Route de nuit - Ne les appelez plus voitures sans permis, mais "sanpés"
Venue d'Italie, la tendance s'installe dans le sud de la France auprès des jeunes issus de milieux favorisés. Des jeunes qui se déplacent à bord de voitures sans permis rebaptisées "sanpés". La tendance est dopée par les bonnes ventes de la Citroën Ami et pour les parents, c'est un moyen de locomotion plus sûr que le scooter. Quant aux ados, c'est surtout un accès à la liberté de circuler confortable et à la mode. Mais la tendance coûte cher.
Souvent, les modes et tendances diverses débutent aux États-Unis avant d'arriver par ici. Celle-ci vient plutôt d'Italie. De Rome, précisément. Dans la ville éternelle, les transports en commun ne sont pas pléthores. Résultat : les jeunes y ont pris l'habitude de disposer d'un moyen de transport autonome, traditionnellement un deux-roues. Sauf que, depuis quelques années, ils se déplacent plutôt en quatre roues, en voiturette, qui n'est plus l'apanage des personnes âgées et des conducteurs qui n'ont plus leur permis. Les ados italiens s'en emparent, dès qu'ils ont leur "patentino" en poche. Ce "petit permis" est l'équivalent de notre BSR (Brevet de Sécurité Routière) acessible dès l'âge de 14 ans.
Une mode dopée par la Citroën Ami
L'Italie n'est pas loin du sud-est de la France et, de Nice à Marseille, depuis deux trois ans, les autos sans permis se multiplient. Et les ventes sont boostées depuis une petite année par l'arrivée de la Citroën Ami. Parce qu'elle est électrique ? Surtout parce que c'est la moins chère de toutes, à 6 000 euros, bonus écolo déduit, alors que la moindre Ligier, Aixam ou Chatenet, les stars du secteur coûte, au minimum, le double.
Pour autant, toutes les marques profitent de cet engouement et les chiffres s'en ressentent évidemment. Les professionnels du VSP (véhicule sans permis) attribuent bien la hausse de 64 % au premier trimestre 2021 aux ados et aux jeunes urbains et pas du tout à un afflux de permis retirés, ou de seniors désireux de reprendre une route qu'ils avaient délaissée.
Évidemment, pour que la voiturette devienne branchée, il a fallu la rebaptiser pour la déringardiser. C'est ainsi que, dans les bars à la mode de la cité phocéenne, les jeunes s'interpellent en demandant les uns aux autres s'ils sont venus en "sanpés". C'est évidemment plus court, et plus fun, que de demander à son voisin de comptoir s'il est venu en voiture sans permis et s'il peut le déposer en repartant.
Bien sûr, le prix de ces petits engins, et le coût de leur assurance, qui peut atteindre 200 euros par mois, en réserve l'usage à des jeunes issus de milieux favorisés et dont les parents sont capables de débourser une telle somme, en plus du prix d'achat (ou de la LOA) des engins. Lesquels se vendent majoritairement en version haut de gamme, comme c'est le cas chez Ligier, ou les modèles haut de gamme, à 16 000 euros représente 70 % des ventes.
Reste des arguments ultra-convaincants pour les parents. La carrosserie protège bien mieux leur progéniture qu'un simple scooter. Quant à cette dernière, le passage du mode "ringard" au mode "tendance" a achevé de les convaincre. D'autant que les petites autos sont aujourd'hui équipées de sonos sophistiquées, sont climatisées et accueillent un passager dans de meilleures conditions que leurs deux roues d'antan.
Devant cet engouement, les constructeurs réagissent et sont en train d'ouvrir, de Nice à Monaco, en passant par Marseille, Montpellier et la région parisienne, des "stores" à l'image de leur jeune public. C'est que, traditionnellement, les autos sans permis étaient l'apanage des sous-préfectures. Quant à leurs revendeurs, ils cumulaient souvent une activité de concessionnaire en motoculture. Pas vraiment le créneau de nos jeunes happy few.
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