L'accident du Mans 1955 entre tragédie nationale et tabou familial
Il y a près de 70 ans se déroulait la plus grande tragédie du sport auto. Elle fait aujourd'hui l'objet d'un troublant documentaire mèlant un tabou familial au déroulé du sinistre évènement. Son réalisateur, qui a perdu deux de ses oncles dans l'accident, parvient, de brillante manière, à faire parler son entourage qui ne s'était jamais exprimé, et des archives qui ont de nombreuses choses à révéler.
Il est 1828, ce 11 juin 1955. Dans la ligne des stands. le moteur de la Mercedes de Pierre Levegh est propulsée dans la tribune. Crédit photo : PhotoPQR/OuestFrance/ MAxPPP
On sait tout de ce moment tragique. De nombreux ouvrages, et d’autres documentaires, l’ont séjà décortiqué, minute par minute, seconde par seconde. Pourtant, le film d’Emmanuel Reyé diffusé le 8 octobre sur Planète+ et disponible sur MycCanal est particulier. Parce que le documentariste a perdu deux de ses oncles, Claude et François, fauchés dans la tribune des concessionnaires, le 11 juin 1955, à 18h28, aux 24h du Mans.
Ils figurent sur la sinistre liste des 82 disparus et 120 blessés de la plus importante tragédie du sport automobile. Les images du drame, tout le monde les a en tête. Celles de la Mercedes 300 SLR de Pierre Levegh qui décolle et explose, son moteur en feu projeté dans le public.
Un drame et un tabou
Ces images, le réalisateur les a vues, revues, et disséquées. Il les a soumises à des témoins de l’époque, aux derniers survivants, à des historiens, à des journalistes aussi, comme Jean-Louis Moncet ou Stéphane Barbé. Et à sa famille surtout. Car Le Mans 1955 est un non-dit du clan Reyé, une chose dont on ne parle pas. Lui-même a appris le sort de ses oncles alors qu’il avait 17 ans, par une personne extérieure.
Les membres de sa famille, tous ceux qui n'évoquaient jamais cette catastrophe, il les a écoutés et ils ont parlé, soulagés parfois, de sortir de ce silence de près de 70 ans. Avec eux, et avec des sommes d’archives, Reyé passe du tragique de l’intime au désastre de l’histoire, celle d’une course terrifiante, qui a repris son cours comme si de rien n’était, parce que les 24h du Mans sont sacrées ?
"L'accordéon jouait, une heure après le drame"
Surtout parce que des enjeux aussi financiers, diplomatiques que colossaux ont gagné contre la douleur de dizaines de familles. « une heure après le drame, les voitures roulaient et l’accordéon jouait » se souvient un témoin. Et le lendemain, le journal l’Équipe annonçait, en gros titre et en Une : « Hawthorn (qui fut mêlé au drame) remporte une victoire record ». le drame en question est bien sûr évoqué, mais en plus petits caractères. The sport must go on.
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