Le passager positionné légèrement plus haut que le pilote, dispose d'une vraie vision de la route. Ajoutez à cela un confort et une souplesse d'utilisation de haut vol, et vous obtiendrez le compromis magique pour que votre moité vous accompagne entre sport et grand tourisme.
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