La voiture autonome, un scandale climatique ?
Selon une étude, le développement des véhicules autonomes représente un réel risque pour la transition écologique.
Peu à peu, la notion de véhicules autonomes entre de façon concrète dans nos vies. Ici, c’est une expérimentation de navette sans chauffeur mise en œuvre sur un parcours parfaitement balisé. Là, c’est Tesla ui nous promet l’arrivée de la technologie de conduite automatisée sur ses voitures dans les mois qui viennent, fort de la certitude que les puces commettent bien moins d’erreurs de conduite que les humains.
Plus loin, c’est Geely, constructeur auto chinois, qui s’associe à un géant du web en vue de développer puis commercialiser des voitures sans chauffeurs dans les années qui viennent. Si le défi technologique est énorme, les promesses le sont tout autant.
Explosion des distances parcourues
Reste que la voiture autonome pose encore de nombreuses questions. Outre la complexité de la mise au point de cette technologie, laquelle en rendrait illusoire le déploiement massif avant 2050, celle-ci présenterait d’importants inconvénients écologiques à en croire une étude du Forum Vies mobiles et de la Fabrique Ecologique.
Ainsi, qu’il s’agisse des voitures autonomes des particuliers ou des robots-taxis, un développement massif aurait pour conséquence une explosion des distances parcourues à bord de ces futurs salons roulants (ah, la perspective de rallier Paris à Biarritz dans la nuit tout en dormant…), avec pour corollaire un triplement de la consommation d’énergie du parc automobile.
Autre écueil, selon cette même étude, le stockage des incroyables quantités de données générées par ces voitures. D’après les estimations, chaque véhicule connecté générerait 1 Go par seconde, soit 1,3 million de Go chaque année pour un véhicule lambda. On n’ose imaginer la taille des data centers nécessaires à la conservation de ces données.
A cela s’ajouteraient, souligne le rapport, « les émissions de CO2 liées à la production, l’installation, la maintenance, le renouvellement et la gestion des déchets d’un ensemble d’objets et d’infrastructures sur route ou embarqués. »
Evoquant « un déploiement en décalage avec l’urgence climatique », les auteurs de l’étude soulignent aussi les «impasses technologique et juridique difficiles à dépasser dans les années qui viennent. »
« À l’inverse, ne faudrait-il pas développer sans attendre un système de mobilité plus sobre ? », interroge Christophe Gay, co-directeur du Forum Vies Mobiles. « Un système composé de véhicules légers ou low tech, facilement réparables et recyclables, consommant moins de matériaux, nécessitant moins d’infrastructures lourdes en synergie avec les modes actifs et les transports collectifs. »
Toujours plus de techno
C’est là que le bât blesse : la tendance de l’automobile est au contraire à un enrichissement permanent de technologies (à plus forte raison avec l’électrification qui se généralise), et on voit mal comment des véhicules « low tech » dépourvus d’assistances à la conduite et autres équipements de confort et de sécurité pourraient aujourd’hui s’imposer.
Mais ces propositions sont finalement peu surprenantes si l’on rappelle que Vies Mobiles est issu de la SNCF, qui semble bien ici un peu défendre sa boutique.
Quoi qu’il en soit, cette étude, qui vient à contre-courant des ambitions gouvernementales, a le mérite d’ouvrir le débat. Au printemps 2018, les pouvoirs publics s’étaient en effet engagés dans le développement de la voiture autonome, avec pour objectif de lancer des expérimentations sur route ouverte avec des véhicules de niveau 4 sur une échelle de 5 (ce qui signifie que le conducteur peut totalement lâcher les commandes dans la plupart des situations) à l’horizon 2022.
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