1986, Auto-Hebdo tente un tour de Périf’ à 200 km/h… de moyenne !
Du moins c’était l’objectif du célèbre magazine, dont le pilote a dû se contenter d’un petit 195,2 km/h de moyenne. Le reportage a bien été publié, mais sous pseudo car déjà à l’époque, les autorités étaient allergiques à la vitesse…
En 1973, le boulevard périphérique parisien est enfin bouclé. Les usagers peuvent y rouler en toute légalité à 90 km/h, mais 20 ans plus tard, la vitesse maxi autorisée est réduite à 80 km/h. En 2014, elle chute encore, à 70 km/h, et depuis le 1er octobre 2024, on n’a plus le droit d’y dépasser le 50 km/h. C’est beau, le progrès… à rebours !
Cela n’en donne que plus de sel au record établi par le magazine Auto Hebdo début septembre 1986, même si l’objectif initial n’a pas été atteint. Ils ont eu une idée folle mais alors bien dans l’air du temps : faire le tour du Périf’ à 200 km/h… de moyenne ! L’idée émanerait, selon l’article rédigé par un certain « Ange Thema », d’un pilote américain prénommé « Larry ».
Pour ce faire, la rédaction a prévu un vrai dispositif : reconnaissances, prises de notes préalables (comme en rallye), voitures-ouvreuses liées par talkie-walkie à celle qui allait tourner à des vitesses relativement répréhensibles : une Alpina B7 Turbo, sur base BMW Série 5 E28.
Il a aussi fallu choisir un moment où la circulation serait faible, et débarrassée des camions. Le week-end donc, un dimanche dès potron-minet. Un premier test exploratoire est réalisé le samedi 5 septembre : entre Porte de Vincennes et Porte Dorée, l’Alpina accroche le 250 km/h compteur. Pas mal ! Mais votre serviteur, voici une trentaine d’années, y a pointé à 160 km/h compteur… pas dans une berline surpuissante, mais une modeste Fiat Uno Selecta (58 ch).
Le dimanche matin, c’est parti pour la tentative. « Larry » débute par un tour de reconnaissance, à un petit 183 km/h de moyenne. Puis suit la vraie tentative, débutant et finissant à la Porte d’Asnières. Et à la lecture du texte, on se dit que ces mecs étaient dingues. Ils passent la porte de Clignancourt à 240 km/h malgré des bosses qui annulent la visibilité, doublent par la droite des inconscients qui roulent de face aux alentours de 90 km/h (non mais vraiment, les gens se croivent tout permis !), franchissent le droite-gauche avant la Porte d’Italie à 170 km/h (oui, à cette vitesse, de légers virages prennent une toute autre ampleur !), empruntent le tunnel qui suit à 180 km/h après avoir levé le pied par manque de visibilité, puis reprennent une allure de circuit. L’accident est évité de justesse quand déboîte brusquement une Estafette, qui oblige le pilote à monter sur les freins comme un fou et à la passer par la droite avant d’aborder le long virage à droite de la Porte de Saint-Cloud, une saloperie qui se referme.
Qu’importe, il est avalé « à la bonne vitesse » puis l’équipage passe au large de la Défense tranquillement à 220 km/h. Peu après, les deux acolytes passent la Porte d’Asnières. Pour le 200 km/h de moyenne, il fallait réaliser un temps de 10min33. Verdict : 10min55. 195,2 km/h de moyenne. Il est 6h15, et la circulation, déjà, a compromis l’objectif. Le pilote décide d’une nouvelle tentative, mais ça ne sert plus à rien : le trafic s’intensifie. Le dernier tour sera bouclé avec 6 s supplémentaires. On dit que le pilote était Jean-Pierre Malcher, que la Justice s’est ensuite emparée de l’affaire. D’autres suggèrent que ce n’est qu’un fake, destiné à faire de la pub au fournisseur de l’Alpina B7 Turbo : le Garage du Bac. Mais apparemment, l’histoire est vraie.
En 1999, d’autres fondus, ceux de Sport-Auto relieront Paris à Nice mais dans une visée scientifique : comme elle consomme moins, une BMW 740d peut-elle aller plus vite qu’une Porsche 996 GT3 (360 ch) sur le trajet ? Réponse : non. La Porsche est arrivée première… en 4h17, à 214 km/h de moyenne, arrêts compris. La BMW ? Seulement 198 km/h de moyenne, celui qui lui prendra 20 min supplémentaires. Faire ça, c’est mal. C’est très mal.
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