La route remise sur les rails ?
Après une semaine de grève des cheminots, l'heure n'est plus à l'auto phobie. C'est la SNCF elle-même qui pousse ses usagers sur la route. Au risque de démontrer que l'on pourrait se passer du train ? Certes, aujourd'hui on ne peut pas, mais demain ?
Faites de la place dans vos voitures, rendez-vous sur blablacar ou Drivy, prenez le bus, jamais la consigne de quitter les gares pour prendre la route n'a été si largement donnée et la communication si bien orchestrée. Jusqu'à payer des pubs à la télé et dans la presse. Avec un succès inédit : Blablacar est à ce point débordé par la demande qu'il fait affréter des autobus par ses clients et les cars Macron n'ont jamais si bien porté leur nom...
Je n'ai pas d'opinion bien tranchée sur la légitimité de cette grève, mais un commencement d'avis sur sa destinée : on dirait bien qu'elle est en train d'être cassée par l'automobile. L'automobile au sens large et dans sa version connectée, quand un smartphone permet de trouver LA voiture qui mène à bon port ou de réserver une place dans un car. Sur le papier, 30 millions de voitures, c'est 150 millions de places assises...
Un automobiliste en grève, ça améliore le trafic
À la place des cheminots, je m'inquiéterais des leçons que le gouvernement pourrait être tenté de tirer de tout cela.
Car finalement, l'automobile, c'est bien pratique : chacun achète et entretient sa locomotive, paie sa gare, nettoie le wagon, gère l'aiguillage et engueule son volant quand il y a du retard. C'est aussi le conducteur qui finance le réseau qu'il emprunte via l'énorme montant que représente la TVA automobile (20 %) et les taxes sur les carburants (60 %). Et puis, autre différence non négligeable, quand le conducteur se met en grève, ça améliore le trafic.
En comparaison, le rail n'est qu'un puits sans fond et ses usagers n'en sont même pas satisfaits : retards réguliers, wagons bondés, fréquence insuffisante, pannes. Seul le TGV fait l'unanimité, mais on lui doit la quasi-moitié des 55 milliards de la dette SNCF, ce qui fait cher pari Marseille en trois heures.
La voiture autonome, ce sera le train sur la route
Je blague, il est évident que l'on a besoin du train, que le rail est indispensable à la vie économique et à la cohésion du pays. Aujourd'hui, mais demain ?
Si l'on en croit les promoteurs de la voiture autonome, celle-ci aura quatre à six fois moins d'emprise au sol grâce sa précision et ses réflexes qui permettront des voies moins larges et la réduction radicale des distances de sécurité, pour caser bien plus de voitures sur moins de bitume. La voiture autonome aura aussi et surtout la capacité - qu'annonce déjà Waze et consorts - de trouver l'horaire et l'itinéraire le plus fluide et ainsi d'exploiter au mieux la voirie disponible. Autonomes, ces voitures seront aussi vraisemblablement plus "partagées" que ne le sont les nôtres, et peut-être même en grande partie collectives, ce qui en réduira le nombre, tant sur la route qu'en stationnement. Sans parler de la voiture volante qui se présente comme le taxi de demain.
Ce sera la fin des bouchons et aussi de la pollution car ces voitures seront électriques...
D'accord, c'est plutôt pour après-demain mais ce jour-là, aura-t-on encore besoin de 140 000 personnes et de gigatonnes de matériel hors de prix pour emmener le populo au boulot ou en week-end ? Quand le train sera sur la route, qu'adviendra-t-il du rail ?
Il pourrait bien être aux transports de demain ce que le téléphone fixe sans fil est devenu dans bien des foyers depuis la "disruption" du mobile ; un objet que l'on utilise de moins en moins, dont on laisse les batteries se périmer, jusqu'au jour ou on le débranche pour le ranger dans un placard.
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