Quelle automobile en 2030 ?
Le monde automobile est en plein bouleversement. De nouvelles technologies se mettent en place peu à peu, comme la voiture électrique, la voiture autonome. Si l’on utilise notre automobile souvent seul pour des déplacements, le covoiturage prend de l’ampleur. Demain comment roulerons-nous ? Cette semaine, effectuons un saut dans le futur afin de tenter de dresser le portrait-robot de la voiture dans une dizaine d’années.
En 2030, on conduira toujours des automobiles. Même si elle est de plus mal perçue au cœur des villes, l’automobile est toujours un moyen de transport très utilisé et ce sera toujours le cas dans dix ans. Mais les autos vont évoluer, les technologies changer et notre approche de l’automobile devrait devenir plus pragmatique. Rassurez-vous, il restera toujours de la passion et les lignes des belles autos ou les performances des plus sportives seront toujours là pour nous faire rêver.
En 2030, les voitures seront plus sûres
Selon les dernières estimations de la Sécurité routière, 3 239 personnes seraient décédées sur les routes de France métropolitaine en 2019 (les chiffres définitifs seront connus à la fin mai). Il s’agit d’une très légère baisse par rapport à l’an dernier, mais un mort sur les routes est toujours un mort de trop, et certains constructeurs ont fait de la baisse de la mortalité au volant une priorité. C’est le cas de Volvo qui indique que d’ici à 2030, personne ne devrait être tué ou gravement blessé dans une voiture Volvo. Mais les constructeurs dans leur ensemble travaillent sur ce sujet, encouragés par les pouvoirs publics à faire mieux pour protéger la vie. D’ailleurs depuis l’année 1972 où l’on a dénombré 18 034 décès, les voitures sont devenues plus sûres (merci les ceintures de sécurité, l’ABS, l’ESP, les airbags, EuroNCAP…), le contrôle technique a permis également d’éliminer ou d’obliger à faire réparer un grand nombre de voitures défectueuses, l’infrastructure routière s’est aussi beaucoup améliorée. Mais l’Union européenne veut que le nombre de morts sur les routes baisse de 50 % entre 2020 et 2030. C’est pourquoi elle va rendre obligatoire un grand nombre d’équipements sur les nouvelles générations de voitures particulières et d’utilitaires légers produites à partir de mai 2022 (pour les véhicules déjà commercialisés, les constructeurs pourront attendre jusqu’à 2024). Ces équipements sont : avertisseur en cas de somnolence ou distraction du conducteur (comme l’utilisation d’un smartphone au volant), adaptation intelligente de la vitesse (qui avertira les conducteurs de tout dépassement des limites autorisées), sécurité en marche arrière assurée par caméra ou capteurs, assistance au maintien de la trajectoire, système avancé de freinage d’urgence et ceintures de sécurité améliorées, mais aussi un enregistreur de données en cas d’accident (une sorte de boîte noire), enfin que les constructeurs facilitent l'installation “d'un éthylomètre antidémarrage“. Si plus de 90 % des accidents sont imputables à une erreur humaine, la plupart de ces systèmes devraient contribuer à réduire le nombre d’accidents ou à éviter le pire dans bien des cas.
En 2030, l’automobile sera plus autonome
La conduite autonome fait parler d’elle depuis de nombreuses années et l’on attend (certains avec impatience, d’autres avec crainte) toujours le moment où l’on pourra rouler sans toucher le volant. Il reste bien des écueils avant que les voitures roulent toutes seules et si les tests que poursuivent les constructeurs se montrent pour le moment, concluants, il faut que la réglementation évolue pour permettre le “lâcher de volant“ et surtout, que la technologie soit complètement sûre. Sur ce plan, les derniers travaux d’une équipe de l'Université Ben-Gourion-du-Néguev en Israël ont de quoi inquiéter. De simples images projetées sur la route peuvent induire en erreur les systèmes d’aides à la conduite des voitures semi ou totalement autonomes. Des images projetées depuis un drone devant une Tesla Model X ont de fait, parasité son système. Croyant distinguer un piéton dans le champ de sa caméra, la voiture s’est mise à freiner brutalement. Pire, de fausses lignes projetées sur le sol indiquant un virage ont fait changer l’auto de ligne en l’envoyant en contresens de la circulation. Malgré tout, les constructeurs croient en la voiture autonome et des analystes prédisent qu’en 2030, 15 % des voitures vendues dans le monde pourraient être totalement autonomes. Mais si la réglementation n’évolue pas, on ne pourra pas se servir de ce dispositif en France et dans certains pays, il faudra conserver les mains sur le volant. Pour une conduite autonome plus sûre, il faudra peut-être attendre que les autos autonomes puissent communiquer entre elles et avec les infrastructures. Grâce à des technologies de communication comme le super wifi DSRC (Dedicated short-range communications) adapté au transport ou le V2X (basé sur la technologie C-V2X qu’utilise le réseau de téléphonie mobile). Ou encore, la technologie développée par Valeo et Hexagon Positioning Intelligence présentée au CES de Las Vegas qui permet de localiser un véhicule avec une marge d’erreur de quelques centimètres (aujourd’hui les satellites ont une précision d’un mètre environ). Hyundai qui est partie prenante de l’opération avec les deux industriels proposera d’ailleurs bientôt une voiture équipée d’un tel système.
