Mercedes-Benz 260/300/320 W124 (1984-1995) : la dernière Classe E indestructible, dès 3 000 €
La W124, est la dernière Mercedes « moyenne » conçue sans souci de prix de revient. En clair, elle profite d’une qualité et d’une technologie maximales pour son temps, et offre actuellement ses charmes pour trois fois rien. Autant la déguster en 6-cylindres, ce n’est pas plus cher !
Si en 1979, Mercedes commencé à révolutionner son design avec la Classe S W126, le processus a connu une accélération notable en 1982. En effet, c’est l’année où est présentée la 190, la première petite Mercedes d’après-guerre, signalée par sa ligne ultramoderne et aérodynamique, due à Joseph Gallitzendörfer et Peter Pfeiffer, sous la direction de Bruno Sacco. Elle donne un coup de vieux au reste de la gamme, mais pas pour longtemps. Pourquoi ? Parce qu’en novembre 1984, la 200-300 de type W123 se voit remplacée par la W124, qui reprend non seulement les codes esthétiques de la 190 mais aussi ses avancées techniques. La nouvelle berline moyenne de l’étoile, appelée à être son modèle plus vendu, tranche donc totalement avec sa devancière très typée seventies et avance ainsi une aérodynamique de pointe (Cx de 0,29).
Elle la doit à sa curieuse malle arrière bombée, se terminant sur une poupe verticale où apparaît le détail qui la distingue le mieux de la 190 : des feux arrière en biseau. Car pour le reste, bien malin qui pourra distinguer les deux autos du premier coup d’œil. Même constat dans l’habitacle, où le tableau de bord rappelle nettement celui de la 190.
Sous le capot, on retrouve le même moteur 2,0 l mais sans injection (109 ch), en entrée de gamme, mais le reste de l’offre est spécifique. On trouve un 2,3 l de 136 ch et surtout un inédit 6-cylindres 3,0 l de 188 ch qui fait de la 300E qu’il équipe la plus rapide des Mercedes : 230 km/h. Côté diesel, on a conçu un bloc modulaire qui se décline en 4, 5 et 6 cylindres, pour des capacités respectives de 2,0 l (72 ch), 2,5 l (90 ch) et 3,0 l (109 ch).
Parfaitement conçue, construite et finie, la W124 remporte d’emblée un grand succès, malgré son austérité intérieure, son faible équipement de série et ses prix élevés. Une vraie Mercedes ! À 195 180 F (54 900 € actuels), la 300 E coûte 10 000 F de plus qu’une R25 V6 Turbo et se passe d’ABS. En 1985, il présente la version break et inaugure avec elle sa transmission intégrale dénommée 4Matic. Une appellation malheureuse puisque la majorité des gens penseront qu’elle désigne une boîte automatique…
Une seconde version à 6 cylindres arrive cette année-là, la 260 E au 2,6 l de 166 ch, suivie en 1987 de la 300 Turbo-Diesel, qui, avec ses 143 ch et ses 200 km/h, devient le diesel le plus rapide du monde ! C’est l’année où est lancé le superbe coupé, à la ligne très pure, alors qu’en 1989, un restyling intervient, signalé par des protections latérales couvrant les bas de porte, les mêmes que celles du coupé.
En 1989, le 3,0 l gagne une culasse à 24 soupapes portant la puissance à 220 ch, sur la 300 E 24. Surtout, la Mercedes donne enfin la réplique à la BMW M5 en récupérant le V8 5,0 l de 326 ch du roadster 500 SL : c’est la sulfureuse 500E, fabriquée chez Porsche car à cause de ses ailes élargies, elle ne passe pas sur les lignes d’assemblage des modèles standard.
En 1991, c’est le cabriolet qui apparaît, ainsi que la 400E, au V8 4,2 l de 279 ch comme son nom ne l’indique pas. Fin 1992, les 4-cylindres gagnent des culasses à 16 soupapes, tout comme, et c’est une première mondiale, les diesels à 5 et à 6 cylindres. Une deuxième refonte arrive en juin 1993. On la repère aux projecteurs désormais séparés du capot par une langue de métal, cependant que l’équipement s’enrichit. Surtout, elle inaugure l’appellation Classe E. Côté moteurs, un 2,8 l de 193 ch remplace le 2,6 l et un 3,2 l le 3,0 l (toujours 220 ch), alors que la 400E est renommée 420E. Seulement, des financiers ont commencé à prendre le pouvoir chez Mercedes, et la calculatrice qui leur tient lieu de cerveau les a conduits à réduire la qualité de fabrication afin d’augmenter la marge bénéficiaire… En 1995, la Classe E W210 commence à remplacer la W124, dont le dernier exemplaire sort en 1997, un cabriolet. En tout, quelque 2,7 millions de ces Mercedes de gamme moyenne ont été produits, un grand succès.
Combien ça coûte ?
Sûrement à cause de sa grande modernité, la W124 a du mal à passer pour une youngtimer, au contraire d’une BMW Série 5 E28 par exemple. Aussi sa cote demeure-t-elle très basse, son abondance sur le marché jouant ainsi contre elle. En s’en tenant aux versions à 6 cylindres, on trouve des autos en bon état dès 2 500 €, en 260E ou 300E, avec un kilométrage dépassant le chiffre de 250 000. Le magnifique coupé ? Comptez 4 000 € minimum, voire 4 500 € si le compteur affiche moins de 200 000 €. Et à moins de 100 000 km, le prix augmente, à 8 000 €. Une 280 ? En très bel état, ce ne sera que 4 500 €. Plus rares, les 300 E ou CE 24, ainsi que les 320, là encore E ou CE, débutent à 6 000 €, aux alentours de 200 000 km, et atteignent 10 000 € en parfait état, aux alentours de 100 000 km, prix auquel on commence à trouver des 400/420E à gros kilométrage. Les rares cabriolets exigent 15 000 € minimum, alors que l’alléchante 500E réclame 30 000 €.
