Essai - Jaguar E-Pace P200 Flexfuel E85 (2021) : pour finir en beauté ?
Modèle prometteur, le Jaguar E-Pace a toujours vécu dans l'ombre de ses rivaux. Mais la marque anglaise croit encore en son modèle phare. Restylage pertinent et nouvelles motorisations spécifiques au marché français viennent relancer la carrière de ce SUV, dont la fin est déjà annoncée...
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Note
de la rédaction
13/20
Note
des propriétaires
EN BREF
SUV compact
Version E85
A partir de 44 200 €
Lancé en 2017, le Jaguar E-Pace n’a su réellement inquiéter ses rivaux allemands au palmarès des ventes. Pourtant l’anglais ne démérite pas. Ligne et comportement dynamiques ont convaincu une partie des acheteurs qui veulent rouler différent, et on fait du SUV compact le modèle le plus important de la marque : environ un tiers des ventes. À l’automne 2020, le british s’est refait une beauté, une mise à jour plus importante qu’il n’y paraît. Cet E-Pace remanié se reconnaît à sa nouvelle signature lumineuse, ses boucliers redessinés, ainsi que de nouvelles jantes. Mais c’est finalement à bord que les modifications les plus importantes ont été opérées. Évitant au passage, comme toutes les Jaguar restylées, l’écueil qu’une qualité de finition passable pour un tel modèle. Nouvelle console centrale intégrant un écran tactile plus grand et intégrant le nouveau système multimédia PiviPro, nouvelles commandes de climatisation et touches sensitives, levier de vitesse inédit, tableau de bord numérique (12,3 pouces), claire et lisible… Plus globalement, la qualité des matériaux et désormais au niveau, et le grand volant à l’aspect très sportif relève le caractère dynamique du E-Pace.
Les motorisations ont également revu leur copie (adoption généralisée de la micro-hybridation), et reçoivent le renfort d’une version PHEV P300e disponible depuis le printemps 2021. Elle allie un petit trois-cylindres 1.5 à un bloc électrique motorisant le train arrière. Au programme : 309 ch, boîte de vitesse à 8 rapports, transmission intégrale et des performances solides pour un malus neutre. L’autre nouveauté, celle qui devrait booster les ventes de cet original SUV, c’est la nouvelle version carburant au bioéthanol (E85). Associée à la motorisation P200 (quatre-cylindres essence) du E-Pace, cette bi-carburation dénommée Flexfuel est une spécificité du marché français. Le SUV anglais profitant ainsi de l’engouement des consommateurs pour ce carburant alternatif. Jaguar y voit ici un bon moyen de relancer son E-Pace, bien incité par son partenaire Raisinor France. Premier producteur européen de bioéthanol de génération avancée (comprenez qu’il est issu d’une matière première non consommable), l’entreprise a fait du marc de raisin une véritable manne pour fabriquer son carburant miracle. Il ne lui manquait plus qu’à trouver l’offre produit qui boosterait cette consommation.
Sur le papier, le Jaguar E-Pace P200 Flexfuel a tout pour plaire : une puissance conservée, un malus neutre et des pleins à la pompe au prix dérisoire (en moyenne, le litre de bioéthanol en France est de 60 centimes/le litre). De réels arguments financiers qu’il convient de mettre en face d’une surconsommation importante (environ 25% de plus). Mais un rapide calcul s’impose. Avec ses 195 g de CO2/km, cette version est censée alourdir la douloureuse de plus de 12 000 € de taxe environnementale ! Or, sa carburation lui permet de profiter d’un abattement de 40 % sur ses émissions, le faisant ainsi rentrer en zone neutre du malus. Ajoutez à cela une carte grise gratuite dans la grande majorité des régions de France, et vous obtenez là une solution encore plus efficace que les lourdes et onéreuses versions hybrides rechargeables.
Dans les faits, cette technologie alternative n’altère en rien l’utilisation d’un E-Pace P200. On retrouve ici la discrétion et la bonne santé du 2.0 Ingenium. L’introduction de la micro-hybridation n’a pas non plus altéré la douceur de fonctionnement. Imperceptible, cette solution emmagasine de l’énergie au freinage pour la redistribuer sous forme de boost à l’accélération. En théorie, le mild-hybrid permet de grappiller quelques gouttes d’essence à chaque kilomètre. Mais les plus de 12,5l/100 km relevés lors de notre essai (exclusivement effectué sous bioéthanol) rendent cette vertu anecdotique. Contrairement à ce qu’ont pu faire certains par le passé (Saab sur ses motorisations BioPower par exemple), Jaguar n’a pas joué sur la cartographie du moteur pour y apporter un surplus de puissance. Non pas que cette version P200 en ait eu besoin, mais les plus de 1 800 kg de la bête réclament du souffle pour hausser le rythme. Chose que cet E-Pace maîtrise. Bonne allonge du moteur qui conserve de solides relances passé 4 000 tr/min, direction pas trop assistée pour maîtriser la précision du train avant, châssis sain et plutôt agile… l’E-Pace sait y faire. Seuls la transmission, traînant la patte lorsqu'il s'agit de tomber les rapports, et le confort, ferme viennent heurter la conduite. De toute façon, hausser le rythme revient , en bioéthanol, à atteindre des consommations peu raisonnables, et une autonomie ridicule d’à peine 400 km. Certaines électriques ne font pas beaucoup moins…
Pour le reste, l’E-Pace se comporte comme un digne SUV compact premium. Comprenez par-là qu’il ne fait pas des aspects pratiques une priorité. Banquette arrière juste en hauteur pour deux adultes, coffre dans la moyenne basse de la catégorie, peu de rangements… En bon dandy, il capitalise avant tout sur une ligne sportive, qui vieillit bien avec le temps, un certain dynamisme, et un intérieur enfin à la hauteur des prétentions tarifaires : 44 200 € pour l’entrée de gamme de cette P200 Flexfuel, et près de 55 000 € pour notre version suréquipée SE. Une déclinaison pleine de promesses et qui peut assurer un regain d’intérêt pour cet intéressant SUV. Du moins jusqu’en 2025, année à partir de laquelle Jaguar repartira de zéro avec une nouvelle identité et une nouvelle gamme entièrement électrique.
Chiffres clés *
- Longueur : 4,39 m
- Largeur : 1,90 m
- Hauteur : 1,64 m
- Nombre de places : 5 places
- Volume du coffre : 494 l / 1170 l
- Boite de vitesse : Auto. à 9 rapports
- Carburant : Bicarburation essence bioéthanol
- Taux d'émission de CO2 : 176 g/km
- Bonus / Malus : NC
- Date de commercialisation du modèle : Octobre 2020
* pour la version P200 FLEX FUEL BVA AWD R-DYNAMIC SE.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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