En 2030, les SUV resteront à la mode
En Europe, les parts de marché des SUV ne cessent d’augmenter. Ce type d’auto a mis à mal certaines catégories de véhicules comme les monospaces ou les breaks. Son hégémonie est telle que chez Volkswagen on prédit que la part de marché des SUV sera de 50 % dans le monde en 2025 ! Le SUV plait et désormais tous les constructeurs n’envisagent pas de laisser de côté cette catégorie qui représente un bon moyen de doper leur production et leurs ventes. Alpine en a besoin, Aston Martin en dispose (DBX) et même Ferrari veut un SUV dans sa gamme ! Pourtant, les SUV ont souvent mauvaise presse, car ils sont peu aérodynamiques, lourds et imposants, et leurs consommations font grimper les émissions moyennes de CO2. Mais plébiscités par le public, ils ont de l’avenir. Au point que Peugeot envisage de transformer sa petite Peugeot 108 en un mini-SUV qui pourrait se nommer Peugeot 1008, que Renault verrait bien sa Zoe électrique elle aussi devenir SUV, que Citroën songerait à créer un SUV coupé…
En 2030, il y aura toujours des moteurs thermiques sous le capot
Pour BMW c’est clair, le moteur thermique a encore de l’avenir. Le constructeur munichois, par la voix de son directeur recherches et développement, a expliqué aux journalistes d'Automotive News que BMW fabriquera encore des moteurs thermiques pendant trente ans. Pour le constructeur, le moteur diesel devrait être le premier à disparaître dans une vingtaine d’années. Les moteurs thermiques seront donc encore là en 2030 et devraient représenter encore plus de 40 % du marché. Ils auront malgré tout à faire face à la rude concurrence des motorisations hybrides et hybrides rechargeables. Les carburants vont également évoluer. Aux côtés de l’essence et du diesel, mais aussi du GPL (et dans une moindre mesure, du GNV), le “superéthanol “ E85 à sa carte à jouer et devrait clairement gagner des parts de marché. De plus, le biocarburant va avec la réglementation s’imposer de manière plus importante dans les pompes avec l’éthanol mélangé à l’essence (E10), les huiles végétales ou animales mélangées au diesel (biodiesel ou biogazole). Si pour le moment des terres cultivables servent à produire le plus souvent du biocarburant (ce qui ne va pas sans poser de gros problèmes), dans le futur l’accent sera mis sur les biocarburants de deuxième génération produits à partir de biomasse dite “lignocellulosique“ (issu du bois ou de la paille). Et encore mieux et plus vertueux, les biocarburants de troisième génération, composés de biomasse aquatique issue des algues ou des micro-algues.
