4. Reportage - Stage BMC : Sasha, «achat d'une moto de piste en cours...»
Après avoir profité du retour de Mathieu, nous avons décidé de suivre Sasha (jeune papa de 31 ans), un Auvergnat d'origine mais émigré à Lyon pour le travail, sportif ayant pratiqué à haut niveau, motard seulement depuis 2005 et désireux avant tout de retrouver de belles doses d'adrénaline en prenant la piste avec l'école de pilotage BMC. Une première pour lui, qu'il passera dans le groupe des débutants au guidon d'une Ducati Monster 696 de prêt…
«L'arrivée devant les grilles du circuit de Ledenon est impressionnante.
Pour ma part, je n'ai que ma paire de bottes, de gants et mon casque. Ma femme me dépose juste devant puis file vaquer à ses occupations. La prise de contact est rude : tous les stagiaires arrivant avec de belles motos chargées sur remorque, les coffres remplis jusqu'au toit.
«Salut! Comment vas-tu ? Ca va, le week-end dernier on était au Castellet, on a bien tourné. Là on se prépare pour le Mans». Gloups ! Qu'est-ce que je fais ici !!?? Vous êtes sûr que je vais tourner avec ces furieux ?
La grille s'ouvre, les remorques s'agitent en direction du paddock. «Salut, je suis à pied, tu peux me déposer ? Pas de problème, montes. Tu viens avec ta moto, ça fait longtemps que tu tournes sur piste ? Non, c'est la seconde fois, mais je me suis équipé immédiatement après le premier stage. Tu vas voir, c'est addictif !»
Je ne le sais pas encore, mais en arrivant sur les paddocks, j'ai l'impression d'être Neil Armstrong posant le pied en terre inconnue. C'est fou comment ça ressemble à la télé !
On commence par les formalités administratives : caution pour la location, taille de la combinaison, remise du transpondeur, «tu manges à midi ?». Un peu de temps avant le briefing, je déambule dans les paddocks. OK, je suis bien sur une autre planète, mais mes coéquipiers de ces 2 jours conservent leurs origines sociales terrestres. Une Triumph Daytona flambant neuve descend automatiquement d'un Vito suréquipé, alors qu'un GSX-R un peu âgé a plus de mal à s'extirper de sa remorque brinquebalante. BRIEFING !
Présentation du staff BMC, énumération du palmarès (Whaoo !), début de la projection des slides du fichier PowerPoint. Type de virage, transfert de masse, on insiste lourdement sur la sécurité. Puis vient LE sujet : la position sur la moto. «C'est pas compliqué : tu te recules sur la selle, tu sors 1 fesse et demi, tu ouvres le genou, tu baisses la tête au niveau de la poignée. Quand c'est fini, tu replis tout». Effectivement, ça parait simple dans la théorie (quoique...), il faut juste l'appliquer. Les stagiaires sont répartis en 3 groupes de niveau : jaune (débutant, NDLR), orange (intermédiaire, NDLR), noir (expert, NDLR). C'est déclaratif, mais la technique sur piste validera les dires.
Retour aux stands. Et là, tout s'accélère, le staff motive les troupes pour que l'on respecte le planning. J'enfile pour la première fois une combinaison de piste… pas mal la sensation de sécurité. Je fonce vers mon bolide : un Monster 696. Bon d'accord, c'est un roadster, le seul entouré par tous ces carénages. Mais elle a de la gueule. C'est parti pour 6 tours de découverte du circuit.
J'avais bien essayé de me mettre le tracé en tête (ah la théorie !), mais une fois sur le bitume, mes souvenirs ne me servent à rien. Premiers virages, ça va, ce n'est pas trop rapide, j'ai le temps de contempler le paysage : du bitume, des vibreurs et des rangées de pneus rouges et blancs. Tiens ! Une descente, un droit, une montée et ... et .... un gauche en aveugle que l'on découvre au dernier moment. OK, celui-là, il faut que je le retienne. Le tour se finit puis c'est la ligne droite des stands. Là, on ouvre en grand au raz des stands, comme dans les GP. Whaoo ! Ça y est, j'y suis. Les tours de reconnaissance s'enchainent, la vitesse augmente, l'angle de la moto aussi. Les jaunes s'arrêtent sur le côté de la piste, à l'abri derrière les barrières, devant un 180° gauche. «Nous allons commencer par le virage le plus simple : le demi-tour à rayon constant». Curieux, je ne pensais pas que c'était le plus simple. On parcoure la bonne trajectoire à pied (le saint graal), on en profite pour placer les plots de début de freinage, de déclenchement du virage, de point de corde, de sortie de virage. Le staff fait 6-7 tours de démonstration pour illustrer la théorie. Leurs genoux frottent, je vois pas comment le mien pourrait le faire. «A vous de jouer maintenant !»
