Route de nuit - le logo Renault, du klaxon au procès
Non seulement l'emblème de l'ex régie n'a pas toujours été un losange, mais cette forme a été controversée jusqu'à se voir interdite par voie de justice. Récit de 100 ans de graphisme automobile à la française.
C'est son surnom depuis des lustres. On l'appelle affectueusement le "losange", comme on affuble Peugeot du terme "lion" et Citroën de celui de "chevrons". Mais en ce qui concerne Renault, cette forme géométrique n'a pas toujours été le fanion que l'on connaît. Jusqu'en 1922, la déclinaison graphique de la maison s'est d'ailleurs plutôt cherchée. D'une effigie digne d'une calèche à ses débuts, à l'avant d'une voiture stylisée en passant par un char de la grande guerre, le logo Renault ne durait que quelques années. Jusqu'en 1922. Cette année-là, il devient rond et intègre les 7 lettres de la marque en son centre. Mais pourquoi une grille dans un cercle ?
Un logo en forme de bouchon de klaxon
En fait, ce nouveau logo avait un aspect avant tout pratique. Il recouvrait le klaxon des modèles Renault, et la grille aérée permettait de laisser passer le son de l'avertisseur. Mais en 1925, changement de stratégie : la mode est aux logos fixés au centre des calandres, et non plus simplement sur le klaxon dans un coin. Les calandres Renault sont en forme de losange ? Le logo aura cette forme-là lui aussi. Mais Louis Renault décide de conserver la grille, même si elle est dorénavant fermée. C'est parti pour la forme que nous connaissons aujourd'hui encore, ou presque.
Le logo évolue tranquillement pendant 46 ans. Mais en 1971, l'heure est à la modernité. Celle d'une régie nationalisée qui propose de R15, des 17 et bientôt une Renault 5 et qui doit révolutionner la mobilité (déjà). Alors il faut un logo qui reflète ce new age de la RNUR (Régie Nationale des Usines Renault). La marque elle-même disparaît totalement du logo qui devient beaucoup plus abstrait. Manque de chance, il ressemble à celui d'un groupe chimique américain qui travaille notamment pour l'automobile. Kent, c'est son nom, produit, entre autres, des colles pour pare-brise. Seulement voilà, son logo ressemble à celui de Renault, sauf qu'il est horizontal, alors que le Français est vertical.
Une bataille juridique pour un losange vertical ou horizontal
Les Américains sont plutôt versés dans le judiciaire et Kent envoie son bataillon d'avocats à la poursuite de Renault qui, dans un premier temps, sourit devant ce barouf tatillon. Mais le sourire se fige lorsque Kent gagne son procès et oblige la régie à retirer l'intégralité de ses logos de l'intégralité de ses voitures. Une gigantesque opération de rappel est menée en 1972. Toutes les autos produites depuis un an dans le monde, et affublées du logo interdit, sont rappelées. La marque infamante est enlevée de la calandre, du volant, et même de l'autoradio. Elle est remplacée par un logo tout nouveau, commandé en urgence à la star du genre : le sculpteur, peintre et plasticien Victor Vasarely. Mais en réalité, c'est son fils Jean-Pierre qui dessinera le nouveau losange, le signant de son pseudonyme : Yvaral. Reste que l'histoire retiendra le nom du père et lui en garantira la paternité.
Le Vasarely va durer vingt ans et en 1992, il prend du relief avant d'être à nouveau modifié au début de cette année. Le nouveau logo de la maison Renault se veut plus simple, plus épuré et ressemble furieusement à celui de Vasarely ? Au moment ou la maison s'apprête à relancer la R5 et bientôt la R4, le retour aux sources graphique s'impose.
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