En 2030, l’électrification va gagner des parts de marché
Autos dotées de moteurs thermiques, oui, mais le plus souvent hybrides ou hybrides rechargeables. En 2030, les moteurs thermiques seront en parts de marché à égalité avec les motorisations hybrides. Des analystes parlent de 41 % de parts de marché pour les moteurs thermiques contre 41 % pour les hybrides (dont 2 % pour les hybrides rechargeables). Le reste (18 %) sera monopolisé par les voitures électriques. Des voitures électriques dont la production devrait progresser rapidement pour atteindre les 8 % de la production mondiale dès 2024. Car les prix des voitures électriques devraient baisser pour être proches de celui d’une voiture thermique de même catégorie. Et puis l’offre sera plus importante qu’aujourd’hui avec de grands constructeurs comme Volkswagen, Mercedes, BMW qui prévoient de doter leur gamme d’une vraie famille de véhicules électriques. Les autos électriques vont aussi devenir de plus en plus performantes, avec des batteries puissantes et permettant une autonomie importante, moins contraignante à l’usage. Et la pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène me direz-vous ? Ce que l’on pensait être la solution miracle va rester à la marge. La technologie est coûteuse, l’hydrogène mal distribué et presque toujours produit à partir de sources d'énergies fossiles (gaz naturel, pétrole). Les voitures sont peu nombreuses (Hyundai Nexo, Toyota Mirai…) et il y a fort à parier qu’à part des flottes captives (ainsi Toyota avec la coentreprise Hysetco composée de l’Air Liquide, la STEP et Idex dispose de 500 taxis Toyota Mirai dans Paris), les voitures à hydrogène n’envahiront pas nos rues d’ici à 2030. En revanche, la pile à combustible de petite taille pourrait intégrer les voitures électriques pour servir de prolongateur d’autonomie. Les Renault Kangoo ZE Hydrogen et Renault Master ZE Hydrogen utiliseront une pile à combustible fournie par Symbio (coentreprise Michelin et Faurecia), d’une puissance de 10 kW elle portera l’autonomie des utilitaires électriques Renault à 350 km.
En 2030, l’habitacle se transformera en véritable salon roulant
Que ce soit pour son travail ou pour les loisirs on passe souvent beaucoup de temps dans l’habitacle d’une automobile. Autant que cela se passe bien pour le conducteur comme pour ses passagers. Les écrans multimédias vont se multiplier à l’avant comme à l’arrière des véhicules. Un bon moyen de passer un agréable voyage en regardant un film. Mais ça ne suffira pas à faire d’une auto un vrai cocon roulant et c’est pourquoi des industriels comme Valeo travaille sur un système Smart Cocoon qui permet, grâce à de multiples capteurs, de gérer au mieux le bien-être de chacun des occupants de l’auto en apportant un agrément individualisé, que ce soit en ce qui concerne les fragrances, les effets sonores et lumineux, l’ambiance thermique. Le véhicule prend en compte l’état de ses passagers en examinant le rythme cardiaque, la morphologie et propose un éclairage intérieur de couleurs chaudes pour accentuer la sensation de confort ou de teintes claires afin d’augmenter la sensation de fraîcheur, dans le même temps le niveau sonore s’adapte au comportement de l’occupant du siège. Le son dans l’habitacle va subir aussi de belles évolutions. Les industriels cherchent à personnaliser le plus possible l’univers sonore de chaque passager, lui permettant de voyager dans une bulle sonore sans gêner son voisin. Les haut-parleurs seraient alors intégrés aux sièges aux appuis-tête. Mais certains vont même plus loin en supprimant les haut-parleurs, et en intégrant aux surfaces des sièges, des appui-tête, aux contre-portes, au tableau de bord des dispositifs d’excitations électriques qui propulsent les sons d’une manière plus immersive, le son devient ainsi plus enveloppant. Le confort des sièges va aussi faire l’objet de toutes les attentions des constructeurs afin de leur donner encore plus de confort avec des mousses à mémoire de forme, des densités de mousse différentes pour chaque partie du siège, etc. Le conducteur ne sera pas le parent pauvre du confort en auto, puisque les aides à la conduite lui faciliteront le travail, tandis que les interfaces des menus multimédias seront plus agiles et que les commandes vocales et gestuelles vont se généraliser. Lui aussi aura droit à son cocon thermique, un avertisseur d’endormissement se chargeant de le maintenir en alerte si le besoin s’en faisait sentir.
En 2030, l’automobile sera louée et partagée
Le covoiturage va gagner du terrain, car il permet de joindre l’utile à l’agréable. Voyager à plusieurs avec une possibilité de partager les frais et tout le monde est content, à commencer par le propriétaire du véhicule qui rentabilise sa voiture au jour le jour. Les propriétaires de véhicules, il y en aura de moins en moins, car la location longue durée va gagner du terrain. Aujourd’hui, plus d’un tiers des véhicules est en location longue durée, en 2030 ce pourrait être la moitié des automobilistes qui choisiront ce mode de financement pour disposer d’une automobile.
En résumé, l’automobile de 2030 sera proche de celle que l’on connaît actuellement en ce qui concerne son style et ses aspects pratiques. Elle sera plus sûre, encore plus technologique, et la part des voitures utilisant de l’électricité pour se déplacer beaucoup plus importante qu’aujourd’hui. Le confort devrait progresser et le nombre de SUV va encore croître dans le marché automobile mondial.
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