Je démarre doucement, je finis le tour puis arrive en vue du virage travaillé : je commence mon freinage au cône éponyme, je sors les fesses et me prépare au déclenchement au niveau du cône... mais je ne vais jamais y arriver à ce cône, j'ai déjà plus de vitesse. Je ré-accélère légèrement, je passe le point de corde avec le genou à 30 cm du vibreur puis ré-accélère en sortie de virage et passe à plus de 5 mètres du vibreur extérieur. Bon, postulat de base : faut rentrer avec de la vitesse pour pouvoir freiner. Sinon, toute la théorie des cônes s'écroule. Je retente, j'arrive plus vite, pas assez encore, mais ça s'enchaine mieux. Je dois être à 29 cm maintenant. On enchaine une dizaine de tour comme cela, ultra concentré, pensant à tout à chaque virage, modifiant, amplifiant chaque paramètres. On arrête pour le débriefing : les fesses pas assez sorties, la tête toujours dans l'axe de la moto, la trajectoire qui n'utilise pas toute la largeur de la piste. Ce n'est pas compliqué : 1 mètre c'est 5 km/h de moins dans le virage. On recommence une série, j'ai bien compris cette fois-ci. Ça va mieux, mais ça ne touche pas encore. On re-débriefe et je repars avec des nouveaux axes de travail pour une séance de tour libre.
Beaucoup de monde en piste, les stagiaires sont tous sur le circuit. Je pensais être plus impressionné que cela de tourner avec des pilotes plus expérimentés, plus rapides. Mais ça va. D'ailleurs, j'apprends beaucoup sur la trajectoire de certains virages compliqués (tripe gauche, fer à cheval, ...) que je n'arrivais pas à prendre correctement. Là, c'est le déclic : dans le gauche travaillé le matin, le genou vient se poser le bitume. Ça y est, je fais partie du club ! 13h, REPAS !
La chaleur, la concentration, les changements de position constants sur la moto commencent à se faire sentir. Cette pause permettra de recharger les estomacs, ainsi que les réservoirs des motos. Les conversations gravitent toutes autour de la piste : autres circuits, autres stages, réglages des motos, critiques des pneus... C'est un joyeux magma, bouillonnant dans la chaleur de Lédenon. 14h, retour sur la piste.
Tours de digestion, autre virage, autre démonstration, autre session, autre débriefing, autres tours libres. La structuration de la séance est rassurante, pas d'inconnue. Les litres d'eau apportés en bordure de circuit par BMC s'évaporent à chaque pause. Fin de l'après-midi. On débriefe de manière générale la journée : des pilotes noirs ne respectent pas les consignes de sécurité lors du dépassement des jaunes. Le lendemain, la décision est prise de séparer les jaunes des noirs/oranges lors des tours libres. C'est démocratique, ça aussi c'est rassurant.
Une bonne journée d'été, ça se finit par un apéro convivial : bières, cacahouètes et chips en bordure de circuit. Échange sur les sensations, les difficultés, les appréhensions. Ma femme et mon fils me récupèrent, j'écoute à peine leur journée, j'ai trop de choses à raconter. De retour au gîte loué pour l'occasion, ma logeuse me demande si je n'ai pas eu peur lors de cette journée. Non, rien, je me suis toujours senti en sécurité. J'ai bien cru une ou deux fois que j'allais finir dans le bac à gravier, mais je n'ai pas eu peur. La nuit, ce sont les sensations ressenties en virage, en accélération qui défilent. Vivement demain matin...»
Après avoir roulé sur un VFR 800 et une Hayabusa, il semblerait que son tout premier stage lui ai donné le tournis… mise en vente de la moto, achat d'un Burgman 650 pour les trajets quotidiens et achat d'une moto de piste (probablement une Daytona 675) en cours avec un nouveau stage de prévu d'ici octobre. Ça y est, le virus de la piste l'a piqué pour de bon !!
Un grand merci à Diana Rauch pour les photos de Sacha...
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