Jeep Avenger : notre premier essai de la voiture de l’année 2023
Elle a reçu le titre de voiture de l'année 2023. Voici le premier essai de la Jeep Avenger, avec laquelle le constructeur américain vise une nouvelle phase de sa conquête.
Comme vous le savez, Jeep fait désormais partie d’une famille encore plus grande. Or, c’est la force des grands groupes comme Stellantis : riches d’un portefeuille de marques long comme le bras, ils peuvent décliner une même base technique en de nombreuses réalisations.
Ainsi, vous serez peut-être surpris d’apprendre que sous le look très Jeep de cette nouvelle Avenger, on ne trouve point une base Fiat comme pour les Renegade et Avenger, mais bien celle… de la Peugeot 208. L’air de rien, c’est un évènement, car c’est la toute première fois qu’on assiste à un partage technologique entre les deux anciennes entités qui composent Stellantis, l’ex-PSA et l’ex-FCA. Et bien sûr, ce n’est qu’un début.
Objectif Europe
Si Jeep est évidemment originaire des USA, l’Avenger d’à peine plus de 4 mètres (plus compacte encore que la pourtant pas énorme Renegade) ne sera pas vendue sur les terres de ses ancêtres. Développée à Turin et produite en Pologne dans une usine qui fabriquait jadis des Polski-Fiat, elle a pour objectif majeur de conquérir l’Europe.
De fait, elle est en effet bien adaptée à la demande croissante pour les petites voitures électriques sur notre continent. Voilà donc déjà un atout de la Jeep Avenger : être une des premières d’une catégorie indubitablement appelée à se développer.
C’est clair : le style affirmé de l’Avenger, son statut de SUV et la belle image de marque de Jeep devraient lui permettre de susciter l’intérêt. Les responsables de la marque comptent en tout cas sur elle pour améliorer sa pénétration sur nos marchés puisqu’ils pensent que 85% des acheteurs d’Avenger seront de nouveaux clients pour Jeep, avec une plus grosse proportion de jeunes et de femmes que pour ses autres modèles. Logique !
Mais pour séduire ces nouveaux venus, encore faut-il que cette voiture réponde aux attentes. Petit élément de réponse : elle fait d’ores et déjà partie des 7 finalistes en lice pour l’élection de la Voiture de l’Année. Preuve que ce jury européen (dont l’auteur de ces lignes fait partie) l’a jugée très réussie !
Un feeling étonnant
Il n’aura fallu qu’un bref essai sur les hauteurs de Nice pour que cette Jeepounette fasse opérer son charme sur votre serviteur, pourtant pas grand amateur de voitures électriques à priori. Elle m’a eu ! La bonne note initiale est que dès les premiers coups de volant, on oublie totalement la base 208.
On sait depuis longtemps que les ingénieurs ont la capacité de proposer un large éventail de sensations à partir d’une seule et même base technique, mais on s’étonne pourtant du sentiment « premium » que l’Avenger transmet à travers ses suspensions et sa direction.
C’est d’autant plus remarquable que trop souvent, les constructeurs, terrorisés par la perspective d’un début de fraction de roulis, cherchent à compenser le poids des batteries des véhicules 100% électriques en durcissant leurs suspensions. Parfois jusqu’à la caricature. Forcément, il en résulte une machine hautement inconfortable. Mais pas de ça ici ! Avec une masse contenue d’à peine plus de 1,5 tonne, la petite Jeep ne doit pas avoir recours à cet artifice. Pourtant, de la batterie, elle en a ! Son autonomie officielle (400 km, et jusqu’à 550 en ville) est remarquable. Chiffres inatteignables ? Pas sûr ! Pour ne rien vous cacher, nous n’avons pas hésité à chatouiller les 156 chevaux (10 ch de plus que la e-208) et 260 Nm.
Pour rappel, nous l’avons fait dans les environs de Nice, un coin riche en routes tortueuses qui montent vers le ciel. C’est vous dire si nous n’avons pas cherché l’économie. Alors certes, la partie retour en descente a compensé, mais en partie seulement.
Et pourtant, en rendant les clés de l’Avenger, son ordinateur de bord indiquait une consommation moyenne de 15,8 kWh/100 km, soit exactement le chiffre officiel. Si on peut atteindre celui-là, c’est que les autres (ceux concernant l’autonomie) ne sont pas hors de portée.
Mais il faudra probablement se montrer bien plus raisonnable que nous l’avons été. Et pour clôturer ce chapitre électrique, sachez que le chargeur embarqué de 11 kW permet de refaire un « plein » complet sur Wallbox en 5,5 heures, et que l’Avenger accepte les recharges rapides jusqu’à 100 kW, pour récupérer 30 km d’autonomie en 3 minutes. Autrement dit, la batterie passe de 20 à 80 % en 24 minutes.
Tout-terrain
Forcément, qui dit Jeep dit petite séance de conduite 4x4. Eh bien, pas cette fois ! La Jeep Avenger n’est tirée que par ses roues avant. Mais pour donner le change, elle est équipée de cette sorte de « ESP avancé » introduit par Peugeot sur le premier 3008, pour lui offrir quelques capacités tout-chemin. Ce système comprend plusieurs modes de fonctionnement, dont un pour la neige et un pour la boue. Mais pour une Avenger vraiment audacieuse, il faudra attendre de voir se concrétiser le concept Avenger 4xe présenté au dernier Mondial.
Et puisqu’on parle d’autres versions de l’Avenger… Souvenez-vous, elle utilise la base de la Peugeot 208. Or la petite Peugeot n’existe pas qu’en version électrique. Oui, il existera donc bien une version essence de l’Avenger avec le moteur 1,2 litre.
Mais à notre grande stupeur, on annonce chez Jeep qu’elle ne sera commercialisée qu’en Espagne et en Italie. Car c’est bien connu, nous les Français (comme apparemment les Belges ou les Allemands, c’est bien connu) avons tant de budget à consacrer à nos voitures que nous n’avons nul besoin d’une petite auto pas chère sur le marché… Bon, cela dit, quelque chose nous dit qu’elle n’est pas gravée dans le marbre, cette décision.
Cette condition de 100% électrique est d’ailleurs l’un des rares défauts que nous trouvons à cette Avenger. Car cette condition est synonyme d’un prix d’entrée de quelque 30 000 euros, et même 10 000 € de plus lors du lancement en version entièrement équipée.
L’autre bémol est qu’il faudra éviter de trop tâter les matériaux de l’habitacle, composé de pas mal de plastiques durs, aux assemblages pas toujours irréprochables. Dommage, car le look de l’intérieur est aussi réussi que celui de l’extérieur.
L’habitabilité aussi est franchement excellente pour une si petite voiture. Il est juste dommage que le plancher ne soit pas plat aux places arrière. Enfin, le coffre de 380 litres est tout simplement remarquable.
Bref, la Jeep Avenger est pétrie de qualités. Elle pourrait donc effectivement permettre à Jeep de décoller dans les prochaines années en Europe. Mais sachant que notre marché voit peu à peu disparaître les bonnes petites voitures abordables (dont il a pourtant besoin, en témoigne l’insolent succès de Dacia), il serait dommage que sa carrière soit entravée par cette curieuse décision de réserver la version essence à certains pays seulement. À bon entendeur…
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