Quelle version choisir ?
Toutes sont bonnes, mais les versions fabriquées entre 1989 et 1993 représentent certainement les meilleurs compromis. Moins chichement équipées que celles d’avant et mieux fabriquées que les suivantes, elles ne coûtent pourtant pas bien cher. Une 320 procurera un grand agrément, en berline, coupé ou break. Pour sa part, la 400/420, quasi introuvable, offre des performances assez proches de celles de la 500 pour moins de la moitié du prix.
Les versions collector
Incontestablement, la plus prisée des collectionneurs est la 500E, mais à quel prix ! Ensuite, les 400/420 restent recherchées en raison de leur rareté. Enfin, n’importe quel exemplaire en parfait état et à moins de 100 000 km peut aussi être considéré comme un collector. Surtout les breaks, peu fréquents en 6-cylindres.
Que surveiller ?
Ces autos, extrêmement robustes, encaissent sans gros ennui des kilométrages monstrueux (plus de 500 000 km) au prix, tout de même, d’un entretien rigoureux. Ce qui n’est pas si courant ! En effet, précédées par leur réputation de solidité, elles ne sont pas toujours révisées en temps et en heure, d’autant que certaines pièces peuvent se révéler très chères. Heureusement, tout se trouve aisément.
L’âge aidant, la corrosion peut causer de sévères dégâts, notamment aux ailes avant, alors que les revêtements en tissu des sièges se révèlent assez fragiles, surtout sur les phases III. Celles-ci souffrent aussi d’un faisceau électrique moins résistant que celui des autres W124. Examinez bien la suspension avant également, ainsi que les correcteurs d’assiettes quand ils sont installés, et traquez les fuites de direction. À noter également que la boîte auto à 5 rapports (montée à partir de 1990) se révèle moins endurante que l’unité à 4 rapports, et toutes deux ont besoin d’être vidangées régulièrement.
Enfin, les pannes d’accessoires électriques (vitre, fermeture centralisée) ne sont pas si rares, ni d’ailleurs anormales sur des autos aussi âgées.
En règle générale, optez pour un exemplaire présentant bien, suivi et parfaitement fonctionnel, même si le kilométrage vous impressionne. Ces Mercedes détestent en effet l’inaction et leur remise en état peut se révéler ruineuse.
Au volant
J’ai pu prendre les commandes d’un break E 320 Prestige de 1994 dépassant les 200 000 km mais en superbe état. Une auto qui en impose encore aujourd’hui par sa prestance, son volume utile et sa qualité de fabrication. À bord, c’est encore du Mercedes de la bonne époque : présentation sobre mais élégante, formes simples mais matériaux épais, sièges fermes mais confortables. Mais en plus, l’équipement apparaît fourni : cuir, clim auto, volant réglable électriquement, régulateur de vitesse… À la mise en route, le 6-cylindres se signale par son silence.
Dès les premiers tours de roues, la direction se révèle très souple, et la suspension filtre les inégalités avec dextérité. Quant à la boîte auto à 5 rapports, elle étonne par sa douceur de fonctionnement, de sorte qu’alliée à un moteur réjouissant d’onctuosité, elle procure un agrément d’utilisation saisissant. Cette voiture, c’est une merveille de moelleux qui ne verse pas dans la mollesse.
En effet, quand on enfonce l’accélérateur, le bloc manifeste une belle vitalité, et s’il est un peu pataud, le châssis se montre parfaitement équilibré. Cela fait du break 320 un excellent voyageur familial, sûr sur route, rapide sur autoroute et suffisamment alerte en montagne. Quant à la consommation, elle reste raisonnable, à 11-12 l/100 km.
L’alternative youngtimer
Mercedes-Benz W123 (1976-1985)
La Mercedes mythique, en dehors des modèles d’exception comme la 300 SL Papillon, c’est la W123. Pourquoi ? Parce qu’elle est l’archétype de la voiture inusable, celle capable de passer le million de km en se contentant d’un entretien courant. Lancée en 1976 après des études menées sans trop de contraintes de temps, elle se révèle d’emblée parfaitement au point. Développant de 55 ch (200 D) à 177 ch (280 E), l’allemande peut tour à tour jouer le rôle du taxi paisible et de la familiale rapide, presque sportive. En 1977, elle se décline en coupé et en break, puis subit de légères refontes en 1980 et 1982. Elle aura même droit, en option, à l’ABS et à l’airbag. Énorme succès (2,7 millions d’exemplaires), elle commence à se faire rare en excellent état. À partir de 3 500 €.
Mercedes-Benz E 320 (1993), la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en ligne, 3 199 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) essieu multibras, ressorts hélicoïdaux barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 automatique, propulsion
- Puissance : 220 ch à 5 500 tr/mn
- Couple : 314 Nm à 3 750 tr/mn
- Poids : 1 490 kg
- Vitesse maxi : 236 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,4 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des petites annonces de Mercedes W124, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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